Iran : la libération conditionnelle des syndicalistes français de l'éducation est un grand soulagement, mais l’inquiétude persiste autour des syndicalistes enseignants iraniens emprisonnés
Après 1 277 jours de détention arbitraire utilisée comme arme politique, les syndicalistes enseignants français Cécile Kohler et Jacques Paris sont désormais en sécurité dans l’ambassade de France à Téhéran. La nouvelle de leur libération conditionnelle a réjoui l’Internationale de l’Éducation et ses organisations affiliées, mais le gouvernement iranien continue de persécuter des syndicalistes de l'éducation. De nombreux syndicalistes demeurent emprisonnés alors que d’autres sont arrêtés avec violence.
Tant Cécile Kohler que Jacques Paris font partie de l'Internationale de l'Éducation par le biais de leurs syndicats respectifs. Les collègues du monde entier ont exprimé un immense soulagement suite à leur libération sous caution de la prison d'Evin.
La communauté internationale de l’éducation s’est en même temps montrée très inquiète par l'arrestation violente de Jahangir Rostami, un enseignant kurde retraité de 63 ans, membre de l'Association des enseignants de Harsin de la province de Kermanshah en Iran.
Un enseignant syndicaliste retraité brutalement arrêté
Rostami a été arrêté à son domicile par les forces de sécurité iraniennes le 17 octobre 2025. Aucune accusation officielle n'a été rendue publique à son encontre. Sa famille et ses soutiens sont profondément préoccupés par sa santé et sa sécurité, ainsi que par les informations faisant état de l’utilisation de détenus comme moyen de pression contre leurs proches.
Selon plusieurs organisations de défense des droits humains, dont le Réseau kurde des droits de l'homme, l'arrestation a été excessivement violente. Des témoins rapportent que Rostami a été battu lors du raid et de son transfert à la prison d'Evin de Téhéran. Ses blessures, en particulier au visage et à la tête, étaient apparemment si graves que même les autorités judiciaires locales se sont inquiétées.
L'arrestation de Jahangir Rostami fait partie d'une vaste campagne d'intimidation visant les syndicalistes de l’enseignement ainsi que les militants kurdes. Le fils de Rostami, Ehsan Rostami, éditeur de profession, et son neveu, Ramin Rostami, un acteur culturel, sont détenus depuis le 20 août.
L'arrestation de Jahangir Rostami a bouleversé la communauté des enseignant∙e∙s en Iran. En tant que membre de longue date de l'Association des enseignants de Harsin, membre du Conseil de coordination des associations professionnelles des enseignants iraniens CCITTA affiliée à l’Internationale de l’Éducation, il est très respecté pour son dévouement professionnel et son militantisme syndical.
Sa détention souligne les conditions de plus en plus déplorables et dangereuses auxquelles sont confrontés les syndicalistes en particulier ceux et celles des communautés des minorités ethniques.
L’Internationale de l’Éducation a immédiatement demandé la libération immédiate et inconditionnelle de Jahangir Rostami, l’accès intégral à une assistance juridique indépendante et la possibilité de communiquer avec sa famille ; plus largement, elle a appelé les autorités iraniennes à respecter les droits des enseignants et enseignantes du public à se syndicaliser et à mener des actions civiques et professionnelles.
Des personnels détenus pour « propagande contre le régime »
L’Internationale de l’Éducation a également transmis une liste composée de dix autres dirigeants de syndicats de l'éducation provenant de cinq provinces, actuellement détenus pour « propagande contre le régime ». Quatre sont originaires de la province du Khorasan, et deux du Khuzestan ; deux provinces abritant d’importantes communautés minoritaires.
La liste a été soumise à l'Organisation internationale du Travail afin d’actualiser la plainte sur la liberté d'association, et également d’informer la Mission indépendante des Nations unies d'établissement des faits sur l'Iran dont le rapport sera abordé lors de la 61e séance du Conseil des droits de l'homme de l'ONU en avril 2026.