Ukraine : action syndicale coordonnée pour une hausse des salaires des enseignant·e·s
La campagne syndicale qui, dans une pluralité de formes, visait à obtenir une hausse de salaire pour les enseignants et enseignantes et à considérer leur syndicat comme un important partenaire social en Ukraine constitue un remarquable exemple du pouvoir de l’action collective des syndicats et de la solidarité internationale.
En octobre 2025, la Fédération américaine des enseignant·e·s (American Federation of Teachers - AFT), avec sept autres organisations affiliées de premier plan de l’Internationale de l’Éducation (IE) provenant d’Australie, d’Allemagne, de Corée du Sud, d’Irlande, du Japon, du Royaume-Uni, et le Syndicat des travailleur·euse·s de l’éducation et des sciences d’Ukraine (Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine - TUESWU), ont uni leurs forces dans une lettre adressée conjointement au président Volodymyr Zelensky. Cet appel coordonné soulignait le rôle indispensable des enseignant·e·s et de leur syndicat dans le maintien des valeurs démocratiques et la reconstruction de la nation, exhortant le gouvernement ukrainien à donner la priorité à l’éducation dans son programme pour l’après-guerre.
La lettre avertissait le président du danger que représente le fait de négliger les enseignant·e·s, avec des conséquences négatives sur la qualité de l’éducation et la résilience démocratique. Elle rendait également hommage au courage et au leadership extraordinaires dont ont fait preuve les éducatrices et éducateurs ukrainiens tout au long de la guerre.
Cette lettre commune marque un autre moment clé dans une campagne de lobbying plus large, menée depuis plusieurs mois par le secrétaire général de l’IE et le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE). Ces efforts ont été planifiés de manière stratégique afin d’influencer le Parlement ukrainien lors de l’examen du projet de budget 2026, présenté par le Cabinet des ministres de l’Ukraine.

En septembre, à la demande du TUESWU, le secrétaire général de l’IE a soumis une pétition officielle au président de l’organe législatif ukrainien, la Rada suprême, plaidant en faveur d’une augmentation significative des salaires.
Le sujet a également été porté sur la scène internationale. Cette question des salaires a été soulevée lors d’une réunion de l’OCDE, débattue dans le cadre d’un dialogue avec le ministère ukrainien de l’Éducation, et défendue lors d’un échange de haut niveau avec le vice-ministre ukrainien à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.
Ces efforts soutenus dans plusieurs enceintes et amplifiés par la voix des syndicats mondiaux de l’éducation, ont abouti à une évolution politique. Fin octobre, le TUESWU a confirmé que le gouvernement se montrait favorable à l’approbation d’une augmentation salariale pour les enseignant·e·s. La décision finale sera officialisée mi-décembre, au moment de l’adoption du budget.

Tout en se félicitant de cette revalorisation, les dirigeants syndicaux d’Ukraine ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’érosion des salaires réels due à l’inflation, insistant sur la nécessité de rester vigilant et de poursuivre le travail de plaidoyer.
Si cette campagne syndicale internationale soutient les personnels ukrainiens et leur syndicat, elle reflète aussi la solidarité et l’engagement des syndicats à l’échelle mondiale pour que les éducateurs et éducatrices soient reconnus non seulement comme des travailleur·euse·s, mais aussi comme des piliers de la résilience démocratique et du renouveau national.