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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Le rapprochement entre les syndicats en Afrique rend les organisations plus fortes et plus efficaces

Publié 18 juin 2010 Mis à jour 18 juin 2010

La sixième Conférence régionale africaine de l'Internationale de l'Education, qui s'est déroulée au Caire, en Egypte, du 26 au 31 janvier 2007, a constaté la tendance à l'unification des syndicats au niveau international, avec la fusion entre la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et la Confédération mondiale du travail (CMT), et l'intégration de la Confédération syndicale mondiale de l'enseignement (CSME) à l'IE. Ce dernier événement a constitué une étape majeure dans la réalisation de l'unité des syndicats de l'éducation de par le monde.

La même conférence a également exprimé de l'inquiétude à propos des tentatives faites par quelques gouvernements africains pour affaiblir le mouvement syndical, en créant délibérément des syndicats rivaux. Cependant, il a été noté que la fragmentation de beaucoup de syndicats était due principalement aux différences idéologiques, au dissentiment à propos d'une direction antidémocratique et aux services médiocres. Quelles que soient les raisons, la conclusion était que des syndicats forts et importants sont des médiateurs plus efficaces auprès de l'employeur.

La prochaine Conférence régionale africaine de l'IE se tiendra en décembre 2010, et ce sera le moment de recenser les efforts qui ont été déployés pour répondre aux attentes de la conférence. Le flux de demandes d'affiliation reçues par l'IE indique une tendance continue à la fragmentation du mouvement syndical enseignant.

Néanmoins, des développements positifs ont été enregistrés en Afrique, où les syndicats ont pris des mesures en vue de travailler ensemble sur des questions multisectorielles mutuelles, comme c'est le cas au Bénin, au Sénégal et en Ouganda, par exemple, en ce qui concerne le Programme EPT/SIDA de l'IE. Dans ces cas, les syndicats ont à la fois conservé leur identité et constitué des cadres efficaces pour coordonner des programmes.

De plus, quelques syndicats sont allés au-delà de la coopération et ont réussi des fusions qui les ont renforcés. Fusionner des cultures et des intérêts différents constitue un défi, mais qui peut en fin de compte s'avérer gratifiant.

Dans de tels cas, le crédit va non seulement aux organisations à l'origine de la fusion, mais aussi aux partenaires de coopération au sein de la famille de l'IE, qui, en plus de fournir le soutien financier, ont la générosité de partager leurs propres expériences de fusion et les défis qu'ils ont rencontrés et surmontés au cours du processus. Depuis la Conférence régionale africaine du Caire, la région a vu la fusion réussie de LINEWU (Liberia National Association of Education Workers) et de NTAL (National Teachers Association of Liberia), grâce aux efforts déployés par les enseignant(e)s du Libéria et les partenaires coopérants: FCE (Canada), DLF (Danemark), Lärarförbundet (Suède), UEN (Norvège) et NEA (USA).

Plus récemment, en mars 2010, les trois affiliés de l'IE en Zambie, Zambia National Teachers Union (ZNUT), Basic Education Teachers Union (BETUZ) et Secondary Teachers Union of Zambia (SESTUZ), se sont rencontrés à Livingstone, en Zambie, et ont décidé de fusionner. Le processus de fusion avait été entamé en novembre 2008, lorsque les Bureaux exécutifs nationaux respectifs se sont rencontrés et ont formé un comité technique pour les guider sur la voie de l'unification. Les Présidents et les Secrétaires généraux des trois syndicats ont participé à la réunion concernant la fusion, une réunion qui a bénéficié du rapport du comité technique. Le Président du ZNUT, Henry Kapenda, a dit que les trois syndicats étaient soucieux de répondre au désir de la majorité des membres d'avoir un front uni, et que les dirigeants des trois syndicats s'y étaient engagés. «La nation doit remarquer que les dirigeants actuels des trois syndicats d'enseignants sont allés au-delà de leurs différences personnelles pour répondre aux préoccupations des membres», a-t-il dit. Le Président du SESTUZ, Nyambe Sefulo, a dit «les enseignant(e)s feraient mieux leur travail si les trois syndicats étaient unis». Le Président de BETUZ, Victor Mwanza, a dit que son syndicat s'était engagé à ce que les problèmes que les enseignant(e)s rencontrent soient résolus. Il a ajouté qu'il était nécessaire de s'atteler aux questions qui avaient conduit à l'éclatement des syndicats d'enseignants.

Etaient également présents le Bureau régional africain de l'IE et les partenaires coopérants UEN et SADTU qui ont partagé leur expérience avec les fusions et se sont engagés à continuer à offrir leur soutien. Le Secrétaire général adjoint de SADTU, Nkhosana Dolopi, a dit que «de meilleures conditions de travail et une éducation de qualité doivent motiver l'unification». Les dirigeants des trois syndicats ont exprimé leur détermination à voir la fusion se réaliser.

Emanuel Fatoma, Coordinateur Senior du Bureau régional africain de l'IE, rappelle quelques fusions réussies dans le passé, qui ont donné naissance à quelques-uns des syndicats les plus forts d'Afrique. La fusion de 18 syndicats à l'origine de SADTU a résulté de la ferme volonté de réaliser l'unité parmi les nombreux syndicats et du soutien de beaucoup de partenaires coopérants, en particulier les syndicats d'enseignants scandinaves. SADTU compte désormais 240.000 membres et se fait vigoureusement entendre en Afrique du Sud à propos des droits des travailleurs/euses et de l'éducation.

Une autre fusion était celle des syndicats d'enseignants de Tanzanie: CHAKIWATA et OTTU (Organisation of Tanzanian Trade Unions). Selon Fatoma, cette fusion a été produite par le personnel enseignant tanzanien lui-même. Les partenaires coopérants (FCE-Canada, Lararforbundet-Suède et AOb-Pays-Bas) qui venaient en aide aux organisations séparément ont redirigé leur assistance vers une nouvelle organisation. Depuis 1993, la date à laquelle la fusion a eu lieu, TTU compte maintenant plus de 170.000 membres et dispose de structures de direction syndicale bien développées partout dans le pays. En Ouganda, UTA (Uganda Teachers’ Association) a fusionné avec UNUT (Uganda National Union of Teachers) pour former UNATU (Uganda National Teachers’ Union). Partant d'une affiliation combinée de moins de 5.000 membres, UNATU compte désormais 80.000 membres et a bénéficié du soutien de la FCE, DLF, Lärarförbundet et d'autres.

Cela prendra peut-être un certain temps avant que l'unification ne se réalise en Zambie, mais lorsque cela se produira, la nouvelle organisation sera certainement plus grande, et le personnel enseignant zambien se fera entendre d'une voix unie pour défendre ses intérêts et pour promouvoir le secteur de l'éducation.