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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Inscrire l'éducation dans l'agenda du G20

Publié 21 juin 2010 Mis à jour 21 juin 2010

Les consultations des Fédérations syndicales internationales avec le Premier ministre canadien, auxquelles ont participé l'IE et ses affiliés canadiens le 18 juin, ont contribué à faire passer les messages clés relatifs à l'éducation au G20.

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) avait envoyé une lettre au Premier ministre Stephen Harper, indiquant que le thème du sommet, 'Reprise et renaissance’, avait une grande signification quant à l'importance de l'éducation financée par l'Etat vis-à-vis de la bonne santé économique d'une nation. Lors d'une conférence de presse au Parlement précédant la consultation, la Présidente de la FCE, Mary-Lou Donnelly, a déclaré : « Aucun pays ne peut se permettre de sacrifier une génération d'enfants et de jeunes à travers les réductions soudaines et substantielles du budget de l'éducation ... décidées dans le cadre des 'stratégies de sortie' des récents plans de relance. »

Un autre affilié de l'IE, la Fédération québécoise des professeures et des professeurs d'université (FQPP), a écrit au Premier ministre le même jour, soulignant que « l'éducation n'est pas un coût mais un investissement », et, comme la FCE, a exhorté le G20 à prendre des mesures afin de combler les besoins de financement de l'Education pour Tous.

Ces messages ont été relayés, lors de la consultation, par une déclaration forte des Fédérations syndicales internationales adressée aux responsables assistant aux 'sommets jumeaux' du G8 et du G20, et par les interventions de plusieurs responsables syndicaux. Brendan Barber, le responsable du syndicat britannique Trade Union Congress, a averti que les menaces pesant sur le service public étoufferaient les « moteurs de croissance et que le coût d'un chômage élevé des jeunes se ferait sentir pendant des décennies. »

« Notre position, a-t-il continué, est que l'investissement dans l'éducation et les compétences est essentiel. »

Entouré de deux ministres, celui du Travail et celui des Ressources humaines et des Compétences, Stephen Harper, a rejoint le point de vue syndical, au moins en ce qui concerne les compétences, indiquant que « l'investissement dans les compétences est plus que rentable. »

La déclaration des Fédérations syndicales internationales a souligné que la réunion des Ministres du Travail et de l'Emploi du G20 qui s'est tenue en mars à Washington avait présenté des recommandations aux responsables du G20 en faveur d'une stratégie de formation reposant sur une éducation générale de qualité et l'apprentissage tout au long de la vie.

Toutefois, le Secrétaire général de la CSC, John Evans, a remarqué qu'il existait une contradiction majeure entre les propositions issues de la réunion des Ministres des Finances du G20 organisée à Busan, en Corée, en avril, et les recommandations des Ministres du Travail et de l'Emploi réunis à Washington. « Les responsables du G20 avaient le choix entre les emplois et la formation afin de soutenir la reprise ou une approche étroite privilégiant ‘la consolidation fiscale’ qui menace la reprise », a-t-il déclaré.

La question fondamentale du choix entre une nouvelle approche en matière de croissance et « le retour aux vieilles habitudes, ou pire » avait été présentée au début de la consultation au travers des questions épineuses posées au Premier ministre par le Secrétaire général de la Confédération syndicale Internationale (CSI), Guy Ryder. Stephen Harper a répondu que les gouvernements devaient trouver un équilibre entre la poursuite des plans de relance afin de consolider la reprise et la nécessité de faire face aux déficits, qui sont risqués à long terme. Il est également revenu sur ce thème lors de plusieurs échanges avec la délégation, indiquant que les différences d'opinion avec le Président américain Obama dans ce domaine étaient moins prononcées que ce que semblait indiquer la presse.

Bob Harris, de l'IE, qui a assisté à la consultation pour le compte des Fédérations syndicales internationales, a déclaré que des progrès avaient été réalisés en ce qui concerne l'inclusion de l'éducation et de la formation dans l'agenda du G20.

« Lors du dernier sommet du G8 en Italie, les responsables ont fait d'importantes déclarations sur l'éducation et le financement de l'Education pour Tous qui n'ont toutefois pas été reprises lors du sommet du G20 de Pittsburg trois mois plus tard », a-t-il indiqué.

« La réunion d'Ottawa a clairement montré que les investissements dans l'éducation et la formation devaient être abordés ensemble dans le cadre élargi du G20 et que les gouvernements devaient être tenus responsables de leurs engagements à financer les Objectifs du Millénaire pour le développement, dont l'Education pour Tous. »

La reconnaissance, notamment à ce niveau, de la dépendance de la qualité de l'éducation vis-à-vis de la présence d'enseignants qualifiés est toutefois encore loin d'être assurée. Des programmes doivent être mis en place afin de s'attaquer à la pénurie d'enseignants qualifiés et de créer des opportunités de développement professionnel, a-t-il ajouté.

« Il était particulièrement important de s'opposer à la ruée des gouvernements vers les stratégies de sortie, et de défendre les services publics. Ces questions font l'objet d'une collaboration étroite entre l'IE et l'Internationale des services publics et ont le soutien de toutes les Fédérations syndicales internationales. »

« Nous devons continuer, au-delà de Toronto, à faire pression afin que la déclaration de soutien à l'investissement dans l'éducation et la formation se traduise en initiatives concrètes. Il s'agira d'une stratégie continue qui inclura le prochain sommet du G20 qui aura lieu en Corée en novembre et celui qui sera organisé en France mi-2011 », a-t-il conclu.

S'exprimant à son arrivée à Vancouver dans le cadre du Congrès mondial de la CSI cette semaine, le Secrétaire général de l'IE, Fred van Leeuwen, a déclaré : « Nous devons continuer à faire entendre notre voix et faire passer nos messages aux gouvernements et réduire l'écart que nous constatons encore et toujours entre la rhétorique et la réalité. Nous devons continuer à mettre tout en œuvre pour lier nos activités de plaidoyer à l'échelle mondiale et la mobilisation nationale et locale. »

Les affiliés de l'IE et de l'Internationale des services publics assistant au Congrès de la CSI, à travers leurs délégations nationales, se réuniront afin de recevoir un compte-rendu sur ces questions.