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Internationale de l'Education
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Des dirigeants accusés de ne pas tenir leurs promesses lors des pourparlers de l'Union Africaine

Publié 26 juillet 2010 Mis à jour 26 juillet 2010

Les dirigeants africains n'ont pas tenu leurs promesses et laissent tomber leurs citoyens, selon un nouveau rapport émis à l'arrivée des Chefs d'Etat à Kampala, en Ouganda, pour le Sommet de l'Union Africaine (UA).

La coalition « Etat de l'Union » est la première du genre à être mise en place pour contrôler si les gouvernements africains tiennent leurs engagements en matière de développement, qu'il s'agisse d'augmenter les investissements relatifs aux soins de santé et à l'agriculture, d'améliorer le respect des droits humains ou de faire face à la corruption.

S'inspirant d'études réalisées dans 10 nations-clés de l'UA, le rapport brosse un tableau d'accords non réalisés, de cibles manquées et du manque d'investissements pour poursuivre le développement du continent. La plupart des annonces importantes faites lors des précédents Sommets de l'UA sont loin d'avoir été mises en œuvre.

Un bilan émis avec le rapport a classé l'Afrique du Sud comme le meilleur élève des 10, suivi de près par l'Algérie, l'Egypte et le Sénégal, mais indique que tous les gouvernements peuvent mieux faire. Le Nigéria et le Cameroun sont arrivés derniers.

Le Directeur kényan et panafricain d'Oxfam, Irungu Houghton, a déclaré : « La politique africaine est caractérisée par des promesses brisées. Le fossé est grand entre les paroles de nos dirigeants et la réalité de nos citoyens, et nous espérons que tenir les gouvernements responsables puisse être le point crucial pour amener un vrai changement. Des sommes considérables sont dépensées pour le Sommet de l'UA à Kampala, mais elles pourraient aussi bien être jetées dans le Nil, si le seul résultat est encore plus de belles paroles jamais mises en action ».

Si le bilan indique des performances généralement faibles de la part des gouvernements, il a tout de même aussi mis en évidence quelques accomplissements impressionnants. En particulier, il a souligné l'acceptation croissante de concepts, tels que l'enseignement primaire et les soins de santé gratuits, ainsi que la gratuité d'accès aux traitements contre le VIH/SIDA, la tuberculose et la malaria.

La Directrice du Centre d'apprentissage et de développement des capacités de la société civile du Mozambique, Paula Monjane, a déclaré : « Le potentiel de l'Afrique est énorme. Cette année, huit des vingt économies mondiales à la croissance la plus rapide seront africaines. Ce qui importe, c'est comment cette augmentation de la richesse sera investie - les dirigeants des pays de l'Union Africaine consacreront-ils cet argent à rendre l'élite riche encore plus riche, ou à offrir un vrai développement à tous leurs citoyens ».

Le rapport est lancé exactement un an après que les dirigeants africains ont promis de ratifier tous les traités, les conventions et les chartes non-ratifiés de l'UA dans un délai de douze mois. Avec 35 accords de ce type et 53 nations, cela exigerait au moins 1.000 ratifications supplémentaires. Au lieu de cela, seules 32 nouvelles ratifications ont eu lieu l'an dernier.

Mettre en œuvre ces initiatives offrirait un avantage immédiat à des centaines de millions d'Africains.

Les soins de santé sont un exemple de promesses brisées. Neuf ans après que les Etats de l'UA se sont engagés à investir 15 pour cent de leur budget national en faveur des soins de santé, seulement six pays ont tenu leur promesse : le Rwanda, le Niger, le Botswana, le Malawi, la Zambie et le Burkina Faso. De nombreux pays, comme l'Ouganda et la Tanzanie, sont même actuellement en train de réduire leurs dépenses en la matière.

L'Afrique est le plus jeune continent du monde, avec 70 pour cent de sa population en-dessous de 30 ans, pourtant les dirigeants des Etats de l'UA ne tirent pas parti de ce potentiel, a indiqué le rapport.

La plupart des gouvernements ont obtenu de faibles résultats en ce qui concerne l'offre d'une sécurité alimentaire à leurs citoyens. Alors que beaucoup de pays ont augmenté leurs investissements dans l'agriculture, la plupart sont toujours bien en-dessous de l'objectif fixé à 10 pour cent du budget national.

Les femmes africaines ont maintenant davantage voix au chapitre en ce qui concerne la gestion du continent, mais elles sont encore loin d'être sur un pied d'égalité avec les hommes. En Afrique, au moins 80 pour cent des agriculteurs sont des femmes, et pourtant elles ne possèdent qu'un pour cent du territoire.

Plus de 40 pour cent des femmes n'ont jamais reçu d'enseignement fondamental, malgré les preuves qu'il peut réduire le risque de mortalité maternelle et la transmission du VIH. Le Rwanda a reçu des éloges pour avoir amélioré la participation des femmes au processus politique, avec 56 pour cent de femmes désormais présentes à l'Assemblée nationale.

Les femmes continuent aussi à souffrir de pratiques telles que le mariage précoce et les mutilations génitales, des questions auxquelles les dirigeants des Etats de l'UA ont précédemment promis de s'atteler.

La coalition a dit que la communauté internationale porte aussi une part de la responsabilité pour ne pas avoir atteint les objectifs. Des décennies de privatisation et de programmes d'ajustement structurel ont rendu les soins de santé inabordables à des millions de gens.

Le contrôle des prix et les politiques axées sur les exportations ont ébranlé les petits exploitants agricoles. L'Afrique est le seul continent où l'aide alimentaire dépasse le financement externe des investissements agricoles.