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Mondes de l'éducation

Utilisation de l’intelligence artificielle : ce qu’il faut retenir de l’enquête internationale TALIS 2024

Publié 5 décembre 2025 Mis à jour 5 décembre 2025
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Partout dans le monde, les systèmes éducatifs se posent la question de savoir si et comment intégrer l’intelligence artificielle dans l’enseignement et l’apprentissage. En première ligne de ce débat se trouvent les enseignant·e·s, qui doivent non seulement surveiller l’utilisation que font leurs élèves de l’intelligence artificielle, mais aussi décider eux-mêmes ou elles-mêmes d’y avoir recours ou non.

L’ Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) 2024 a recueilli des données sur la mesure dans laquelle les enseignant·e·s font usage de l’intelligence artificielle, à quelles fins, et ce qu’ils et elles en pensent.

Les enseignant·e·s ont déjà recours à l’intelligence artificielle

Au sein de l’OCDE, près de 41 % des enseignant·e·s utilisent l’intelligence artificielle dans le cadre de leur enseignement (données collectées en 2024), avec des chiffres allant de 75 % aux Émirats arabes unis et à Singapour à 14 % en France. Parmi les enseignant·e·s qui ont recours à l’intelligence artificielle, les applications les plus courantes visent l’apprentissage et la synthèse efficaces d’un sujet (68 %) et la création de plans de cours ou d’activités (64 %). Les utilisations les moins courantes concernent l’évaluation ou la notation des travaux des élèves (26 %) et l’examen des données relatives à la participation ou aux performances des élèves (25 %).

Les enseignant·e·s reconnaissent que l’intelligence artificielle recèle un énorme potentiel pour l’amélioration de l’enseignement. Ainsi, 52 % des personnes interrogées estiment que l’intelligence artificielle peut leur permettre d’adapter les supports d’apprentissage aux différentes aptitudes des élèves. Elles sont cependant aussi conscientes des risques que présente l’intelligence artificielle. Environ 72 % estiment que l’intelligence artificielle peut amener les élèves à donner une fausse représentation de leur travail et 66 % pensent que l’intelligence artificielle fait des recommandations inappropriées ou erronées.

Parmi les enseignant·e·s qui ne font pas appel à l’intelligence artificielle, la raison la plus fréquemment invoquée est le manque de connaissances et de compétences en la matière (75 %). Toutefois, seulement 48% des personnes interrogées pensent que l’intelligence artificielle ne devrait pas être utilisée dans l’enseignement, ce qui laisse supposer que beaucoup d’entre elles souhaitent l’utiliser mais ne savent pas comment s’y prendre. Le motif le moins fréquemment invoqué pour ne pas utiliser l’intelligence artificielle est que les écoles n’en autorisent pas l’utilisation (12 %).

Les systèmes éducatifs dispensent des formations à l’utilisation de l’intelligence artificielle

Les systèmes éducatifs n’ont pas tardé à réagir à cette évolution de l’environnement éducatif. Environ 38 % des enseignant·e·s de l’OCDE déclarent déjà que l’utilisation de l’intelligence artificielle a fait partie de leur formation professionnelle au cours de l’année écoulée. Certains systèmes ont toutefois réagi plus rapidement que d’autres. Ainsi, à Singapour, près de 76 % des enseignant·e·s ont reçu une formation à l’utilisation de l’intelligence artificielle, contre 9 % seulement en France.

Un lien étroit a été établi entre la formation professionnelle des enseignant·e·s en matière d’intelligence artificielle et l’utilisation de celle-ci dans le cadre de leur enseignement. Il s’agit là d’une évolution positive, qui suggère que les enseignant·e·s n’utilisent pas l’intelligence artificielle de manière indépendante. Au contraire, les systèmes éducatifs fournissent des conseils sur la manière dont la technologie peut être utilisée de manière productive et sûre.

Dans quels domaines l’intelligence artificielle peut-elle aider davantage les enseignant·e·s ?

L’enquête TALIS recueille également des informations sur les activités courantes des enseignant·e·s et leur niveau de stress. Une tendance constante relevée par TALIS est que l’excès de tâches administratives est l’une des principales sources de stress pour les enseignant·e·s. En effet, un nombre plus important d’enseignant·e·s indiquent qu’il s’agit d’une source importante de stress (52 %) que le maintien de la discipline en classe (45 %) et le fait d’avoir un trop grand nombre de cours à dispenser (31 %).

Si toutes les tâches administratives ne sont pas aussi stressantes les unes que les autres, leur volume global a néanmoins son importance. En Corée, par exemple, les enseignant·e·s consacrent en moyenne plus de six heures par semaine aux tâches administratives. Au Japon et en Afrique du Sud, près de cinq heures par semaine y sont consacrées, contre moins de trois heures dans l’ensemble de l’OCDE. Dans ces trois pays, un pourcentage d’enseignant·e·s supérieur à la moyenne de l’OCDE estime que l’intelligence artificielle peut contribuer à automatiser les tâches administratives.

L’intelligence artificielle peut alléger la charge administrative qui pèse sur les enseignant·e·s. Comparé à d’autres aspects de l’enseignement, les tâches administratives sont plus facilement automatisables. L'intelligence artificielle peut aider à accomplir les formalités administratives et à communiquer plus efficacement aux parents les progrès des élèves que ne peuvent le faire les enseignants seuls. Les enseignant·e·s s’en trouveraient non seulement moins stressé·e·s, mais auraient également plus de temps pour se consacrer à ce qu'ils et elles font le mieux, c’est-à-dire enseigner aux élèves.

Note : les statistiques mentionnées dans cet article se rapportent aux enseignant·e·s du premier cycle de l’enseignement secondaire.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.