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Internationale de l'Education
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France : les enseignants du secondaire s’opposent à une interdisciplinarité affectant la qualité de l’enseignement

Publié 11 février 2011 Mis à jour 11 février 2011

Face au Plan Sciences présenté par le Ministre de l’Education Luc Chatel, des syndicats d’enseignants français membres de l’IE ont rappelé leur attachement à une bonne formation professionnelle initiale des enseignants.

Ils se sont en premier lieu montrés critiques quant à l’intérêt de ce plan.

Le SNES-FSU a indiqué dans un communiqué être « partisan de programmes conçus avec le souci de permettre aux élèves de comprendre les liens entre les sciences », mais « récuse une démarche qui remet en cause les fondements disciplinaires et la qualification nécessaire pour enseigner une discipline dans le second degré ». Il a ajouté que « la nécessaire interdisciplinarité qui donne sens aux apprentissages doit être construite sur des connaissances et ne peut se résumer à un effacement des spécificités des démarches de chacune des disciplines concernées ».

L’UNSA-Education a réagi également à la proposition d'un enseignant unique en sciences de la vie et de la terre, physique-chimie et technologie, en estimant qu'« on reste là dans la déclaration d'intention tant les implications sont lourdes ». Concernant le primaire, le syndicat critique les « séquences régulières de calcul mental et le 'par cœur' des tables », car « ce n'est pas cela qui est évalué par PISA, mais bien les compétences des élèves et en particulier leur capacité à résoudre des problèmes en mobilisant leur aptitude à raisonner ».

Pour le SGEN-CFDT, il s'agit « d'une compilation de dispositifs qui existent depuis des années ». Concernant les mesures du Plan Sciences relatives au primaire, il estime ainsi que « la trouvaille du calcul mental quotidien, figure déjà dans la circulaire du 2 mars 2007 sur l'enseignement du calcul ». Il ajoute qu' « au moment où il se prive d'un outil de recherche en supprimant l'Institut National de Recherche Pédagogique, Luc Chatel se propose de lancer des recherches 'universitaires' qui existent déjà ».

Les syndicats ont en second lieu remis le Plan Sciences en perspective avec les disparitions brutales de postes d’enseignants et la baisse conséquente des budgets alloués à l’éducation nationale décidées par le gouvernement français ces dernières années. Ils ont dénoncé l’incidence néfaste d’une telle politique de l’éducation sur la formation des enseignants.

« Personne ne conteste la nécessité de permettre à tous les élèves d'acquérir une culture scientifique solide », a expliqué le SNES-FSU, en ajoutant qu'il « pourrait se féliciter de la volonté affichée par le ministre de mieux former les enseignants ». Mais cela ne se ferait que si Luc Chatel « ne s'entêtait pas à maintenir coûte que coûte sa réforme de la formation des maîtres qui sacrifie la formation professionnelle initiale des enseignants au nom de contraintes budgétaires ».

Selon l’UNSA-Education, l'idée d'étendre « l'expérimentation de l'enseignement intégré des sciences et de la technologie » est une « approche transversale » qui « pourrait avoir du sens ». Mais il se demande « comment y croire, alors même que la possibilité de dédoubler les classes a disparu et que les restrictions budgétaires interdisent tout retour à ce dispositif ». Il a jugé qu'il fallait « reconstruire une authentique formation professionnelle des enseignants », mise à mal selon elle par la réforme gouvernementale dite « masterisation ».

Le SGEN-CFDT a de son côté regretté que le ministre « multiplie les missions des Inspecteurs de l'Education Nationale plutôt que de donner aux stagiaires et aux enseignants le temps de se former » et ce « alors qu' « il supprime la formation pédagogique des enseignants ».

Un appel unitaire du collectif « Une école, un avenir », regroupant des organisations syndicales dont la FSU, l’UNSA-Education et le SGEN-CFDT, a été lancé pour une forte mobilisation des personnels et des citoyens à l’occasion d’une journée nationale d’action le samedi 19 mars, afin de soutenir le service public d’éducation et son engagement permanent pour la réussite des jeunes.

L’IE soutient les actions de ses affiliés et appelle les autorités éducatives françaises à ne pas sacrifier la formation professionnelle initiale et continue des enseignants au nom de contraintes budgétaires.