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Internationale de l'Education
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Turquie: des grèves en signe de protestation contre les pratiques en matière de salaires et de négociation

Publié 30 mai 2012 Mis à jour 4 juin 2012

Selon les informations d'E?itim Sen, un affilié national de l'IE, des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs ont participé le 23 mai à une grève nationale du secteur public en Turquie.

La KESK, dont E?itim Sen est membre, est l'une des deux grandes confédérations syndicales turques qui se sont ralliées pour protester contre l'augmentation trop faible des salaires offerte par le gouvernement et ont décidé de faire grève suite à une soit-disant négociation collective.

Analyses de de la négociation collective

Deux facteurs vont à l'encontre du principe de négociation collective. Tout d'abord, un récent amendement légal apporté à la loi syndicale sur les travailleuses et travailleurs du secteur public maintient en place des obstacles au plein exercice de la liberté d'organisation et du droit de grève.

De plus, les employé(e)s sont représenté(e)s pendant la négociation collective par un « comité syndical ». Mais selon E?itim Sen, ce comité est dominé (à raison de quatre représentant-e-s sur sept) par une confédération qui représente moins de la moitié du nombre total des travailleurs et travailleuses syndiqué(e)s du secteur public en Turquie. Le nombre de membres de cette confédération a augmenté de manière spectaculaire après la prise de pouvoir en 2002 du parti gouvernant actuellement.

Arbitrage

E?itim Sen déplore qu'en cas de conflit, la loi syndicale sur les travailleuses et travailleurs du secteur public oblige les partis à recourir à un comité d'arbitrage composé principalement de personnes désignées par le gouvernement et les représentant(e)s syndicaux/ales pro-gouvernement.

L'affilié de l'IE rejette également la trop faible augmentation de salaire proposée par le gouvernement. En effet, l'augmentation de salaire totale atteindrait moins de 5 %. Or, si l'on considère le taux d'inflation élevé, cela signifierait que les salaires, déjà trop bas, perdraient encore de leur valeur.

« L'économie turque semble être en croissance, mais cette croissance se produit principalement aux dépends des employés, pour qui les normes salariales et les conditions de travail sont peu élevées », a expliqué Mekmet Bozgeyik, secrétaire général d'E?itim Sen. « Le Premier Ministre menace les travailleuses et travailleurs du secteur public en disant qu'il ne peut offrir plus de 3,5 % d'augmentation et en affirmant qu'une augmentation plus élevée risquerait de faire basculer la Turquie dans une situation semblable à celle de la Grèce. »

Trois grèves en 2012

Alors que le droit de grève des travailleuses et travailleurs du secteur public n'est pas encore reconnu par le gouvernement, E?itim Sen a exercé les droits garantis par les conventions internationales et mené trois grèves en 2012. Le syndicat subit la répression policière depuis de nombreuses années. L'attaque la plus récente contre les syndicalistes pour avoir célébré la Journée mondiale de la femme en mars a conduit à l'arrestation de neuf membres d'E?itim Sen.

L'IE soutient son affilié et les autres organisations de défense des services publics dans leur lutte pour assurer des services publics de qualité et demande aux autorités turques de respecter leur obligation de tenir compte des normes internationales en matière de droits humains et syndicaux.