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Internationale de l'Education
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Tanzanie: suspension de la grève mais appel à des négociations avec le gouvernement

Publié 29 août 2012 Mis à jour 3 septembre 2012

Le Tanzania Teachers’ Union (TTU) a suspendu sa grève entamée pour réclamer une augmentation du salaire des enseignant(e)s, suite à une décision prononcée par la Haute Cour de Tanzanie, qui juge cette action nationale comme étant illégale. Cette décision prise par le TTU a pour but d’encourager les discussions bilatérales avec le gouvernement afin de trouver une solution au différend qui les oppose.

L’annonce a été faite le 4 août, au lendemain de la déclaration de la division du travail de la Haute Cour de Tanzanie estimant que la grève organisée le 30 juillet dernier était illégale. Près de 3.700 enseignant(e)s du primaire et 4.300 enseignant(e)s du secondaire travaillant dans l’enseignement public sont parti(e)s en grève, suite à l’échec des négociations entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants concernant les augmentations de salaire.

Les syndicats se préparent à interjeter appel

« Nos avocats étudieront le dossier transmis par la juge de la Haute Cour, Sophia Wambura, et ils nous conseilleront lors de la préparation de la procédure d’appel. Dans sa décision, la Haute Cour a notamment ordonné aux responsables du TTU de demander à l’ensemble de ses membres de reprendre le travail dès vendredi. Cette demande a déjà été faite », a déclaré Gratian Mukoba, Président du TTU.

Il a également indiqué que « les enseignant(e)s ont été déçu(e)s par cette décision, car elle démontre que leur employeur, autrement dit le gouvernement, ne semble pas vraiment s’intéresser à leurs véritables revendications. Porter cette affaire devant les tribunaux n’était pas la meilleure chose à faire. »

Demande de libération des enseignant(e)s en détention

Mukoba a lancé un appel à la police afin que tous/toutes les enseignant(e)s arrêté(e)s pour avoir participé à la grève soient libéré(e)s sans condition. Il a démenti les allégations selon lesquelles certain(e)s enseignant(e)s auraient forcé leurs collègues récalcitrant(e)s à participer à la grève. « Il est faux d’affirmer que des enseignant(e)s incitent leurs collègues et leurs élèves à faire la grève et à prendre part au mouvement de révolte. Plusieurs enseignant(e)s nous ont également signalé que, dans les régions côtières, de Morogoro et de Ruvuma, les autorités ont menacé des collègues, des administrateurs et des responsables de syndicats de les arrêter et de les poursuivre en justice », a-t-il déploré.

Revendications salariales

Les enseignant(e)s ont demandé le doublement de leur salaire, avec 55% de subvention additionnelle pour les enseignant(e)s de sciences et de mathématiques, et 50% pour les enseignant(e)s des autres disciplines. Ils/elles ont également demandé 30% de subventions supplémentaires pour les enseignant(e)s travaillant dans des conditions difficiles. Par ailleurs, les enseignant(e)s réclament le paiement de leurs salaires en retard et de leurs arriérés, qui s’accumulent depuis plusieurs années.

Décision du tribunal

Toutefois, la Haute Cour ne s’est pas montrée favorable à la cause défendue par le syndicat. « Je considère que cette grève qui dure depuis trois jour est illégale et j’ordonne qu’elle soit immédiatement suspendue et que tous/toutes les enseignant(e)s actuellement en grève reprennent immédiatement le travail », a déclaré la juge Sophia Wambura.

Elle a également souligné que, en vertu de la législation relative à l’emploi et aux relations de travail, les défendeurs sont tenus de notifier à leur employeur un préavis de grève de 48 heures. « Or le préavis a été remis un vendredi soir, juste avant un week-end, et l’employeur n’a pas pu bénéficier du temps suffisant pour protéger ses intérêts, comme le prévoit la loi. Etant donné que le préavis ne précise pas la durée de la grève, celle-ci est considérée comme illimitée et constitue, de fait, un acte illégal », a-t-elle ajouté.

Les deux parties ayant exprimé la nécessité de retourner à la table de négociation, la juge leur a conseillé de déployer tous les efforts possibles pour aboutir à un accord à l’amiable.

Le syndicat est prêt à négocier

Mukoba a souligné que les responsables du TTU étaient disposé(e)s à discuter avec le gouvernement à condition que ce dernier se montre coopératif et examine de bonne foi les revendications des enseignant(e)s.

« Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement refuse de nous rencontrer pour discuter de la manière dont nous pouvons résoudre ce problème. Les autorités doivent comprendre que ce n’est pas en proférant des menaces que nous parviendrons à trouver une solution aux problèmes qui nous occupent », a-t-il déclaré.

L’IE exige que le droit des enseignant(e)s à la négociation collective soit respecté

Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a déclaré : « Nous soutenons les revendications de nos collègues en Tanzanie concernant les négociations sur leur statut. Le gouvernement doit comprendre que c’est en respectant les droits syndicaux des enseignant(e)s et en leur garantissant des conditions de travail décentes que la Tanzanie améliorera la qualité de son enseignement public et que, partant, elle contribuera à la réalisation des objectifs de l’Education pour Tous à l’horizon 2015. »

La Résolution de la région Afrique adoptée en juillet 2011 au 6e Congrès mondial de l’IE, réuni au Cap en Afrique du Sud, constate également que « en Afrique, les organisations syndicales du secteur de l’éducation sont essentielles au développement démocratique et au progrès social ».

Elle observe que la force des syndicats du secteur de l’éducation est mesurée par leurs membres en fonction de leur caractère démocratique et par leurs stratégies d’indépendance et d’unité par rapport aux employeurs, aux gouvernements, aux partis politiques et à toutes forces extérieures.

La résolution relève également « la violation persistante par la majorité des gouvernements africains des instruments juridiques nationaux et internationaux de défense et de promotion des droits syndicaux, notamment le droit à la négociation collective et celui d’associer les organisations syndicales à la définition des politiques nationales en matière d’éducation ».