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Internationale de l'Education
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L'EPT doit prendre en compte les enfants marginalisés contraints au travail

Publié 18 septembre 2012 Mis à jour 25 septembre 2012

L'IE a réagi à un article publié sur le World Education Blog, hébergé par l'équipe du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous (EPT), soulignant qu'« il est primordial d'améliorer l'enseignement et l’apprentissage, tout particulièrement pour les personnes marginalisées ». Cet article réaffirme qu'il sera impossible de réaliser les objectifs de l'EPT tant que le travail des enfants ne sera pas éradiqué à l'échelle planétaire.

Le travail des enfants met à mal la réalisation des OMD

Selon les estimations de l'OIT, 218 millions de filles et de garçons dans le monde sont à l'heure actuelle contraint(e)s de travailler (Rapport 2010 de l'OIT). Parmi eux, 126 millions connaissent les pires formes de travail des enfants. Ces statistiques reposent sur les formes visibles de travail des enfants, tout particulièrement dans les secteurs formels ou industriels, et sous-évaluent le secteur informel dans lequel travaille un plus grand nombre de petites filles. En outre, ces chiffres occultent également le poids supplémentaire qui pèse sur les petites filles à qui incombent les tâches ménagères et qui, dans de trop nombreux cas, leur offre bien peu de chances d'aller à l'école.

Selon Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, le travail des enfants met à mal la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au regard de l'éducation et de l'éradication de la pauvreté. En outre, l'éducation des petites filles, en tant que futures mères, joue un rôle crucial dans la réduction de la mortalité infantile (4e OMD) et dans l'amélioration de la santé maternelle (5e OMD).

Les syndicats d'enseignant(e)s jouent un rôle de premier plan dans l'éradication du travail des enfants

Les syndicats constituent un élément fondamental de la lutte contre l'exploitation en veillant à ce que les travailleurs/euses reçoivent un salaire décent leur permettant d'envoyer leurs enfants à l'école.

« Nous nous engageons à plaider en faveur de services publics universels de qualité, et tout particulièrement en faveur d'une éducation gratuite, accessible à tous, obligatoire, favorable à l'enfant, pertinente et proposant un enseignement primaire et secondaire, au moins jusqu'à l'âge minimum d'admission à l'emploi », a poursuivi Fred van Leeuwen.

UNESCO: le travail des enfants compromet la réalisation d'une éducation de qualité

A l'approche de la publication du Rapport mondial de suivi sur l'Education pour Tous 2012, le 16 octobre prochain, Yusuf Sayed, ancien membre de l'équipe du Rapport mondial de suivi sur l'Education pour Tous, a évalué les progrès réalisés au regard de la qualité de l'éducation.

Il a expliqué qu'un « apprentissage riche s'avère indispensable pour s'assurer que les enfants soient scolarisés, poursuivent et terminent leur éducation. Malheureusement, les progrès réalisés au regard de l'offre d'une éducation de qualité restent toujours à la traîne par rapport aux avancées en matière de scolarisation. Si les chiffres varient selon les régions, l'écart mondial entre les pays riches et les pays pauvres, ainsi qu'entre les apprenant(e)s riches et les plus pauvres, demeure néanmoins bien prononcé. »

« Cet écart, poursuit M. Sayed, est l'une des raisons pour lesquelles l'initiative du Secrétaire général de l'ONU, intitulée "L'éducation d'abord", qui sera lancée à la fin du mois, se concentre principalement sur les enseignant(e)s et l'apprentissage. L'apprentissage réside également au cœur du débat relatif au programme de l'EPT post-2015. »

Il a également déclaré qu'une éducation de qualité devait répondre aux besoins de base en termes d'apprentissage, et enrichir la vie et l'expérience de vie des apprenant(e)s.

M. Sayed a également rappelé que la qualité réside au cœur du sixième objectif de l'EPT, défini en 2000 lors du Forum mondial de l'éducation à Dakar, au Sénégal, visant à « améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation dans un souci d’excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables – notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture et le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante ».

« En vue d'améliorer la qualité de l'éducation en faveur des plus démunis, il est essentiel d'offrir un environnement d'apprentissage inclusif et réactif et ce, en veillant à ce que les écoles soient sûres, saines et exemptes de toute discrimination », a-t-il ajouté. « Bien entendu, il est indispensable de garantir un enseignement et un apprentissage efficaces. Pour ce faire, il faut veiller à ce que les enfants puissent apprendre dans leur langue maternelle. »

M. Sayed a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de pouvoir compter sur des enseignant(e)s qualifié(e)s, motivé(e)s et engagé(e)s, ainsi que sur un meilleur accord au regard des caractéristiques inhérentes à des enseignant(e)s de bonne qualité et des dispositifs les incitant à travailler de façon efficace: « Comme l'a démontré le Rapport mondial de suivi sur l'Education pour Tous de 2005, de nombreuses preuves ont maintes fois confirmé que l'enseignant(e) constituait le seul facteur déterminant et crucial d'un apprentissage efficace. Il est nécessaire de mettre en place des systèmes solides en vue d'évaluer les performances des étudiant(e)s et de favoriser un meilleur apprentissage. »

IE: défendre le droit des enfants à une éducation de qualité

« Une éducation de qualité implique que les enfants soient pris en charge par un(e) enseignant(e) qualifié(e), dans des classes de taille raisonnable, qu'ils aient droit à des textes et du matériel d'apprentissage divers, ainsi qu'à des écoles dignes de ce nom », a également déclaré Teopista Birungi Mayanja, membre du Bureau exécutif de l'IE et Secrétaire général de l'UNATU. « Rendre les écoles plus sûres, afin qu'elles deviennent un lieu d'apprentissage sécurisé pour les filles, constitue l'un des facteurs clés de l'augmentation du taux de scolarisation des petites filles. Cependant, la rétention des filles et des garçons requiert un ensemble de mesures exhaustives, dont une meilleure allocation de ressources à la formation initiale et en cours de service des enseignant(e)s et des travailleurs/euses de la santé. »

« La défense du droit à l'éducation constitue l'une des priorités phares de de l'IE », a ajouté Fred van Leeuwen. « Nous plaidons en faveur d'une éducation de qualité en tant que pierre angulaire de la démocratie et de la justice sociale. L'éducation publique constitue un élément fondamental de tout socle de protection sociale. Il s'agit également de l'outil le plus puissant permettant d'affronter la crise mondiale, d'atteindre une croissance durable et d'insuffler de l'espoir aux jeunes, tout particulièrement en ces temps de crises qui secouent la planète. »

La Résolution de l'IE sur le travail des enfants, adoptée lors du 6e Congrès mondial de l'IE, qui s'est tenu en 2011 au Cap, en Afrique du Sud, précise également que l'IE « œuvrera de manière continue et proactive en faveur de l'élimination du travail des enfants et de l'offre d'une éducation de qualité; qu'elle encouragera, soutiendra et coordonnera la participation active de tous les affiliés ».

Prochaine Conférence internationale sur le travail des enfants

A cet égard, la Conférence internationale sur le travail des enfants, intitulée « L’école est le meilleur endroit pour les enfants: les syndicats de l’éducation contre le travail des enfants », se tiendra du 5 au 7 octobre 2012 à Berlin, en Allemagne. Cet événement sera organisé par l'IE et ses affiliés, le GEW (Allemagne) et l'AOb (Pays-Bas), avec le soutien de l'Organisation internationale du Travail – Bureau des Activités pour les Travailleurs (OIT-ACTRAV), de la Confédération syndicale allemande (DGB) et de la Fondation Friedrich Ebert (FES).

Cette conférence entend identifier et renforcer le rôle des syndicats d'enseignant(e)s dans la lutte contre le travail des enfants et la réalisation des objectifs de l'EPT. Elle permettra également aux syndicats d'enseignant(e)s des pays du Sud et du Nord d'engager des débats fructueux et de partager leurs meilleures pratiques.

Près de 80 syndicalistes du secteur de l'éducation provenant des quatre coins du monde sont attendu(e)s, ainsi que 20 experts des agences des Nations Unies, des Fédérations syndicales internationales, des centres syndicaux et des ONG.

La Résolution de l'IE sur le travail des enfants de 2011 peut être consultée dans son intégralité ici

L'article (en anglais) de Yusuf Sayed sur World Education Blog est disponible ici