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Internationale de l'Education
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Liban: report de la nouvelle grille de salaires et maintien de la grève illimitée

Publié 25 février 2013 Mis à jour 28 février 2013

L'IE a adressé une lettre de soutien à ses affiliés nationaux, le Teachers’ Syndicate of Lebanon (TSL), la Ligue des professeurs de l’enseignement public du Liban (LPESPL) et la League of Technical and Vocational Teachers (CETO). Elle invite également ses affiliés à soutenir leurs collègues et à écrire au gouvernement libanais afin que ce dernier cesse de retarder l'élaboration de la nouvelle grille de salaires.

Le 19 février dernier, le Premier Ministre libanais, Najib Mikati, s'est entretenu avec la Ligue des employé(e)s du secteur public, ainsi qu'avec une délégation du Comité de coordination syndicale (UCC), regroupant les affiliés de l'IE, au sujet de la nouvelle grille de salaires pour les employé(e)s du secteur public. Ces négociations se sont toutefois soldées par un échec.

Les syndicats appellent à la mobilisation

Le Président de la Ligue des professeurs de l’enseignement public du Liban et Hanna Gharib, Président du Comité de coordination syndicale, ont qualifié cette réunion de « stérile » et ont réaffirmé la volonté du Comité d’instaurer des mesures d'escalade afin de « mettre un terme à la conspiration » du gouvernement et des organismes économiques contre les employé(e)s du secteur public.

Nehme Mahfoud, président du Teachers’ Syndicate of Lebanon, a appelé le gouvernement à se réunir afin d'adopter une nouvelle grille de salaires et à soumettre au plus vite le projet de loi au Parlement.

Cependant, le Premier Ministre Mikati a reporté la réunion du Conseil des ministres consacrée à l'approbation de la nouvelle grille de salaires, au motif que le gouvernement peinait à trouver les fonds nécessaires au financement de la grille de salaires approuvée l'an dernier.

Le Comité de coordination syndicale paralyse les ministères

Le 20 février dernier, le Comité de coordination syndicale a également appelé à la poursuite des manifestations à travers le pays, déjà paralysé par la fermeture illimitée d'un grand nombre d'institutions publiques et d'écoles publiques. Les manifestant(e)s ont menacé de bloquer chaque jour un nouveau service de ministère et ce, jusqu'à obtention d'une revalorisation des salaires.

« Aujourd'hui, nous avons empêché le département du ministère des Finances en charge de la TVA de fonctionner normalement. Et il ne s'agit là que d'un avertissement, avant de prendre pour cible l'ensemble des départements ministériels », a expliqué Hanna Gharib aux manifestants, ce 21 février. « Demain, nous nous attaquerons au Ministère de l'Education, et ainsi de suite. Ministère après ministère, nous reconduirons notre grève illimitée afin de paralyser l'administration tout entière du pays. »

Les employé(e)s du secteur public se sont ensuite rassemblé(e)s devant le Ministère de l'Education pour exhorter le gouvernement à transmettre le projet de revalorisation des salaires au Parlement.

Nehme Mahfoud s'est adressé aux centaines d'enseignant(e)s et de fonctionnaires qui se tenaient devant le ministère de l'Education: « Le gouvernement est le seul responsable de cette grève illimitée. Nous sommes bien décidés à investir la rue et pour preuve, nous manifesterons demain devant le ministère de l'Agriculture. »

Les principales villes du pays ont également été assaillies de manifestant(e)s, qui se sont regroupés devant les bâtiments du gouvernement et des institutions publiques.

Les enseignant(e)s rejoignent le mouvement

Dès le 20 février, les enseignant(e)s des écoles publiques du pays ont rejoint le mouvement de grève. En revanche, les écoles privées n’ont pas fermé leurs portes, en dépit de l'appel du Comité de coordination syndical à rejoindre les manifestations.

Nehme Mahfoud a par ailleurs mis en garde les administrations des écoles privées susceptibles de prendre quelque mesure que ce soit à l'encontre des enseignant(e)s participant à la grève. « Il s'agit d'un droit garanti par la loi. Nous prendrons les mesures qui s'imposent contre ces établissements », a signalé M. Mahfoud.

M. Gharib a également menacé de retarder l'organisation de certains examens officiels, afin d'exercer davantage de pression sur le gouvernement. « Les élèves ne passeront pas les examens officiels, à moins qu'il ne s'agisse d'examens de fin de cycle », a-t-il affirmé, avant d'ajouter que les jours d'école qui avaient été manqués à cause de la grève seraient rattrapés.

Reconduction de la grève

Le 23 février, toujours dans le cadre de la grève illimitée organisée par le Comité de coordination syndicale, les manifestant(e)s ont défilé à proximité d'autres ministères de Beyrouth. Le Comité a en outre tenu une réunion avec les comités de protestation relatifs aux différents ministères, afin de mettre en place un plan d'escalade des mesures de la grève pour les jours suivants.

« Lundi 25 février à 10h00, nous allons manifester devant la Banque centrale, le ministère du Tourisme et toutes les institutions publiques », a précisé M. Gharib. Il a appelé l'ensemble des employé(e)s des institutions publiques à prendre part à la manifestation organisée par le Comité de coordination syndicale, jusqu'à ce que le gouvernement décide enfin d’accéder à leurs demandes.

Le 25 février, au septième jour de la grève illimitée organisée par le Comité de coordination syndicale, un rassemblement a eu lieu près de la Banque centrale du Liban, à Beyrouth, dans le but d'inciter le gouvernement à soumettre la nouvelle grille de salaires au Parlement. Les centaines de manifestants présents brandissaient des pancartes, exhortant les autorités publiques à « cesser de manipuler le peuple ».

Les forces de sécurité ont empêché les journalistes de couvrir l'événement.

IE: des salaires décents pour les enseignant(e)s

Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, a adressé une lettre au Premier Ministre libanais, Najib Mikati, lui faisant part de l'inquiétude de l'IE « au regard de la situation critique dans laquelle se trouvent les enseignantes et enseignants appartenant à ses organisations membres au Liban ».

L'IE soutient les revendications du Comité de coordination syndicale, à l'origine de la grève illimitée lancée le 19 février dernier.

« Des études internationales ont révélé qu'une éducation de qualité requiert un enseignement de haute qualité, dispensé par des professionnels qualifiés », a rappelé Fred van Leeuwen. « Ces enseignants qualifiés ne peuvent continuer à exercer leur fonction si leur salaire, en constante diminution, ne leur permet pas de faire face à la hausse du coût de la vie. »

L'IE exhorte les autorités libanaises à approuver une nouvelle grille de salaires et à soumettre rapidement le projet de loi au Parlement. L'IE invite par ailleurs ses affiliés à écrire au gouvernement libanais afin de soutenir leurs collègues.