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Internationale de l'Education
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Danemark: Le lock-out des enseignant(e)s contre le modèle danois de négociation collective

Publié 8 avril 2013 Mis à jour 11 avril 2013

Malgré les nombreuses tentatives de dernière minute et les nouvelles offres du Danish Union of Teachers (DLF), le lock-out des employeurs pour presque tous les enseignant(e)s du primaire et du premier cycle du secondaire a pris effet le 1er avril. Il empêche près de 875.000 élèves de recevoir leur enseignement normal, dans la mesure où les enseignant(e)s ne sont pas autorisé(e)s à se rendre dans les écoles.

Le lock-out des 69.000 enseignant(s) découle d’un désaccord entre les parties concernant un nouveau régime de travail. Les employeurs ont également réclamé avec insistance la levée de toutes les restrictions et réglementations de l’accord actuel. DLF refuse un accord qui ne prévoit aucune limite pour les modalités relatives au temps de travail.

La volonté du Gouvernement danois de réformer l’éducation a également jeté de l’huile sur le feu. En effet, il souhaite que soient données aux élèves plus de leçons et que celles-ci soient financées par l’augmentation du nombre de périodes attribuées aux enseignant(e)s. On reproche à DLF de ne pas être suffisamment flexible et d’être en inadéquation avec les régimes de travail modernes.

DLF, de son côté, accuse le Gouvernement et les employeurs de comploter contre les enseignant(e)s en déclenchant un conflit d’une telle ampleur, et demande au Gouvernement d’intervenir, sans quoi la société tout entière en subira les conséquences.

Aussi longtemps que dure le conflit, les enseignant(e)s ne reçoivent pas le moindre salaire.

DLF: Le Gouvernement se doit de respecter le « modèle danois »

« Le 'modèle danois' se caractérise par la négociation entre les partenaires sociaux  – sans l’intervention du gouvernement – concernant les salaires, le temps de travail et d’autres conditions d’emploi, » a expliqué le Président du DLF Anders Bondo Christensen. « Il s’agit de conventions collectives, mutuellement contraignantes pour les parties. Ces dernières se sentent ainsi parties prenantes et responsables des conventions établies. »

Au Danemark, les conventions collectives sont appliquées pour une période d’un à deux ans, définie par les parties. De ce fait, ni les employeurs, ni les travailleurs ne peuvent initier d’action industrielle. Le règlement des éventuels désaccords survenant durant la période d’effet de la convention (par ex. eu égard à l’interprétation de celle-ci) peut s’effectuer par voie de conciliation ou devant un tribunal du travail. Lorsque les conventions collectives arrivent à expiration, les parties sont tenues de (re)négocier les accords.

Gouvernement et syndicats en désaccord sur le temps de préparation des cours

Les négociations collectives ont été marquées à cette occasion par la proposition de réforme scolaire présentée par le gouvernement en fin d’année 2012. Si cette réforme venait à prendre effet, les élèves passeraient plus de temps à l’école qu’actuellement.

Ce projet de réforme est associé à une augmentation du temps de travail des enseignant(e)s par rapport aux spécifications de la convention collective de 2008. Les enseignant(e)s devraient en outre participer à des « leçons d’activité » aux côtés des pédagogues scolaires. Les leçons d’activité s’entendent comme un soutien aux cours dispensés, de même qu’aux activités ludiques, physiques, et à l’aide aux devoirs.

« Le Gouvernement n’est pas l’employeur des enseignant(e)s du primaire et du premier cycle du secondaire  (les ‘ folkeskole’), » a souligné Bondo Christensen. « Ce sont les municipalités qui emploient les enseignant(e)s des folkeskole. Au niveau national, l’association Local Government Denmark (LGDK) regroupe les 98 municipalités. Néanmoins, l’Etat est l’employeur d’un certain nombre d’enseignantes ert d'enseignants dans les écoles du second cycle du secondaire et dans les établissements privés bénéficiant de subventions. C’est le Ministère des Finances qui assume alors le rôle d’employeur. »

Il a fait savoir que les organisations d’enseignants avaient toutes soumises des demandes similaires. Le Ministère des Finances confirme que les demandes ont été coordonnées, mais il nie l’existence d’un plan directeur pour les négociations, y compris l’intervention du Gouvernement par la législation, susceptible de mettre fin au lock-out.

IE: Des lettres de protestation appelant à des négociations sérieuses

L’IE Europe, le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), a envoyé des messages de protestation au Gouvernement danois et a encouragé ses organisations membres à en faire autant. Ainsi, des lettres de protestation venant des quatre coins de l’Europe sont parvenues au Gouvernement danois.

« Le CSEE exprime son soutien aux enseignants danois. Il s’agit d’un conflit extrêmement sérieux et le Gouvernement et les employeurs ne se sont pas concertés sérieusement », a déclaré Martin Rømer, Directeur européen.

Et d’ajouter : « S’ils acceptent cet état de fait, d’autres groupes pourraient être confrontés à cette situation une prochaine fois. Ils compromettent, de plus, ce que l’on appelle le 'modèle danois', connu pour sa capacité à toujours dégager un compromis. »

Les enseignant(e)s danois(es) de tout le pays se réuniront, aux côtés d’autres fonctionnaires, devant le Parlement national le 11 avril à Copenhague afin de faire pression en faveur d’une solution au lock-out.