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Internationale de l'Education
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Espagne: l’école publique en grève pour cause de réforme éducative et de coupes budgétaires

Publié 3 mai 2013 Mis à jour 8 mai 2013

La Plateforme nationale pour l’école publique a lancé un appel à la grève à tous les niveaux de l’enseignement pour le 9 mai. La plateforme se compose des syndicats membres de l’IE (FECCOO, FETE-UGT, STE et CSI-CSIF), sans compter des organisations d’étudiants, des associations de parents et des mouvements de rénovation pédagogique.

La communauté éducative espagnole veut ainsi exprimer son rejet unanime des projets de réforme imposés par le ministère de l’Education et sa tête visible, M. Wert. Ces réformes portent leurs attaques sur différents fronts: enseignement primaire et secondaire, enseignement universitaire et compétences éducatives des gouvernements locaux.

Réforme idéologique

En fait, la loi organisation d’amélioration de la qualité de l’enseignement (LOMCE) modifie en profondeur la loi organique actuelle de l’éducation (LOE, 2006), qui existe depuis six ans à peine. Pas une seule cohorte complète d’élèves n’a terminé sa scolarité selon ses préceptes et aucune évaluation n’a étudié son efficacité.

Pour les syndicats, les réformes défendent un modèle éducatif élitiste et rétrograde. Ainsi, les élèves sont très tôt orientés vers des filières éducatives de valeur différente et l’accès à l’enseignement supérieur est restreint, entraînant une hausse vertigineuse des droits d’inscription à l’université.

Parallèlement, la réalisation d’évaluations externes et de recensements des résultats tourne à l’obsession, sans s’occuper des processus et de la participation du corps enseignant. Le programme de cours est réduit, des matières entières et fondamentales disparaissant de la formation de l’individu. En outre, les compétences des gouvernements locaux en matière d’éducation sont amputées, en limitant au maximum la possibilité d’élaborer des politiques éducatives dans chaque région.

En somme, les syndicats avertissent que ces réformes ouvrent la voie à la privatisation déguisée de l’école publique.

Coupes budgétaires draconiennes

Depuis 2010, l’Espagne a perdu près d’un tiers des ressources consacrées à l’éducation, les coupes budgétaires ayant dépassé les 6,3 milliards d’euros. À tous les niveaux et à toutes les étapes de l’enseignement, des milliers d’emplois ont été supprimés et les conditions de travail des professionnel(le)s de l’éducation se sont dégradées.

En outre, les bourses et les aides aux personnes les plus défavorisées ont été fortement réduites, un grand nombre de mesures de soutien et de compensation ont été supprimées pour les élèves ayant le plus de difficultés et les droits d’inscription à certains niveaux d’enseignement, comme l’enseignement maternel, la formation professionnelle et l’université, ont augmenté de façon exorbitante.

Solidarité internationale

Lors du séminaire international qui s’est tenu à Lisbonne en mai, dans le cadre du Congrès des affiliés de l’IE, la FENPROF, 37 syndicats venus de 22 pays d’Amérique latine, d’Europe, d’Asie et d’Afrique ont soutenu une résolution présentée par les syndicats espagnols contre la LOMCE et les coupes dans le budget de l’éducation en Espagne.

L’IE a également apporté son appui aux syndicats espagnols et exprimé son soutien total dans la défense de l’enseignement public et de la profession enseignante.

« L’éducation en Espagne, et plus particulièrement l’enseignement public, se trouve dans une situation extrêmement périlleuse », a affirmé le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen. « Il faut impérativement engager un débat et un large dialogue avec la communauté éducative afin d’analyser les problèmes réels du secteur et de rechercher les solutions les plus appropriées. »

Pour lire la résolution des syndicats espagnols, cliquez ici