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Internationale de l'Education
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Conférence mondiale: participant(e)s et enseignant(e)s pour l'éradication du travail des enfants

Publié 9 octobre 2013 Mis à jour 17 octobre 2013

Plus de 1.200 représentant(e)s des gouvernements, des travailleurs/euses, des employeurs/euses et de la société civile, issu(e)s des quatre coins de la planète ont participé à la troisième Conférence mondiale sur le travail des enfants, tenue du 8 au 10 octobre à Brasilia, au Brésil. Grâce à la pertinence du plaidoyer mené par la délégation représentant les syndicats de l’éducation et au soutien d’autres parties prenantes, le dialogue social et la formation des enseignant(e)s ont été inclus dans la déclaration finale.

La Conférence avait pour objectif d’examiner les progrès réalisés depuis la dernière réunion de 2010 et de trouver de nouveaux moyens d’intensifier les efforts au niveau mondial pour éradiquer le travail des enfants, en particulier sous ses pires formes.

L’importante délégation des représentant(e)s de syndicats de l’éducation issu(e)s de 14 pays a mis en exergue deux éléments indispensables pour éradiquer efficacement le travail des enfants: garantir une éducation de qualité gratuite et universelle et impliquer la communauté enseignante dans l’élaboration des politiques éducatives.

Progrès réalisés et défis futurs

La Conférence a été inaugurée par la Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, et le Directeur général de l’Organisation du travail (OIT), Guy Ryder.

Le nombre d’enfants mis au travail dans le monde est passé de 246 à 168 millions au cours de cette dernière décennie, a déclaré Ryder, citant le dernier rapport de l’OIT « Mesurer les progrès dans la lutte contre le travail des enfants ».

La « mauvaise nouvelle », a-t-il expliqué, c’est que ce ne sera pas suffisant pour atteindre l’objectif d’éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici 2016, comme s’y est engagée la communauté internationale par l’entremise de l’OIT.

Ryder a rappelé avec insistance que les Etats doivent « assumer leurs responsabilités en vue de garantir l’accès universel à une éducation obligatoire et formelle pour tous les enfants jusqu’à l’âge minimum d’admission au travail, tout comme ils se doivent d’améliorer la qualité de l’éducation ».

Des investissements considérables seront nécessaires pour atteindre cet objectif. « Nous devons trouver au moins 1,7 million d’enseignant(e)s supplémentaires. Nous devons assurer la formation du grand nombre d’enseignant(e)s non qualifié(e)s. Nous devons garantir la sécurité des établissements scolaires et en faire des lieux agréables pour les enfants », a-t-il précisé.

Jeroen Beirnaert, de la Confédération syndicale internationale (CSI), a confirmé les progrès accomplis dans le cadre de la réduction du travail des enfants au Brésil. Il a également insisté sur la nécessité de financer l’éducation de manière appropriée: « Nous exhortons le pays qui accueille cette conférence à investir davantage dans ses enseignantes et enseignants et son système d’éducation public. Il y a deux jours, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Rio pour soutenir une grève de plus de 50 jours, et elles avaient de bonnes raisons de le faire ».

Les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités

Parmi les intervenant(e)s, Kailash Satyarthi a déclaré: « Il ne sera pas possible d’éradiquer le travail des enfants avant d’avoir instauré l’éducation universelle. Et il ne sera pas possible de mettre chaque enfant sur le chemin de l’école avant d’avoir éradiqué le travail des enfants. »

Militant de longue date et co-fondateur de la Marche mondiale contre le travail des enfants (80.000 kilomètres), Satyarthi a joué un rôle prépondérant dans la mise en corrélation de cette problématique avec les initiatives en faveur de l’Education pour tous.

Tereza Campello, Ministre du Développement social et de la Lutte contre la faim au Brésil, a signalé que le travail des enfants avait diminué dans son pays, tant en période de stagnation économique qu’en période de croissance:

« La croissance économique n’entraîne pas forcément une diminution du travail des enfants, et la pauvreté n’est pas la seule responsable ». Campello a souligné que la volonté politique, ainsi que les politiques publiques et l’engagement soutenu de toutes les parties prenantes, étaient des facteurs essentiels pour lutter contre le travail des enfants.

La communauté enseignante moteur du changement

Dominique Marlet, Coordinatrice senior de l’IE, a participé au débat « Modèles éducatifs et établissements scolaires ». Au cours de son intervention, elle a mis en exergue les initiatives prises par les enseignant(e)s et leurs syndicats pour identifier les cas d’enfants mis au travail et éliminer ce fléau par le biais de l’éducation.

Elle a souligné que, malgré le consensus général considérant que l’éducation doit être inscrite au rang des priorités pour éradiquer le travail des enfants, le rôle de la communauté enseignante reste un élément essentiel n’ayant pas été abordé dans les débats.

« Les enseignantes et enseignants, celles et ceux en charge de l’éducation, sont rarement consultés par le gouvernement pour l’élaboration des politiques visant à améliorer la qualité de l’éducation. Si la communauté enseignante exige la négociation collective, le dialogue social et la possibilité d’être impliquée dans l’élaboration des politiques éducatives, ce n’est pas uniquement pour discuter de questions pécuniaires. Il s’agit surtout de contribuer au développement d’opportunités d’apprentissage qui soient les meilleures possibles pour tous les enfants et adolescents », a-t-elle souligné.

Marlet a également rappelé les composantes essentielles d’une éducation de qualité: l’accès universel et gratuit à des enseignant(e)s de qualité, des outils et des ressources pédagogiques modernes et des environnements scolaires sûrs et sécurisés.

Un pas en avant

Le dernier jour de la Conférence, l’ex Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva s’est montré particulièrement ferme dans son discours de clôture: « Ce n’est pas le manque de ressources mais bien l’absence de volonté politique qui empêche de mettre un terme au travail des enfants dans le monde ».

La Déclaration de Brasilia, marquant l’engagement des pays à éliminer de manière durable le travail des enfants, a ensuite été présentée dans les grandes lignes. Ce document permettra d’orienter et de soutenir les efforts futurs pour l’élimination du travail des enfants à travers le monde.

Le point 6 de la Déclaration stipule: « Nous soulignons que les employé(e)s des secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux ont droit à des conditions de travail décentes et à une formation initiale et continue adéquate, et que toute politique mise en place dans ces secteurs doit être élaborée en consultation avec les organisations syndicales par le biais du dialogue social. »

Pour lire l’intégralité de la Déclaration (en anglais), cliquez ici.

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