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Internationale de l'Education
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Espagne: l'austérité remise en question

Publié 23 avril 2014 Mis à jour 24 avril 2014

Les mesures d'austérité et les réformes structurelles sont de plus en plus remises en cause en Espagne, l'un des pays les plus touchés par la crise économique. Le Tribunal constitutionnel espagnol et l'Organisation internationale du Travail (OIT) se penchent actuellement sur la viabilité et la pertinence des lois promulguées dans le cadre des plans de restructuration, et notamment sur la loi LOMCE, qualifiée d'attaque à l'encontre du système éducatif par les syndicats de l'éducation.

Depuis le déclenchement de la crise économique, l'Espagne compte parmi les pays ayant été contraints de mettre en œuvre le plus grand nombre de réformes en vue de répondre aux exigences des institutions et organisations internationales. En 2010 et 2012, des réformes du travail ont notamment été approuvées par deux gouvernements diamétralement opposés: les sociaux-démocrates et les conservateurs. Considérant ces réformes aussi inefficaces qu'injustes, les syndicats ont appelé à plusieurs grèves générales en vue de protester contre la précarité des conditions de travail et les atteintes à l'Etat providence et aux droits des travailleurs/euses.

OIT: les réformes bafouent les droits

Le Comité de la liberté syndicale de l'OIT a récemment reconnu que la réforme du travail de 2012 bafouait les droits à la liberté syndicale et à la négociation collective de la population. Il a également déclaré que le gouvernement espagnol devait promouvoir un dialogue social efficace plutôt qu'imposer une réforme du travail de façon unilatérale. Cette reconnaissance constitue une victoire de taille pour les défenseurs des droits des travailleurs/euses en Espagne. Elle devrait également créer un précédent dans la contestation des lois injustes, caractérisées par une volonté manifeste de mettre à mal les progrès accomplis par le mouvement syndical.

Menaces sur l'enseignement

Parallèlement, le Tribunal constitutionnel espagnol a déclaré recevables six recours en inconstitutionnalité contre la réforme de l'éducation. Il ne s'agit là que d'une première étape vers l'abrogation de la LOMCE, une loi qui prévoit de lourdes coupes budgétaires dans l'éducation et qui s'inscrit également dans le cadre plus large du démantèlement de l'Etat providence et des services publics.

Outre leurs nombreuses campagnes de sensibilisation, les syndicats espagnols ont également entamé différentes actions en justice contre la LOMCE, tant à l'échelle nationale qu'internationale. L'initiative de la FECCOO, intitulée Atrévete a cambiar el rumbo(Osez changer de cap), revient sur les raisons pour lesquelles la LOMCE représente la loi sur l'éducation la plus controversée de toute l'histoire de la démocratie espagnole. La FETE-UGT a quant à elle publié une étude de cas mettant en lumière les principales conséquences de cette loi.

Aux côtés des syndicats, la société espagnole s'est mobilisée contre l'austérité et les réformes de l'éducation. Les étudiant(e)s se sont mis en grève les 26 et 27 mars derniers, et de nombreuses manifestations ont été organisées dans les principales villes du pays.