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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Les gouvernements de l’UE doivent investir dans une éducation de qualité

Publié 25 septembre 2014 Mis à jour 8 octobre 2014

« Investir dans des enseignantes et enseignants et une éducation de qualité pour toutes et tous, et maintenir l’éducation et les services publics hors de l’accord de partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) ! » Tel était le message lancé par les syndicats aux responsables politiques qui assistaient à l’événement phare de la campagne « Uni(e)s » à Bruxelles, en Belgique, le 22 septembre.

Des dirigeant(e)s de l’éducation et des représentant(e)s de la Commission européenne (CE), du Parlement européen (PE) et des gouvernements se sont rassemblés au Comité économique et social européen (CESE) pour discuter de la nécessité d’investir dans l’éducation, du TTIP et de la menace que cet accord constitue pour une éducation de qualité. L’événement était organisé par le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), la région européenne de l’Internationale de l’Education (IE).

« Une chose est extrêmement claire: vous ne voulez pas externaliser la qualité », a déclaré la Présidente de l’IE, Susan Hopgood, à la centaine de syndicalistes présents à cet événement. « L’éducation est un droit humain et un bien public. Il incombe aux gouvernements d’offrir une éducation publique de qualité et gratuite pour toutes et tous. »

Aujourd’hui en Europe, a-t-elle poursuivi, notre inquiétude est que certaines personnes pensent que des accords commerciaux tels que le TTIP devraient s’appliquer à des services publics comme l’éducation. Le TTIP est actuellement en phase de négociation entre l’Union européenne et les Etats?Unis.

L’éducation n’est pas à vendre

Hopgood a également exprimé son inquiétude que les règles incluses dans les accords commerciaux risquent de bloquer et d’intensifier les pressions en faveur de la commercialisation et de la privatisation, érodant ainsi l’espace politique nécessaire pour garantir que chaque enfant, chaque jeune et chaque adulte aient accès à une éducation de qualité de la maternelle à l’université. C’est pourquoi, aux quatre coins du monde, des éducateurs/trices ont dit à leur gouvernement: notre droit à l’éducation n’est pas à vendre. L’éducation ne doit pas figurer dans des accords commerciaux, a-t-elle affirmé.

Cette conviction explique également pourquoi des éducateurs/trices « du monde entier ont rejoint la campagne 'Uni(e)s pour une éducation de qualité' », a-t-elle insisté. « C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. C’est le message que nous voulons faire passer et que nous transmettrons aux Nations unies dans quelques jours. »

La solution est une éducation de qualité pour toutes et tous, accessible à toutes et tous et gratuite pour toutes et tous, a-t-elle répété. « Trois piliers. Simples et pourtant puissants. Des enseignantes et enseignants, des outils et des environnements de qualité. C’est simple et pourtant hors de la portée de tant de gens. »

Les conditions de travail font partie du dialogue

Le Directeur du CSEE, Martin Rømer, a déclaré qu’il n’est pas difficile d’engager les syndicats pour défendre une éducation de qualité, parce qu’ils comprennent la nécessité d’une éducation de qualité. « Pourtant, dans certains pays européens, parler de qualité dans l’éducation peut paraître difficile. Lorsque nous parlons d’une éducation de qualité, nous parlons, bien évidemment, des méthodes pédagogiques, des outils, de l’utilisation des TIC dans l’éducation, mais nous devons également parler des conditions de travail et de vie des enseignantes et enseignants et des restrictions budgétaires dans l’éducation. »

L’Europe est à la croisée des chemins, selon Rømer, moins d’argent pour l’éducation et, dans le même temps, de grandes entreprises invitent à la coopération, ce qui pourrait être une conséquence de l’accord commercial actuellement négocié avec les Etats-Unis.

Le CSEE ne veut pas que l’éducation publique soit incluse dans le TTIP, mais qu’est-ce que l’éducation publique ? a demandé M. Rømer. Si les syndicats veulent protéger l’éducation publique, s’ils ne veulent pas qu'elle soit externalisée, alors ils doivent en donner une définition: « Est-ce que c’est une éducation financée à 100 pour cent par des fonds publics ? A 50 pour cent par des fonds publics ? A 20 pour cent par des fonds publics ? »

Vaste soutien

La campagne « Uni(e)s » a été largement soutenue par des organisations d’Europe. Certaines ont organisé des manifestations, tandis que d’autres ont négocié avec les gouvernements, tourné des films et des vidéos, etc. « Chacun souhaite offrir un service de grande qualité dans notre secteur, mais nous devons aussi bénéficier d’un soutien de qualité et nous avons besoin que les gouvernements reconnaissent leur responsabilité dans la fourniture d’une éducation de qualité », a déclaré Rømer.

« Voici quelques années, en Europe de l’Ouest, les budgets alloués à l’éducation étaient, à quelques exceptions près, acceptables », a indiqué Georges Dassis, Président du groupe des travailleurs du CESE. « Depuis la crise financière, nous sommes témoins d’une régression sans précédent dans l’éducation dans presque tous les pays. Il est évident que nous n’améliorerons pas les conditions de vie des citoyennes et citoyens de l’Union européenne en empruntant cette voie. »

Les jeunes diplômé(e)s de l’université partent vers d’autres continents pour poursuivre leurs études, a-t-il indiqué. « Parce que l’Union européenne et les pays en tant qu’entités nationales n’investissent pas suffisamment dans l’éducation », déplore M. Dassis, ajoutant que c’est de mauvais augure pour l’avenir de cette génération et que « nous essayons, avec vous, de lutter contre cette tendance ».

Droit à l’éducation

Dassis a ajouté que chaque citoyen(ne) a droit à l’éducation, quelles que soient ses origines sociales, ce qui signifie que les sociétés européennes doivent être plus que ce qu’elles sont actuellement.

Vidéo sur la campagne d’une année « Uni(e)s » en Europe:

« Il existe un facteur, que nous connaissons, depuis la particularité de la Corée du Sud, jusqu'aux difficultés de certains pays européens, et qui touche l’éducation: si nous voulons améliorer notre système éducatif, regardons nos enseignantes et enseignants, parce qu’aucun système éducatif n’est meilleur que la qualité de ses enseignantes et enseignants », a déclaré Xavier Prats Monné, Directeur général chargé de l’éducation et de la culture à la CE, en détaillant la vision de la Commission sur l’avenir d’une éducation de qualité.

« Qui mieux que les syndicats peut définir les problèmes et les défis des enseignants ? », a-t-il demandé.

Soutien aux enseignant(e)s

La troisième priorité de l’UE en ce qui concerne l’éducation, a-t-il ajouté, est qu’une nouvelle génération d’enseignant(e)s doit être soutenue.

En Europe, les enseignant(e)s ont une caractéristique commune qui est un défi et doit être une priorité future, a déclaré Prats Monné. La génération actuelle d’enseignant(e)s « est en fait assez âgée ». Dans certains pays, l’âge moyen des enseignant(e)s est largement supérieur à 45 ans.

« Cette réunion est une occasion extraordinaire de faire en sorte que nos Etats membres veillent à garantir que la prochaine génération d’enseignantes et enseignants qui va monter au créneau soit une génération mieux préparée, mais surtout, que ces enseignantes et enseignants soient incités à devenir de bonnes enseignantes et de bons enseignants et soient reconnus comme tels ».

« Nous maintiendrons une alliance forte entre la Commission européenne et le CSEE », a souligné Prats Monné, « parce que ce que vous considérez comme important pour le personnel enseignant est ce que toute personne raisonnable jugerait réellement important pour les enseignantes et enseignants. »

Marcello Limina, Président du Comité de l’éducation du Conseil des ministres, a déclaré que la Présidence italienne a accepté d’ouvrir une discussion avec le CSEE sur l’investissement dans l’éducation au sein du Comité de l’éducation.

Table ronde

Des membres de divers groupes politiques du Parlement européen ont rejoint les participant(e)s pour une table ronde sur le thème « Un enseignement de qualité, des outils de qualité et des environnements de qualité – La vision de l’Europe pour la période 2014-2020 ».

« Je suis enseignante dans le secondaire et je viens d’arriver au Parlement européen », a déclaré Sofia Ribeiro, députée européenne du Portugal. « Avant cela, j’ai été pendant neuf ans dirigeante syndicale dans un syndicat d’enseignant(e)s affilié à la Federação Nacional da Educação(FNE) au Portugal. Le travail que j’ai accompli dans le passé signifie que je connais réellement les lignes directrices et les orientations du CSEE. J’ai signé les 10 messages clés dont nous discutons aujourd’hui lorsqu’ils m’ont été soumis. »

Selon Ribeiro, pas un(e) politicien(ne), pas un(e) dirigeant(e) syndical(e), pas un(e) enseignant(e), pas une personne ne s’oppose à un enseignement de qualité, à des outils de qualité et à des environnements de qualité.

« La question clé est donc de savoir ce que cela [une éducation de qualité] signifie réellement pour nous: est-ce mesurable? Comment pouvons-nous la définir? Nous devons analyser ce que nos enfants apprennent, dans quelles conditions et avec qui. »

C’est pour cela que les dix messages clés du CSEE sur ce qui est nécessaire pour améliorer la qualité de l’éducation en Europe sont si importants, a souligné Ribeiro: ils ne définissent pas simplement ce qu’est la qualité dans l’éducation, mais fixent également les priorités de l’éducation aux niveaux régional, national et européen.

Menace du TTIP

Dans un second groupe de discussion, Marco Düerkop, Négociateur en chef des services dans le TTIP à la CE, Mirja Becker, Première Secrétaire responsable des questions commerciales à la Représentation permanente de l’Allemagne près de l’UE, et David Robinson, Conseiller spécial de l’IE, ont parlé de la menace que représente le TTIP pour une éducation de qualité.

Düerkop a admis que le commentaire du CSEE selon lequel le TTIP pourrait restreindre la liberté des gouvernements de récupérer, par exemple, des services privatisés précédemment « avait fait réfléchir la direction générale chargée du commerce » et que « ce problème doit être résolu ».

Les négociations du TTIP doivent être plus transparentes et impliquer davantage les syndicats et la société civile, a déclaré Robinson. Il a également souligné qu’il « est nécessaire de définir ce que sont les services publics, sans quoi d’autres personnes chargées des accords économiques et commerciaux le feront pour nous ».

Journée mondiale des enseignant(e)s

L’éducation de qualité sera également à l’honneur durant la Journée mondiale des enseignant(e)s, le 5 octobre, lorsque le personnel enseignant du monde entier sera fêté dans les classes, les villages et les villes de la planète pour leur infatigable dévouement à leur métier.

Pour faire du 5 octobre une journée mémorable, l’IE invite tous les membres et collègues à y participer en faisant entendre leur voix afin que les dirigeant(e)s du monde sachent combien un(e) enseignant(e) de qualité est important(e) pour aider les élèves à exploiter pleinement leur potentiel.

A partir de 12 heures, l’IE demande à chacun d’« appuyer sur le bouton » en envoyant un SMS, un courriel ou en tweetant des messages de soutien en faveur d’une éducation de qualité au Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon. Cliquez ici pour en savoir plus.