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Internationale de l'Education
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Hongrie: l'Etat s'impose dans les écoles

Publié 28 octobre 2014 Mis à jour 30 octobre 2014

La mainmise du Gouvernement hongrois s'étend jusqu'aux écoles du pays, et d'aucuns craignent que les autorités ne se préparent à resserrer leur emprise sur la profession enseignante et à limiter le rôle des syndicats de l'éducation.

A l'invitation du Syndicat des enseignants de Hongrie (SEH), le Secrétaire général de l'Internationale de l'Education (IE) Fred van Leeuwen a rencontré les dirigeant(e)s de l'organisation à Budapest les 27 et 28 octobre derniers, lors d'un entretien à l'occasion duquel la Présidente du SEH, Piroska Gallo, a expliqué que l'un des défis majeurs auxquels le syndicat se trouvait confronté, c'était le manque de dialogue social. « Nous souhaitons des négociations et des consultations régulières avec les autorités sur les questions qui comptent pour les enseignantes et enseignants, et pas uniquement en cas de conflit », a-t-elle indiqué.

Cependant, le dialogue social ne semble pas figurer sur la liste des priorités du Gouvernement. « Les réformes de l'éducation de 2013 ont été menées sans véritables consultations, et différentes mesures méritent d'être revues, notamment au regard des carrières des enseignantes et enseignants, des procédures d'évaluation des enseignantes et enseignants, de la structure salariale et de l'augmentation des heures de travail », a précisé Piroska Gallo.

Selon le SEH, depuis l'abaissement de l'âge de scolarité obligatoire de 18 à 16 ans en 2013, nombreux/euses sont ceux/celles qui ont vu leurs opportunités d'éducation s'étioler. Le syndicat s'inquiète également de la restriction de la liberté professionnelle des enseignant(e)s, dans la mesure où les mesures de la réforme confèrent au gouvernement un rôle prépondérant dans l'élaboration des programmes scolaires, et même dans le choix de livres ou de méthodes pédagogiques spécifiques.

Et Piroska Gallo d'ajouter: « l'Etat s'est immiscé dans les salles de classe ». Elle craint que la récente mise en place par le gouvernement d'une « chambre des enseignant(e)s », que les 123.000 enseignant(e)s hongrois(e)s sont invité(e)s à rejoindre, ne constitue une nouvelle tentative de resserrer son emprise sur la profession enseignante et ne risque de restreindre le rôle des syndicats de l'éducation.

Le Secrétaire général de l'IE s'est également entretenu avec le Ministre des Ressources humaines en charge de l'éducation, Zoltan Balog, auprès duquel il a relayé les préoccupations des syndicats de l'éducation.

Rejet de la taxe Internet

Le SEH rejoint également les protestations de la population contre le projet gouvernemental d'imposer une taxe sur l'utilisation d'Internet. En effet, le syndicat craint que les enseignant(e)s et les étudiant(e)s ne pâtissent également de cette mesure qui, selon lui, pourrait être interprétée comme une nouvelle restriction des droits fondamentaux dans le pays.

« Rien ne justifie en aucune façon la mise place d'une telle taxe », a ajouté Mme Gallo. « Près de trois millions de Hongroises et Hongrois vivent au seuil de pauvreté, voire en dessous. Pour de nombreux habitants, Internet représente le seul moyen de s'informer, d'accéder au savoir, d'apprendre et de communiquer. Ces personnes risquent bientôt de ne plus pouvoir se payer leur accès à Internet. »

Ce n'est pas la première fois que le pays se retrouve dans une telle situation. La Hongrie avait en effet déjà été mise en garde par l'UE pour avoir restreint la liberté de la presse.