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Internationale de l'Education
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Le Mexique dissocie enfin l’évaluation des enseignant(e)s de la performance des élèves

Publié 8 décembre 2014 Mis à jour 16 décembre 2014

Le syndicat de l’enseignement le plus important d’Amérique latine a fermement soutenu ses membres dans l’effort visant à mettre un terme à la pratique qui consiste à évaluer les éducateurs/trices sur la base des résultats scolaires de leurs élèves.

Si les résultats d’apprentissage des élèves mexicain(ne)s sont nettement inférieurs à la moyenne constatée dans les pays de l’OCDE, les résultats des analyses de tendances menées par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) révèlent certaines améliorations encourageantes quant à ces résultats, en particulier dans le domaine des mathématiques. « Nous sommes contents de cette évolution, et nous la devons au corps enseignant », a déclaré Juan Diaz de la Torre, Président du syndicat de l’enseignement mexicain, le SNTE. Diaz de la Torre demeure toutefois préoccupé par les facteurs socio-culturels qui influent toujours fortement sur les résultats scolaires. « Les taux de décrochage sont élevés. Les inégalités comptent parmi les principaux défis auxquels nous nous heurtons. »

Récemment, le Mexique a procédé à d’importantes réformes de son système d’éducation de base en mettant particulièrement l’accent sur la réussite scolaire, y compris les programmes d’évaluation et d’appréciation des élèves et des enseignant(e)s. Mais le programme d’Evaluation Nationale pour la Réussite Académique dans les Centres Scolaires (ENLACE, selon le sigle en espagnol), qui se présentait comme un outil de diagnostic et d’évaluation formative, a déjà généré certains effets néfastes sur les pratiques appliquées en classe telles que l’« enseignement en fonction des tests ».

Quoique favorable à certaines réformes, le SNTE s’est néanmoins opposé à l’utilisation des notes des élèves dans le cadre de l’évaluation de leurs enseignant(e)s. « Cette pratique a soulevé d’importantes questions d’équité parmi nos membres à travers tout le pays », a déclaré Diaz de la Torre. Le syndicat a été en mesure de stopper cette pratique, mais le système d’évaluation des enseignant(e)s s’appuie encore sur des tests standardisés. Pour y remédier, le SNTE s’est récemment lancé dans l’élaboration de son propre système d’évaluation, qui tient compte des environnements scolaires ainsi que de l’origine sociale des élèves.

Le Président du SNTE partage l’avis des experts de l’OCDE qui recommandent au Mexique d’établir en ensemble clair de normes d’enseignement cohérentes concernant les connaissances, compétences et valeurs de base associées à un enseignement efficace. Le syndicat s’est chargé d’organiser les programmes de formation interne sur ces questions au profit de ses membres dans tout le pays.

Le secteur de l’enseignement mexicain n’est pas le seul touché par les réformes. Le SNTE est lui-même en proie à des bouleversements majeurs concernant ses structures et son fonctionnement, après avoir été éclaboussé en 2012 par un grand scandale mêlant son président de longue date, accusé de corruption. Toute la communauté enseignante du pays a été ébranlée par l’affaire qui accusait le dirigeant syndical du présumé détournement de fonds appartenant au syndicat et pointait du doigt le rôle joué par celui-ci dans la nomination des enseignant(e)s mexicain(e)s. Deux années se sont écoulées; à présent, le SNTE se remet de crises internes et ses membres reprennent peu à peu confiance en lui. Dans le cadre d’une réunion de la direction organisée à Guadalajara le 6 décembre, le nouveau président du SNTE a rappelé à quel point le syndicat avait contribué à améliorer la situation professionnelle des enseignant(e)s depuis sa création en 1943.

Parmi les changements internes opérés par Diaz de la Torre depuis son élection en 2013, on note la promotion d’une culture de la transparence dans l’ensemble de l’organisation, permettant à tout(e) employé(e) d’accéder à des informations en ligne en tout ce qui a trait au travail et à la situation financière du syndicat. Le SNTE a également multiplié les possibilités de participation des membres à tous les niveaux. En plus des 30.000 militant(e)s locaux/ales, 106.000 délégué(e)s scolaire(s) ont été élu(e)s récemment, chacun(e) exerçant une influence directe sur les activités du syndicat.

Présent lors de la réunion de la direction, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) Fred van Leeuwen a déclaré que le combat du syndicat pour la qualité et l’équité ne s’arrêtait pas aux frontières mexicaines. « Il s’agit d’un combat mondial », a-t-il déclaré, appelant les syndicats de l’enseignement du monde entier à jouer un rôle accru en tant que gardiens de la profession.

Fort d’un effectif de 1,6 millions d’adhérent(e)s, le SNTE est le syndicat de l’enseignement le plus important d’Amérique latine.