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Internationale de l'Education
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Le combat mené par les enseignant(e)s du Kenya

Publié 8 janvier 2015 Mis à jour 13 janvier 2015

C'est pour défendre des conditions de vie décentes et des salaires justes que les écoles publiques kenyanes ont fermé leurs portes, à la suite de la grève des enseignant(e)s qui appellent à un accord de négociation collective acceptable.

Après l'échec des négociations sur l'augmentation des salaires avec les représentant(e)s des employeurs, la Teachers’ Service Commission(TSC) et le gouvernement, le Kenya National Union of Teachers(KNUT) et le Kenya Union of Post-Primary Education Teachers(KUPPET), tous deux affiliés de l'Internationale de l'Education (IE), ont invité les enseignant(e)s à débrayer à partir du 5 janvier, et ce, jusqu'à la signature d'un accord de négociation collective satisfaisant. La totalité des 27.949 établissements scolaires du pays sont restés portes closes, affectant au passage plus de neuf millions d’élèves.

« Nous appelons nos membres à rester unis et à n'écouter qu'une seule voix, celle du Secrétaire général, le porte-parole des enseignantes et enseignants. Aucune attention ne doit être portée aux autres voix qui tentent de mettre à mal notre noble combat en faveur des droits des travailleuses et travailleurs au sein de la profession la plus noble, et ce, jusqu'à ce que le gouvernement s'adresse à nous par le biais des forums appropriés », a déclaré le Président national du KNUT, Mudzo Nzili.

Négociations en cours

Depuis janvier 2014, le syndicat de Nzili est engagé dans des négociations avec le gouvernement afin de parvenir à un nouvel accord de négociation collective, devant remplacer la dernière convention signée en 1997 et arrivée à terme en 2011. L'an dernier, 26 réunions conjointes ont été organisées entre les syndicats et le Ministère de l'Education, le Ministère des Finances et la TSC. Les dernières discussions qui se sont tenues le 7 janvier entre les syndicats et le gouvernement, dont les représentants du ministère du Travail, se sont révélées infructueuses.

Face à la TSC, qui a instamment exhorté l'ensemble des enseignant(e)s à reprendre sans condition leur travail dès le 8 janvier, sous peine de sanctions non spécifiées, et a qualifié la grève d'illégale, Nzili a demandé à ses membres de « ne pas refranchir le seuil des écoles tant qu'un accord à l'amiable n'aura pas été trouvé ». Il a également déploré « la situation tendue, néfaste et malheureuse dans laquelle se trouve le système éducatif qui lutte pour réaliser une Education pour Tous, ainsi que les nombreux points du programme pour le développement, tels que les Objectifs du Millénaire pour le développement ».

Des salaires qui ne permettent pas de vivre décemment

« Depuis 1997, alors que le coût de la vie est en constante augmentation, le salaire des enseignantes et enseignants n'a quant à lui pas été revu », souligne une dirigeante du KNUT, Lucy N. Barimbui.

Pour que les enseignant(e)s puissent vivre dans des conditions acceptables, les syndicats considèrent que leurs salaires doivent être augmentés d'au moins 100 à 150 pour cent. Un(e) enseignant(e) qui se trouve au bas de l'échelle salariale gagne actuellement entre 16.692 shillings kenyans (environ 155 euros) par mois et 21.304 shillings kenyans (environ 200 euros), tandis que les enseignant(e)s les plus haut placés gagnent entre 94.252,896 shillings kenyans (environ 880 euros) et 144.928 shillings kenyans (environ 1.350 euros) par mois.

Le syndicat appelle également à une augmentation de 50 pour cent des allocations de logement versées aux enseignant(e)s des grandes villes du pays pour que ces derniers puissent vivre dans des logements décents. L'enseignant(e) le/la moins bien rémunéré(e) perçoit au maximum 3.500 shillings kenyans (une trentaine d'euros) par mois pour se loger, « une somme qui ne permet même pas de s'offrir une maison dans les bidonvilles de Nairobi », ajoute Lucy N. Barimbui.

Le Trade Union Congress of Kenya, qui représente tous les syndicats de fonctionnaires et d'enseignant(e)s, a apporté son soutien au KNUT et au KUPPET, en appelant le gouvernement à trouver une solution dans les plus brefs délais. La Central Organisation of Trade Unions a également fait part de son inquiétude au regard de la lenteur du gouvernement à résoudre cette affaire.