Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

France: réaffirmer les valeurs partagées et communes après les attaques terroristes

Publié 16 janvier 2015 Mis à jour 21 janvier 2015

Après les attentats qui ont endeuillé la France, la Ministre de l’Education a rencontré des syndicats représentant les enseignant(e)s et personnels de l’éducation, les parents et les élèves, pour discuter de la meilleure façon de réaffirmer les valeurs de la République.

Des enseignant(e)s ont éprouvé des difficultés à faire respecter par certain(e)s élèves la minute de silence en hommage des victimes le 8 janvier, et à faire s’engager des discussions au sujet de ces tragiques évènements qui ont amené beaucoup d’interrogations dans les écoles.

La Ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem a souligné qu’elle comprenait la difficulté des enseignant(e)s à « gérer l’émotion face à l’innommable », et a demandé aux recteurs de se « mobiliser » pour répondre aux besoins des personnels. Le Ministère de l’Education nationale a par ailleurs mis en ligne des outils pédagogiques pour réfléchir et débattre avec les élèves, ou encore organiser des ateliers avec supports sur la liberté de la presse et la liberté d’expression.

Vallaud-Belkacem a consulté le 12 janvier les syndicats de l’éducation sur les valeurs de la République, après les attentats qui ont endeuillé la France.

UNSA-Education: aider à la libération de la parole des élèves par une formation adéquate

Laurent Escure, Secrétaire général de l’UNSA-Education et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education (IE), que lutter contre ce type de phénomènes tragiques est « de la responsabilité de toutes et tous ».

Escure a poursuivi en disant qu’il est « primordial de libérer la parole » et que tous les enfants « entendent et comprennent que l’Ecole de la République leur est ouverte », qu’elle a pour objectif de former des « citoyens responsables, autonomes, capables d’exercer leur esprit critique, capables de vivre en toute tolérance », puisque la liberté de conscience et donc de croire ou de ne pas croire est un « droit absolu qui fonde la société française ».

Pour l’UNSA-Education, il est indispensable d’agir à court terme dans les établissements scolaires repérés en mobilisant l’aide des corps d’inspection et d’encadrement pour accompagner les enseignant(e)s qui ne peuvent conduire cela seul(e)s. A moyen et long termes, le syndicat suggère la mise en place des plateformes d’information, de  ressources accessibles en ligne et de saisir des moments spécifiques, comme la Semaine de la presse, pour expliquer et réaffirmer les valeurs de la République, le bien fondé du ‘vivre ensemble’  et de la démocratie.

SNES-FSU: mixité sociale, justice sociale et des personnes ressources pour soutenir les enseignants

Frédérique Rolet, Cosecrétaire générale et porte-parole du SNES-FSU, a elle aussi accueilli favorablement le message de soutien de la ministre, car beaucoup d’enseignant(e)s ont eu des situations d’urgence à régler. Elle a insisté sur le fait que l’école est un travail quotidien pour la tolérance, le ‘vivre ensemble’ et développer l’esprit critique, est qu’elle « a une responsabilité, mais n’est pas responsable, de ce qui s’est passé ».

« Il faut regarder endroits où il est difficile de faire respecter les valeurs d’égalité, de liberté et de laïcité, en faire le recensement et un bilan, et donner un soutien avec des personnes ressources auxquelles les enseignant(e)s peuvent faire appel », a-t-elle suggéré.

Sur le plus long terme, et pour tou(te)s les enseignant(e)s, il convient de donner des outils pédagogiques et renforcer la formation initiale et continue des enseignant(e)s pour savoir comment répondre aux objections d’élèves à de tels contenus d’enseignement.

Pour Rolet, l’accent doit être mis la mixité sociale, une diversité des publics, en en concentrant pas les populations les plus pauvres, en difficulté sociale et scolaire, dans les mêmes établissements scolaires. Il faut également donner à la valeur de justice sociale plus de réalité, a-t-elle réitéré: l’école est fière d’accueillir tout le monde, mais les élèves ont parfois la sensation de ne pas avoir les mêmes chances.

SNUipp-FSU: traiter des questions sociales comme des enjeux éducatifs ou sur la sécurité

Pour Sébastien Sihr du SNUipp-FSU, les attentats peuvent servir à amener « la réaffirmation de l'importance de l'école, de refaire  du commun, de réaffirmer la grande priorité, à savoir la primauté de l'école ». Mais, pour lui aussi, les enseignant(e)s ne peuvent être laissé(e)s seul(e)s: il faut de la formation, initiale et continue, et un accompagnement.

Concernant les projets de programme sur l'éducation morale et civique (EMC) mis en avant par la ministre a mis en avant, il a expliqué que ce n’est pas avec la consultation sur l'EMC que l'on va répondre à ces questions, car ce serait en effet « croire que les enseignantes et enseignants ne faisaient pas déjà de l'éducation morale et civique, et ce n’est pas « avec la seule EMC que l'on va réussir la bataille sur les valeurs éducatives. »

Selon Sihr, il faut exiger d'agir sur l'environnement des élèves et agir sur conditions de vie d'un grand nombre de familles qui vivent dans les quartiers les plus difficiles qui n'ont pas accès à la santé, à un logement décent, à la culture, etc. « Il serait trop facile de n'être que sur les enjeux éducatifs ou sur la sécurité: certes c'est important, mais il faut aussi traiter les questions sociales ».

SGEN-CFDT: des politiques publiques pour accompagner le travail des enseignant(e)s

«Tout le monde s’est senti démuni face à la cruauté de l’attentat», a quant à lui indiqué Frédéric Sève, Secrétaire général du SGEN-CFDT, et pour qui «il n’y a pas de ressource (pédagogique) magique».

Il a présenté une série de propositions au nom de son syndicat, telles que: inscrire la réponse éducative dans le moyen et long terme pour ne pas se contenter d'une réponse à chaud, nécessaire mais insuffisante; prévoir une journée de débat dans les écoles et les établissements à l'occasion de la semaine de la presse qui se déroule du 23 au 28 mars; développer les partenariats avec les autres services publics pour travailler sur l'accompagnement des élèves en voie de radicalisation et de leur famille; développer les projets, les événements favorisant le vivre ensemble, la rencontre de l'autre; faire de l'EMC autre chose qu'un simple enseignement, déconnecté de la vie quotidienne et des réalités vécues par les jeunes en développant les dispositifs de type « apprentissage par le service »; et faire vivre dans l'école la démocratie, le respect en favorisant une école exigeante mais bienveillante.

Il a aussi rappelé à la ministre que l'école avait fait et fait déjà beaucoup, et ne pourra pas réussir seule. « Qu'en est-il de la politique de la ville? Quelles décisions ont été et/ou seront prises par les politiques sur la fin de la ghettoïsation et de la relégation sociale ou ethnique? » a-t-il demandé.

Fep-CFDT: les écoles publiques et privées sont concernées

La mobilisation souhaitée par la ministre au service des valeurs de la République et du ‘vivre ensemble’ « doit concerner tous les établissements publics et privés, sans exception », a quant à lui souligné le Secrétaire général de la Fédération de la Formation et de l’Enseignement Privés-CFDT Bruno Lamour.

Il  a insisté sur le fait que « l’enseignement privé sous contrat en ce sens est concerné et commettrait une grave erreur s’il permettait que des initiatives à venir s’arrêtent à la porte de certains établissements ». Aussi, la Fep-CFDT interpellera l’ensemble des « réseaux du privé », notamment ceux des diverses confessions religieuses, pour que « l’élan national » se traduise aussi dans les établissements privés sous contrat.