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Internationale de l'Education
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Les filles, principales cibles des attaques contre l’éducation

Publié 10 février 2015 Mis à jour 16 février 2015

Selon un nouveau rapport des Nations Unies, les écoles sont loin d’être des lieux sûrs pour les filles, qui continuent d’être la principale cible des attaques dans au moins 70 pays.

Un nouveau rapport des Nations Unies analysant le phénomène des agressions contre les filles qui tentent d’accéder à l’éducation a conclu que, dans au moins 70 pays, des écoles ont été l’objet d’attaques au cours des cinq dernières années (2009-2014), de nombreuses attaques ciblant spécifiquement les filles, les parents et les enseignant(e)s qui défendent l’égalité de genre dans l’éducation.

« Les attaques contre les filles qui accèdent à l’éducation persistent et, de façon inquiétante, leur fréquence semble augmenter dans certains pays », note le document. « Les droits éducatifs des filles et des femmes sont souvent visés, parce qu’ils représentent un défi pour les systèmes existants d’oppression fondés sur le genre et sur l’âge. »

Le document d’orientation, qui sera présenté au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) afin de contribuer à l’élaboration d’une recommandation générale sur l’accès à l’éducation, met en avant les progrès significatifs réalisés pour garantir l’éducation pour tous dans de nombreux pays, tout en notant que les filles rencontrent toujours des obstacles pour jouir pleinement de leurs droits, dans et par l’éducation.

Le rapport fait état de plusieurs cas récents d’attaques menées contre des filles ayant accès à l’éducation, qui ont mis en lumière la fragilité des réalisations en matière d’amélioration de l’accessibilité, de la disponibilité, de l’adaptabilité, de l’acceptabilité et de la qualité de l’éducation pour tous.

Parmi ces exemples figurent le meurtre en décembre 2014 de plus d’une centaine d’enfants dans l’attaque menée par des talibans pakistanais contre une école militaire à Peshawar, l’enlèvement de près de 300 lycéennes en avril 2014 par le groupe Boko Haram dans le Nord-Est du Nigeria et les tirs dirigés contre la militante pour le droit à l’éducation, Malala Yousafzai, par des talibans au Pakistan.

Le rapport épingle également plusieurs cas d’empoisonnement et d’agressions à l’acide contre des écolières en Afghanistan entre 2012 et 2014, le retrait forcé de filles des écoles en Somalie pour devenir les « femmes » des combattants Shebab en 2010 et l’enlèvement et le viol de filles dans une école chrétienne en Inde en juillet 2013.

Les attaques à l’encontre de l’éducation des filles revêtent diverses formes et, dans certains cas, elles ne sont pas explicitement motivées par le désir de refuser une éducation aux filles, mais reflètent plutôt la violence à laquelle se heurtent les filles et les femmes dans tous les domaines de la vie publique et privée, selon le rapport.

« Des attaques impliquant une violence sexuelle à l’égard des enseignantes et des filles dans les établissements d’enseignement ou sur le trajet de et vers l’école ont été rapportées en République démocratique du Congo, au Salvador, en Haïti, en Indonésie, en Irak, au Mali, au Myanmar, aux Philippines et en Syrie », indique le document.

Ces attaques de toutes sortes ont un effet « boule de neige » et affectent la vie des filles et des communautés qui sont directement concernées, mais envoient également aux autres parents et tuteurs/trices le signal que les écoles ne sont pas des lieux sûrs pour les filles.

Lorsque les filles sont retirées de l’école pour des raisons de sécurité et des inquiétudes concernant leur aptitude ultérieure à se marier, d’autres violations des droits fondamentaux peuvent survenir, comme le mariage forcé et le mariage d’enfants, la violence domestique, les grossesses précoces, l’exposition à d’autres pratiques néfastes, la traite des êtres humains et l’exploitation sexuelle et par le travail.

Dans ses conclusions et recommandations, le rapport réclame des mesures pour lutter contre le contexte social, culturel, politique, économique et sécuritaire dans lequel ces violations se produisent, en insistant sur la nécessité de renforcer la disponibilité, l’accessibilité, l’adaptabilité et l’acceptabilité de l’éducation des filles, tout en lançant simultanément des programmes pour combattre les comportements et pratiques culturelles et sociales discriminatoires.

Observant que la transformation des structures inégales de pouvoir fondées sur le genre et sur l’âge est un processus lent et complexe, le rapport réclame également que les garçons et les hommes soient impliqués dans le processus de changement.

(Source : Centre d'actualités de l'ONU)

Le chapitre spécifique du rapport consacré à la violence à l’école peut être consulté ici.