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Internationale de l'Education
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Journée mondiale des enseignant(e)s: les gouvernements doivent autonomiser les enseignant(e)s et consulter les syndicats

Publié 5 octobre 2015 Mis à jour 8 octobre 2015

A l’occasion des célébrations marquant la Journée mondiale des enseignant(e)s organisées au siège de l’UNESCO, l’Internationale de l’Education a rappelé le besoin d’autonomiser et de respecter les enseignant(e)s pour atteindre l’Objectif de développement durable relatif à l’éducation d’ici 2030.

« Aujourd’hui, nous sommes une nouvelle fois réuni(e)s pour célébrer et honorer les enseignantes et les enseignants », a déclaré Fred van Leeuwen, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE), dans son discours d’introduction prononcé au siège de l’UNESCO à Paris, en France, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s (JME), organisée le 5 octobre.

Selon Fred van Leeuwen, cette édition de la JME se distingue dans la mesure où elle marque le début d’une nouvelle ère à la suite de l’adoption des nouveaux Objectifs de développement durable à New York, aux Etats-Unis, la semaine dernière.

Le Secrétaire général de l’IE a également déclaré qu’à l’heure où nous célébrions ce moment historique, nous ne devions pas perdre de vue la pénurie d’enseignant(e)s, qui continue de priver des millions d’enfants de leur droit à une éducation de qualité. D’après les données les plus récentes publiées par l’Institut de statistique de l’UNESCO (UIS), 74 pays sont en proie à une sévère pénurie d’enseignant(e)s. En outre, pour réaliser l’éducation primaire universelle d’ici 2030, 25,8 millions d’enseignant(e)s du primaire devront être recruté(e)s dans le monde entier.

Van Leeuwen a mis en lumière le rôle crucial des enseignant(e)s, en ajoutant qu’ils/elles ne constituent pas simplement un moyen de mettre en œuvre le processus d’éducation, mais qu’ils/elles en sont les véritables acteurs, et qu’ils/elles s’érigent également en agents du changement, qui influencent profondément la vie des enfants, des jeunes et des adultes.

Selon le Secrétaire général de l’IE, ils/elles contribuent à la réalisation non seulement de l’objectif d’éducation, mais également de tous les Objectifs de développement durable et des cibles associées.

Si la communauté internationale reconnaît le rôle crucial des enseignant(e)s, Fred van Leeuwen déplore toutefois les conclusions de l’ étude de l’IE sur la condition des enseignant(e)s et la profession enseignante, publiée cette année, qui révèlent que le regard porté par l’opinion publique sur le statut de la profession enseignante est loin d’être idéal. Provenant de 55 pays, les enseignant(e)s qui ont répondu à cette enquête ont rapporté un déclin de la condition des enseignant(e)s au cours de ces dix dernières années, et signalé que les enseignant(e)s de l’éducation de la petite enfance, de l’enseignement et de la formation professionnels, ainsi que le personnel de soutien à l’éducation, semblaient être ceux/celles qui apparaissaient le plus souvent avec un statut inférieur.

« Au vu de tous les défis auxquels les enseignants sont confrontés, comment pouvons-nous les autonomiser et les encourager à bâtir des sociétés durables – lorsqu’ils ne possèdent pas les connaissances, les capacités et les compétences requises pour enseigner de façon efficace, lorsqu’ils ne sont pas autorisés à exercer leur jugement professionnel au regard des programmes scolaires et des pratiques pédagogiques, lorsque leurs conditions de travail les privent non seulement de leur autonomie, mais également d’un salaire, d’un soutien et d’outils adéquats ? », a demandé Fred van Leeuwen.

Le Secrétaire général a également dénoncé le Mouvement pour la réforme globale de l’éducation (GERM), qui continue de s’immiscer dans les systèmes éducatifs et d’entraver toute autonomisation des enseignant(e)s aux quatre coins du monde. En raison du GERM, le contrôle, la concurrence, le choix et la promotion des évaluations destinées aux élèves et aux enseignant(e)s sont considérés comme les principaux moyens d’améliorer la qualité de l’éducation.

« En réalité, les meilleurs systèmes éducatifs ont adopté une stratégie radicalement opposée », a indiqué Fred van Leeuwen, expliquant que la Finlande, par exemple, avait amélioré son système éducatif en investissant dans les enseignant(e)s. « C’est pourquoi nous appelons vivement les gouvernements à investir dans la profession enseignante. »

Le Secrétaire général a expliqué qu’afin de relever le niveau, les autorités doivent collaborer avec les enseignant(e)s et leurs syndicats en vue de développer, de renforcer et de mettre en œuvre des normes d’enseignement professionnelles au niveau national, ainsi que les compétences des enseignant(e)s. Il a également proposé qu’à l’échelle mondiale, l’IE et ses affiliés œuvrent aux côtés de l’UNESCO, de l’Equipe spéciale internationale sur les enseignants pour l’Education pour tous, de l’Organisation internationale du Travail et d’autres partenaires, dans le but d’élaborer des directives internationales sur les compétences des enseignant(e)s et les normes d’enseignement professionnelles.

Van Leeuwen a ensuite réaffirmé le fait que selon l’IE, les enseignant(e)s et les éducateurs/trices devaient être autonomisé(e)s, dûment recruté(e)s et formé(e)s, doté(e)s de qualifications professionnelles, motivé(e)s et soutenu(e)s au sein de systèmes éducatifs bénéficiant de ressources suffisantes et gouvernés de façon efficace et efficiente.

Le Secrétaire général a également présenté en détail les moyens permettant d’autonomiser les enseignant(e)s, à savoir le respect de leurs droits humains et syndicaux, et l’octroi d’un salaire adéquat.

« A l’heure où nous entamons ce voyage qui durera 15 ans jusqu’en 2030, nous devons éviter de reproduire les erreurs du passé – les promesses non tenues et les échecs, le manque d’investissement dans l’éducation et les enseignantes et enseignants », a déclaré Fred van Leeuwen.

Il s’est également montré intransigeant sur le fait que tous les gouvernements et la communauté internationale devaient faire preuve d’une volonté et d’un engagement politiques clairs, par le biais de mesures financières, législatives ou encore politiques concrètes, afin de garantir la réalisation de la cible relative aux enseignant(e)s et de l’objectif d’éducation dans son intégralité.

« Unis sous la bannière de l’Internationale de l’Education, les enseignants du monde entier se tiennent prêts à continuer de travailler à vos côtés, à l’échelle tant locale que mondiale, dans le cadre de vos efforts visant à garantir que tous les enfants et les jeunes puissent réaliser leurs rêves grâce à une éducation de la plus haute qualité », a conclu Fred van Leeuwen.

Un exemplaire du document « La condition des enseignant(e)s et la profession enseignante – Analyse des perspectives des syndicats de l’éducation » a également été diffusé lors des célébrations à l’UNESCO. Cette étude, commandée par l’IE et à laquelle le Secrétaire général de l’IE a fait référence lors de la séance plénière, a été réalisée par Vasileios Symeonidi. Ce document est disponible ici.

Les enseignant(e)s sont également invité(e)s à s’inscrire pour rejoindre le plaidoyer IE/UNESCO/Rapport mondial de suivi, ainsi qu’à télécharger l’outil de plaidoyer disponible ici.