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Internationale de l'Education
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Kenya : les syndicats des enseignants et la société civile s’unissent pour condamner la privatisation et la commercialisation de l’éducation

Publié 26 janvier 2016 Mis à jour 27 janvier 2016

L’Internationale de l’Education s’est jointe à ses affiliés et partenaires au Kenya pour demander au gouvernement de mettre fin à la croissance des entreprises éducatives au sein du secteur éducatif du pays.

L’article 53 de la Constitution du Kenya précise clairement que chaque enfant dispose du droit immédiat à une éducation de base obligatoire et gratuite. Toutefois, une loi de 2009 relative à l’offre alternative d’une éducation et formation de base reconnait des écoles alternatives ou « non-formelles » et a incidemment ouvert la porte à de grandes sociétés et entreprises éducatives qui bénéficient d’exigences légales moins élevées et tirent profit d’une offre d’éducation non-formelle dans des régions du pays largement mal desservies par les écoles publiques.

Ce vide juridique a attiré l’attention du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, du Comité des droits de l'enfant des Nations Unies et de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. Ils ont tous exprimé leurs inquiétudes par rapport à la privatisation croissante de l’éducation et au nombres d’écoles payantes au Kenya comme Bridge International Academies.

« Une condition préalable pour avoir une éducation de qualité pour tous est la présence d’un(e) enseignant(e) qualifié(e) dans chaque classe, » a déclaré le Secrétaire général du Kenya National Union of Teachers (KNUT), Wilson Sossion en réaction à cette situation. « Il est étonnant de voir que Bridge n’exige que seul 50 pour cent de leur personnel soient des enseignant(e)s qualifié(e)s. De la même façon, il est perturbant que la Banque mondiale fasse la promotion du modèle Bridge et le finance.

Plus récemment, le 21 janvier 2016, la 71e session du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a demandé au gouvernement kenyan de répondre à la privatisation croissante de l’éducation, et particulièrement à l’impact de Bridge sur la qualité de l’éducation au Kenya. Olga Khazova, membre du Comité des Nations Unies et Rapporteuse pour le Kenya a demandé ce que le gouvernement faisait par rapport à la situation selon laquelle Bridge contourne la législation supposée protéger la qualité de l’éducation reçue par les enfants.

« Adopté en septembre 2015, l’objectif de développement durable sur l’éducation des Nations Unies est clair : les gouvernements doivent faire en sorte que l’ensemble des filles et garçons reçoivent une éducation primaire et secondaire complète, gratuite, équitable et de qualité, » a déclaré Angelo Gabrielatos de l’Internationale de l’Education (IE). Il a ajouté : « La commercialisation de l’éducation représente la menace la plus importante pour cet objectif. »

Unis, les syndicats des enseignants et la société civile appellent le gouvernement à :

·         Fermer les vides législatifs et juridiques existants et s’assurer du respect des normes nationales minimales concernant l’offre d’éducation. L’inscription d’une école ne peut se faire que si les normes minimales sont respectées.

·         Remplir ses obligations en vertu de l’objectif pour le développement durable 4. En adoptant les objectifs pour le développement durable, les gouvernements se sont engagés à assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et à promouvoir les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour toutes et tous. L’objectif 4.1 demande aux gouvernements de s’assurer que l’ensemble des filles et des garçons achèvent un enseignement primaire et secondaire gratuit, équitable et de qualité menant à des apprentissages pertinents et efficaces.

·         Remplir son obligation primaire de financer correctement et de façon adéquate une éducation de qualité gratuite pour tous les enfants peu importe leur origine. Ce point est crucial pour la prospérité future du Kenya.