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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Les enseignant(e)s, clé d'une éducation de qualité et de la réussite de l’Agenda pour l’éducation 2030

Publié 4 avril 2016 Mis à jour 6 avril 2016

Il faut mettre en œuvre la cible relative aux enseignant(e)s dans le cadre des Objectifs de développement durable et du Cadre d’action Education 2030. Tel est l’un des principaux constats du 8e Forum de dialogue politique de l’Equipe spéciale internationale sur les enseignants qui s’est tenu du 14 au 17 mars, à Mexico.

L’éducation est l’outil le plus puissant de lutte contre les inégalités, qui constituent un défi majeur pour la société et les systèmes éducatifs, a déclaré Juan Díaz de la Torre, du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación(SNTE) et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education (IE) lors du Forum.

Défis

Juan Díaz de la Torre a lancé un signal d’alarme face aux tendances à la privatisation qui affectent l’éducation et a également insisté sur la participation des syndicats d’enseignants dans la définition et la mise en œuvre des normes et des politiques en matière d’éducation, « leurs opinions devant être reflétées dans le cadre juridique ». Il a également appelé au respect des droits humains et syndicaux des enseignant(e)s.

La déprofessionnalisation des enseignant(e)s, les salaires et les conditions de travail constituent des enjeux fondamentaux auxquels il faut s’atteler sans délai. Les enseignant(e)s ont en outre besoin d’être valorisés, a souligné de la Torre. Il a également plaidé en faveur de l’utilisation de la recherche comme soutien des politiques d’éducation. Au Mexique, le SNTE a créé un institut national principalement centré sur la recherche et les réseaux d’enseignants, auquel 400.000 enseignant(e)s collaborent, a-t-il déclaré.

Le dirigeant du SNTE a ensuite expliqué que plus de 10% de la population mexicaine est autochtone et que son syndicat vient en aide aux enseignant(e)s des communautés autochtones. En guise de conclusion de son allocution, il a insisté sur le fait que « les syndicats et les associations d’enseignant(e)s constituent les éléments d’une solution, et non d’un problème », avant de rappeler que « l’éducation est l’affaire de toutes et tous! »

Investissements nécessaires

Teopista Birungi Mayanja, membre de la Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives mondiales (Commission de l’éducation) et ancienne membre du Bureau exécutif de l’IE, a également pris la parole lors du Forum. Elle a déclaré que la Commission constitue une « initiative mondiale de premier plan visant à appeler les dirigeants, les décideurs politiques, les chercheurs et la société dans son ensemble à mettre au point de nouvelles voies ou de nouveaux plans d’investissement et de financement contraignants, afin de garantir que chaque enfant et chaque jeune puisse bénéficier des mêmes chances en matière d’éducation. »

Le programme de développement pour l’après-2015 constitue une opportunité de concevoir un nouveau plan d’investissement et un nouveau programme d’action pour l’éducation, a-t-elle souligné. Elle a également insisté sur le fait que, sans action urgente, les perspectives des plus de 124 millions d’enfants et de jeunes qui ne sont toujours pas scolarisés, et des plus de 250 millions d’enfants qui ne peuvent acquérir les compétences de base, sont fortement compromises.

Manques de moyens mis en exergue

Birungi Mayanja a déploré: •    la baisse des montants alloués à l’éducation dans les budgets gouvernementaux d’un certain nombre de pays, en dépit de l’accroissement des besoins; •    la diminution de près de 10% de l’aide internationale consacrée à l’éducation alors que le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté; •    la prévision d’un déficit de financement de l’éducation de base de plus de 27 milliards de dollars américains d’ici 2020, sans qu’aucun plan n’existe pour combler ce fossé; •    la répartition inefficace des ressources permettant de financer l’éducation entre les pays, comme au sein de ces derniers, l’aide apportée à l’éducation se révélant inégale entre les régions; •    que la moitié des d’enfants non scolarisés vivent dans des zones de conflit et d’urgence; et •    que l’éducation reçoive moins de 2% de l’aide humanitaire.

Rapport

Birungi Mayanja a précisé que le rapport de la Commission sera présenté aux coorganisateurs ainsi qu’au Secrétaire général des Nations Unies à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2016. Le rapport et les recommandations seront communiqués aux chefs d’Etat et de gouvernements, aux ministres, aux dirigeant(e)s d’entreprise, ainsi qu’aux investisseurs potentiels du monde entier, dans le cadre d’une stratégie de diffusion étendue et systématique, dès leur  lancement.

Les recherches menées par la Commission visent à synthétiser les enseignements tirés sur la création d’un corps enseignant à la fois efficace et soutenu; à renforcer les normes d’enseignement professionnelles, le professionnalisme et la responsabilité mutuelle en soutenant les politiques d’enseignement fondées sur des données probantes; à former des dirigeant(e)s d’établissement scolaire et de systèmes éducatifs; et à étudier comment la technologie peut renforcer le rôle des enseignant(e)s.

Enseignement et apprentissage

Dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage, le Coordinateur senior de l’IE, Dennis Sinyolo, a annoncé aux participant(e)s que le Cadre d’action Education 2030 nourrissait l’objectif de transformer les vies grâce à l’éducation. Il a ensuite débattu des Objectifs de développement durable (ODD) et l’Objectif 4 portant sur une Education de qualité, ainsi que les stratégies pour la mise en œuvre de la cible sur l’éducation et de celle relative aux enseignant(e)s.

« Il est nécessaire d’accroître les investissements dans l’éducation et dans les enseignantes et enseignants, et de placer la barre plus haut! », a-t-il affirmé. Nous pouvons y parvenir en renforçant les normes d’enseignement professionnelles, le professionnalisme des enseignant(e)s et la responsabilité mutuelle. Il est également possible d’y parvenir en favorisant le professionnalisme des enseignant(e)s grâce à des codes de déontologie, et en soutenant la responsabilité mutuelle au moyen d’évaluations entre pairs. Le soutien et la collaboration entre enseignant(e)s s’avèrent plus efficaces qu’une supervision et des inspections externes, a-t-il ajouté.

Lignes directrices mondiales

Il a expliqué que l’IE se penchait actuellement sur l’élaboration de lignes directrices internationales relatives aux normes d’enseignement professionnelles et qu’elle mettait en place un réseau mondial de professionnels visant à l’autonomisation des enseignant(e)s. En outre, grâce au programme Educateurs/trices de qualité pour tou(te)s, l’IE et Oxfam Novib soutiennent le développement professionnel des enseignant(e)s au Bangladesh, au Mali, au Niger et en Ouganda.

Quant aux indicateurs pour les objectifs de développement et les cibles connexes, il a insisté sur le fait que les syndicats de l’éducation et les enseignant(e)s doivent participer à l’élaboration et à la mise en œuvre d’indicateurs mondiaux, régionaux et nationaux sur les ODD et les enseignant(e)s. Ces indicateurs doivent être à la fois quantitatifs et qualitatifs, a-t-il précisé.

Crises et conflits

L’IE a également organisé, conjointement avec le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et Save the Children, une séance thématique pré-Forum sur la gestion des enseignant(e)s dans des contextes de conflit et de crise.

Les participant(e)s à cette séance ont convenu que l’ODD 4 visait à garantir aux enfants en zone de crise et de conflit une éducation sûre et de qualité. Ils/Elles ont ensuite indiqué que c’est uniquement en répondant aux besoins des enseignant(e)s exerçant dans ces contextes de crise et d’urgence que les besoins des enfants les plus vulnérables seront également satisfaits. Ils ont, par ailleurs, dénoncé le fait que 36% des  21 millions d’enfants non scolarisés vivent dans des parties du monde frappées par des conflits et des crises.

Le recrutement, la rétention et la pénurie d’enseignant(e)s constituent un défi majeur. En outre, ils ont observé que la fuite des cerveaux parmi les enseignant(e)s pouvait avoir un effet dévastateur sur la qualité de l’enseignement pour les enfants les plus vulnérables. Ils ont en outre rappelé que la sécurité des enseignant(e)s ne devait pas être ignorée et que les contextes de crise requéraient le meilleur développement professionnel des enseignant(e)s possible.

La déclaration du Forum de Mexico: Les enseignant(e)s pour l’Agenda pour l’éducation 2030 (en anglais) peut être consultée ici.