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Internationale de l'Education
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Liberté au travail: les syndicats de l’éducation réaffirment les droits des travailleurs/euses LGBTI

Publié 8 août 2016 Mis à jour 16 août 2016

Le respect des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées est à la fois un défi syndical et professionnel, a réaffirmé le Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, Fred van Leeuwen, lors de la conférence Freedom at Work (Liberté au travail), qui s’est tenue à Amsterdam.

Organisée par le réseau Pink de la Federatie Nederlandse Vakbeweging ( FNV), une fédération syndicale néerlandaise, la conférence Freedom at Work, qui s’est tenue à Amsterdam, aux Pays-Bas, les 4 et 5 août, a rassemblé des dirigeant(e)s syndicaux/ales et des syndicalistes et militant(e)s lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, transgenres et intersexué(e)s (LGBTI) du monde entier. Lors des séances plénières et des ateliers, les participant(e)s ont échangé des stratégies afin de créer des lieux de travail et des classes sûrs et des sociétés exemptes de violence et de discrimination, notamment de racisme et de xénophobie.

Vous pouvez compter sur nous !

« L’initiative de la FNV d’organiser cette conférence a été saluée et nous rappelle à tous ce qui doit encore être fait. Vous pouvez compter sur nous! », a déclaré van Leeuwen dans son allocution devant la plénière.

L’Internationale de l’Education développera le réseau LGBTI et continuera de soutenir des initiatives régionales, a-t-il indiqué. Et d’ajouter qu’il est regrettable que de nombreuses organisations ne reconnaissent toujours pas l’importance de protéger leurs membres LGBTI. Avec ses affiliés, l’IE continuera de plaider pour leurs droits et ceux des élèves auxquels ils donnent cours.

Van Leeuwen a insisté sur les trois tâches vitales que doivent remplir les syndicats en général et les organisations nationales d’enseignant(e)s en particulier, qui sont « les avocats les plus actifs des droits des minorités »:

·         lutter contre la discrimination affichée ou cachée des employeurs, des autorités publiques, des collègues, des parents ou des étudiant(e)s, par tous les moyens disponibles;

·         promouvoir et aider à mettre au point des programmes éducatifs visant à lutter contre l’intolérance et les préjugés et fournir des conseils professionnels aux enseignant(e)s afin de mettre efficacement en œuvre ces programmes; et

·         permettre aux membres LGBTI de s’organiser aux niveaux national et international et les encourager à le faire.

Chaque vie compte

« Nous ne réussirons que lorsque nos initiatives mondiales seront combinées à des actions aux niveaux national et local, lorsque nous unirons nos forces à celles d’autres mouvements de la société civile, avec de dissidents des régimes autocratiques qui font preuve d’un courage personnel incroyable. La vie des Noirs, la vie des personnes LGBTI, la vie des réfugiés, … oui, chaque vie compte. Et nous devons lutter ensemble contre la haine et la violence », a déclaré van Leeuwen durant l’un des nombreux ateliers organisés, en ajoutant qu’on ne peut pas espérer que les syndicalistes enseignant(e)s LGBTI « sortent du placard » tant que ces droits ne seront pas respectés. « La voie à suivre consiste à construire un mouvement international plus large en faveur de la démocratie et de la diversité ».

Discrimination croissante

La Secrétaire générale de l’ Internationale des services publics(ISP), Rosa Pavanelli, a également participé à la conférence. « En cette période de mondialisation néolibérale, de crises environnementales et de migrations massives, la xénophobie et toutes les formes de discrimination augmentent », a-t-elle déclaré.

Outre la « diabolisation » des migrant(e)s, « des pans entiers des populations nationales sont privés de leur légitimité et condamnés », a ajouté Pavanelli, qui a fait observer que « le lien entre le racisme, le sexisme et l’exploitation de la main-d’œuvre nous rappelle qui est de notre côté ».

Le président du réseau Pink de la FNV, Ger Gorlsma, a également souligné les deux résultats principaux de la conférence: une plateforme de syndicalistes et de militant(e)s et le rappel lancé à toutes les fédérations mondiales d’inscrire les droits des personnes LGBTI à leur ordre du jour et de prendre des mesures concrètes pour renforcer la mise en œuvre de ces droits au sein de leurs organisations membres.

Collaboration accrue

Durant la quinzaine d’ateliers, des syndicalistes, dont des enseignant(e)s, et des militant(e)s LGBTI ont échangé des informations et partagé des modèles de formation et des initiatives visant à produire du matériel.

Au cours d’une session organisée conjointement par l’IE et l’ISP, les affiliés ont partagé des connaissances, ont évalué les progrès et ont exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis des reculs des droits des personnes LGBTI sur le lieu de travail. Les participant(e)s ont déclaré qu’une formation et des lignes directrices plus exhaustives sur les droits humains devaient être élaborées. Par ailleurs, davantage de relations et d’actions conjointes doivent être menées au sein des différents réseaux syndicaux contre la discrimination et des alliances doivent être conclues avec d’autres mouvements prônant la justice sociale.

Appel à l’UE pour donner la priorité à l’égalité

A l’occasion de l’Europride, la Confédération européenne des syndicats(CES) a annoncé des propositions concrètes destinées aux institutions de l’Union européenne et a réaffirmé sa mobilisation contre la discrimination et en faveur de l’égalité pour tou(te)s. La CES a également demandé avec insistance aux institutions européennes que l’égalité et la non-discrimination figurent en bonne place à l’ordre du jour, tout en veillant à ce que les droits des personnes LGBTI et de tous les travailleurs/euses progressent, tant du point de vue législatif et politique que dans le contexte du dialogue social et des relations industrielles à tous les niveaux.

Des progrès insuffisants

A l’avant-plan du mouvement LGBTI depuis des décennies, l’IE et l’ISP préconisent l’adoption de normes internationales tout en engageant des actions contre les autorités publiques dans le monde pour violations des droits. Bien que des normes importantes sur la non-discrimination et l’égalité des personnes LGBTI, le racisme, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance aient été adoptées ces dernières années, l’IE et l’ISP considèrent que les syndicats peuvent aller plus loin. Dans certains pays, des personnes LGBTI ou des migrant(e)s servent de boucs émissaires pour distraire les électeurs/trices des vrais problèmes politiques et économiques et des militant(e)s sont attaqué(e)s au prétexte qu’ils constituent une menace pour l’identité nationale et la moralité.

En octobre 2017, l’ISP et l’IE organiseront un forum conjoint des travailleurs/euses LGBTI. Cet événement se tiendra en préalable au Congrès de l’ISP et sera l’occasion de renforcer l’unité et les réseaux syndicaux LGBTI et de rendre l’agenda des droits humains plus inclusif et plus visible pour tou(te)s.