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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Eduquer à l’abolition

Publié 1 septembre 2009 Mis à jour 1 septembre 2009

« Ouvrez une école, vous fermerez une prison. » – Victor Hugo

Quel pays exécute le plus d’individus en appliquant la peine de mort ? La Chine. En 2008, plus de 70% des exécutions capitales dans le monde ont eu lieu dans ce pays, la plupart d’entre elles suite à des procès inéquitables.

Quel pays détient le record d’exécutions capitales par tête d’habitant ? L’Iran. L’Iran est également connu pour être un des pays à avoir appliqué, l’an dernier, la peine de mort à des délinquants mineurs d’âge, en dépit de l’indignation mondiale.

Quel est le seul pays des continents américains à recourir régulièrement à la peine de mort ? Les Etats-Unis. En 2008, près de la moitié de l’ensemble des exécutions capitales aux Etats-Unis ont eu lieu au Texas, y compris les exécutions de citoyens mexicains qui se sont vu refuser le droit d’être représentés par un avocat.

En 2008, la Chine, l’Iran et les Etats-Unis, ainsi que l’Arabie saoudite et le Pakistan, ont été responsables de plus de 90% des exécutions capitales dans le monde. Ces pays représentent le plus grand défi à surmonter pour parvenir à abolir la peine de mort mondialement.

10 octobre : Journée mondiale contre la peine de mort

Chaque année, la Coalition mondiale contre la peine de mort célèbre cette Journée mondiale, le 10 octobre, à travers des actions et des initiatives dans le monde entier. L’IE s’est associée à la mission particulière de cette année qui consiste à éduquer les étudiants à l’abolition.

« Comme enseignants, notre mission dans la société est bien d’ouvrir les esprits, de donner à tous les enfants, à tous les jeunes, les moyens de devenir les citoyens éclairés de demain. Alors quoi de plus naturel pour nous que d’éduquer à la tolérance, au respect le plus absolu de l’autre, à la justice et aux droits ? C’est une part de notre identité, de notre éthique professionnelle », explique Francis Barbe du syndicat d’enseignants français SNUIPP, un affilié de l’IE.

Afin d’apporter un soutien aux enseignants dans le cadre de cette mission, la Coalition mondiale a élaboré un guide pédagogique à l’intention des enseignants s’adressant à des élèves de 14 à 18 ans. Il contient des instructions permettant d’organiser des jeux de rôle et des débats, ainsi que des propositions de films, chansons et œuvres littéraires pouvant être utilisés pour éduquer à l’abolition.

Irréversible, inutile et injuste

Le message du guide est clair et limpide : aucun système judiciaire n’est infaillible. Or la peine de mort est un châtiment irréversible qui ne permet aucun retour en arrière et qui, en outre, exclut toute possibilité de réhabilitation.

Comme le souligne Amnesty International : « La peine de mort est l’un des symptômes d’une culture marquée par la violence et non un remède à ce fléau ».

Le plus souvent, la plupart des condamnations à mort sont prononcées contre les personnes démunies, les malades mentaux ou d’autres groupes marginalisés. L’Arabie saoudite illustre tristement cet exemple : près de la moitié des personnes exécutées en 2008 étaient des travailleurs immigrés issus de pays pauvres et de pays en développement.

La peine de mort est souvent utilisée comme instrument de répression politique. L’année dernière, des dirigeants syndicaux ont été accusés de trahison au Pakistan, un crime passible de la peine de mort. En Biélorussie, le dernier pays en Europe où la peine de mort est toujours appliquée, des participants aux manifestations qui ont eu lieu suite aux élections de 2006 ont été menacés de peine de mort.

L’IE poursuit sa campagne en faveur de Farzad Kamangar, un enseignant syndicaliste iranien, torturé et condamné à mort en 2008 suite à un procès inéquitable qui n’aura duré que quelques minutes. A heure actuelle, Farzad Kamangar est toujours détenu dans les couloirs de la mort, malgré les protestations internationales.

Des progrès considérables

L’Ouzbékistan et l’Argentine ont aboli la peine de mort en 2008 pour tous les crimes, ainsi que le Burundi au début de cette année. Cependant, 58 pays dans le monde maintiennent toujours l’application de ce châtiment archaïque, lequel aura coûté la vie à plus de 2.300 personnes en 2008.

Une tendance positive peut cependant être observée : parmi ces pays, certains planchent actuellement sur des réformes en vue d’abolir la peine de mort, tandis que d’autres commuent la quasi totalité des condamnations à mort en peines d’emprisonnement à vie. Ce progrès est dû aux efforts déployés sans relâche par les opposants à la peine de mort dans le monde entier.

Aujourd’hui, afin de susciter une meilleure compréhension des droits humains parmi les citoyens de demain, nous invitons les enseignants à prendre la tête de cette initiative : Il est temps d’éduquer à l’abolition !

Par Angelika Striedinger.

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 31, septembre 2009.