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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

5 octobre 2009 « Pour bâtir l’avenir : investissons dans les enseignant(e)s maintenant ! »

Publié 22 décembre 2009 Mis à jour 22 décembre 2009

Tel était le message retentissant lancé par les enseignants qui ont défilé partout dans le monde pour célébrer et promouvoir leur Journée mondiale, malgré la menace que représente la crise économique mondiale pour le secteur de l’éducation et d’autres services publics clés.

Dans les pays où les droits démocratiques sont respectés, les enseignants ont rendu hommage à leur profession et ont marqué leur engagement par le biais d’un grand nombre d’activités créatives et hautes en couleurs. Dans d’autres pays, plusieurs facteurs ont empêché les enseignants d’exercer leurs droits à la liberté d’expression et à la liberté syndicale, qu’il s’agisse des caprices de la nature ou d’interdictions émanant de la sphère politique.

En Indonésie, par exemple, les enseignants ont rencontré de nombreuses difficultés à reprendre les cours dans les décombres de Padang, où plus de 600 personnes ont trouvé la mort et où de nombreux établissements, notamment des écoles, ont été détruits par les deux importants séismes qui ont secoué le pays fin septembre.

En Iran, des enseignants syndicalistes tenaient une réunion syndicale au domicile de leur Secrétaire général, M. Baghani, à Téhéran, lorsque des policiers en civil ont soudainement fait irruption et les ont tous arrêtés. Aucune raison n’a été avancée à cela. Neuf des enseignants syndicalistes ont été relâchés le jour suivant, mais Baghani a été interrogé pendant 11 heures et accusé de « tenir une réunion non autorisée » et de « célébrer la Journée mondiale des enseignants ».

En Roumanie, les enseignants et d’autres agents publics ont fait grève le 5 octobre afin de protester contre les coupes considérables dans les dépenses publiques ordonnées par le Fonds monétaire international (FMI). Les enseignants s’étaient déjà mis en grève cette année devant un gel des salaires et le refus de payer l’augmentation prévue de 50 % de leur maigre salaire moyen s’élevant à 485 $ par mois.

Au Cambodge, les autorités gouvernementales ont interdit aux membres de l’IE de célébrer la Journée mondiale des enseignants. Dans une lettre envoyée le 3 octobre, les autorités municipales de Phnom Penh ont informé la Cambodian Independent Teachers’ Association(CITA), affiliée à l’IE, qu’elle n’obtiendrait pas l’autorisation de célébrer cette journée devant les anciens bâtiments de l’Assemblée nationale et du Ministère de l’Education, ainsi qu’elle envisageait de le faire. « Au Cambodge, il n’y a plus de liberté, ni de droit à la liberté d’expression et à la liberté syndicale nous permettant d’agir ensemble au sein d’organisations et de syndicats », a déclaré Leng Bunhong, le directeur administratif de la CITA.

En Espagne, au contraire, le Président José Luis Rodriguez Zapatero a publié une lettre ouverte aux enseignants dans le cadre des récentes réformes éducatives et de son nouveau projet en vue d’un accord social national pour le secteur de l’éducation. Dans cette lettre, il écrit: « du fond du cœur, je poursuivrai mes efforts afin de démontrer que la grandeur d’un pays se mesure au respect qu’il accorde aux enseignants ».

Le 5 octobre, lors d’une conférence à l’UNESCO, des représentants de l’UNESCO, de l’OIT, de l’UNICEF et de l’Internationale de l’Education a attiré l’attention sur les attentes immenses et les demandes envers les enseignants de nos jours : « le 21ème siècle appelle de nouvelles approches pour l’apprentissage, la pensée innovante, l’acquisition de connaissances spécifiques concernant l’environnement, la santé et la citoyenneté et la promotion de valeurs et d’attitudes éthiques. La capacité des systèmes éducatifs à répondre de façon effective aux besoins des apprenants d’aujourd’hui dépend en grande partie de l’action qui est entreprise maintenant pour recruter, former et soutenir les enseignants et pour leur garantir un travail décent. »

Pour Koïchiro Matsuura, Directeur général de l’UNESCO, « de nombreux pays font des efforts considérables pour atteindre les objectifs éducatifs, mais ils n’y parviendront pas sans recruter et former bien plus d’enseignants. Nous ne pouvons pas laisser la crise économique et financière faire des coupes dans les budgets alloués à l’enseignement. Des dépenses en baisse pour l’éducation auront des conséquences dramatiques à court et à long terme sur la qualité de l’enseignement. »

En Belgique, les enseignants ont manifesté devant le Ministère de l’Education de la Communauté française pour la suppression du projet visant à imposer la prestation maximale de la plage horaire et à réduire le financement de l’éducation.

Les syndicats allemands GEW et VBE ont publié une déclaration conjointe soulignant que « les décisions ayant été prises lors du Sommet sur l’éducation en 2008 doivent être intégralement mises en application sur le plan politique » et ils ont lancé un appel afin que « l’Etat fédéral et les Régions ( Länder) se chargent conjointement de créer les conditions favorables à l’instauration d’une République d’Allemagne éducative ».

En Albanie, les syndicats d’enseignants FSASH et SPASH ont organisé conjointement des événements au niveau municipal afin d’impliquer le plus grand nombre possible d’enseignants et de syndicalistes locaux. A l’occasion de l’un des événements qui se sont déroulés dans la capitale Tirana, le Ministre de l’Education et de la Science, Genc Pollo, a annoncé que le gouvernement envisageait de faire de l’éducation l’une de ses priorités majeures l’an prochain et qu’il comptait accroître l’investissement en particulier dans les secteurs du préprimaire et de l’enseignement primaire.

Aux Etats-Unis, l’ American Federation of Teachers a exhorté le Congrès et l’administration Obama à faire des investissements conséquents dans l’éducation, notamment en ce qui concerne le recrutement et la rétention du personnel, tant au niveau national qu’à l’étranger, afin de garantir un avenir meilleur aux enfants et de restaurer la puissance économique du pays.

« De l’Argentine au Zimbabwe, les gouvernements du monde entier luttent contre la crise économique et il est crucial, aujourd’hui plus que jamais, qu’ils renoncent aux réductions budgétaires dans le secteur de l’éducation car il s’agit-là d’une solution qui n’est que temporaire et qui aura des conséquences négatives à long terme, au détriment de nos enfants qui risquent de ne jamais pouvoir s’en remettre complètement », a déclaré Randi Weingarten, Présidente de l’AFT.

La National Education Association aux Etats-Unis a exprimé son inquiétude concernant les systèmes d’évaluation sélective dans les écoles américaines et a estimé qu’ils sont comparables à ceux pratiqués par les enseignants sud-africains. La cinéaste Molly Blank s’est intéressée au rôle de l’évaluation dans les écoles supérieure sud-africaines et, afin de marquer la Journée mondiale des enseignants, son film Testing Hope sera disponible en ligne du 5 au 9 octobre exclusivement à l’adresse www.nea.org.

Au Royaume-Uni, les membres du National Union of Teachers d’Angleterre et du Pays de Galles ont également boycotté les évaluations dans leurs écoles.

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 32, décembre 2009.