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Internationale de l'Education
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Une action collective contre des attaques mensongères

Publié 25 mars 2011 Mis à jour 13 avril 2011

La menace brandie par l'ultraconservateur Gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker, de supprimer le droit des enseignants à la négociation collective, ainsi que leurs prestations d'assurance médicale et leurs droits à la pension, a jeté des milliers de militants pro-syndicats dans les rues aux Etats-Unis.

La mobilisation concertée des affiliés de l’IE, l’ American Federation of Teachers(AFT) et la National Education Association(NEA), dont les responsables et militants ont mené une vigoureuse campagne aux niveaux local et national, a eu pour effet, selon les sondages d'opinion, de ranger l'opinion publique aux côtés des syndicats. Une enquête d'opinion montre que 53% des personnes interrogées sont opposés à la réduction des avantages sociaux et des salaires des enseignants; selon une autre enquête, 61% des personnes sont opposées à la suppression du droit des enseignants à la négociation collective. Même les sondages conservateurs ont montré que la majorité de la population du Wisconsin est opposée à la tentative de Walker d'éliminer le droit à la négociation collective.

L'argumentation de Walker est aussi prévisible que faible. Les enseignants, prétend-il, ont des salaires et des avantages sociaux supérieurs à d'autres, dans un Etat « en surpoids » qui devrait suivre une « cure d'amaigrissement » pour pouvoir continuer à fonctionner. Tout cela est loin de la vérité. En fonction de l’âge et de la formation, les travailleurs des pouvoirs locaux américains gagnent 4% de moins que leurs homologues du secteur privé. Certes, les problèmes des pensions sont réels, mais si la volonté politique existe, la catastrophe pourrait être évitée par une augmentation modeste des moyens budgétaires. Oui, les membres des syndicats bénéficient généralement de prestations supérieures. C'est précisément le but de l'existence d'un syndicat : améliorer notre niveau de vie grâce à l'action collective. Et c'est précisément pour cette raison que Walker les a pris pour cible.

Des cadeaux fiscaux aux multinationales

La démarche de Walker n'a pas grand-chose à voir avec le souci de redresser le déséquilibre budgétaire, mais elle vise à exploiter la crise pour porter un coup fatal au mouvement syndical. Si la résorption du déficit budgétaire était vraiment sa priorité, Walker n'aurait pas gaspillé 140 millions de dollars en cadeaux fiscaux pour les multinationales ou en refusant d'utiliser les fonds fédéraux pour le développement. Comme 10 autres Etats, il aurait même pu envisager de relever progressivement les impôts.

Des histoires similaires pourraient être tirées de pays aussi éloignés que l'Equateur et l'Irlande, ou d’un lieu proche du Wisconsin, l'Ohio, où des projets de loi anti-syndicats existent aussi. Un tel contexte aide à comprendre pourquoi les messages de solidarité et de soutien destinés à l'AFT et la NEA se sont multipliés, émanant de syndicats membres de l’IE.

Le Wisconsin illustre clairement les sophismes idéologiques et mensonges politiques qui inspirent ces attaques. En ayant engagé le combat d'une manière aussi brutale, Walker n'a guère d'autre choix que de le poursuivre jusqu'à son amer dénouement.

les syndicats défendent les travailleurs

Les syndicats de l'éducation, l’AFT et la NEA, l'ont bien compris: leurs leaders et militants se sont multipliés sur les ondes et dans les rues pour manifester jusqu'aux portes des hôtels de ville et dans les capitales des Etats. Les syndicats savent qu'ils doivent s’adresser aux gens et les convaincre que ce combat est mené pour la défense de leurs normes standards de travail et que c'est seulement en résistant ensemble qu'ils gagneront ce combat et stopperont la course au « moins disant » social.

C'est pourquoi l’IE a maintenu un contact quotidien avec les syndicats américains et se prépare à introduire une plainte auprès de l’Organisation internationale du Travail (OIT) contre les autorités américaines pour violation des normes essentielles du travail et auprès du Comité conjoint OIT-UNESCO d’experts sur l’application des recommandations sur le personnel enseignant.

Confrontés à une menace existentielle, le mouvement syndical a élargi ses horizons et galvanisé une opposition nationale pluraliste. C’est une condition indispensable, mais en aucun cas une garantie,  pour le succès.

Par Pav Akhtar, Internationale de l'Education

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 37, avril 2011.