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Internationale de l'Education
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Le syndicalisme mondial face à la crise: un espoir de changement

Publié 24 septembre 2012 Mis à jour 1 mars 2017
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Une éducation de qualité reste une priorité syndicale centrale pour l’égalité entre femmes et hommes, pour offrir des opportunités à des groupes en marge de la société, pour la démocratie, et pour bâtir une société saine et durable.

Une action nationale n’est plus suffisante pour défendre le droit à l’éducation et pour accroître les contributions de l’éducation à la société. Ce combat est devenu mondial et, par conséquent, une priorité du Groupement Global Unions, en collaboration avec le mouvement syndical enseignant, conduit par l’IE, qui joue un rôle prépondérant. Rien ne pourrait rendre la dimension et le contexte mondiaux de l’éducation plus apparent que l’impact de la Grande Récession.

Une poignée d’acteurs des marchés financiers ont renversé l’économie mondiale. Depuis la fin des années 70, des bulles financières basées sur un endettement excessif ont régulièrement gonflé et éclaté, la toute dernière ayant un impact très dévastateur. Les gouvernements et les institutions mondiales ont été irresponsables depuis des décennies en dérégulant les marchés financiers, motivés ni par la raison, ni par l’expérience, mais par la confiance aveugle dans les vertus des forces effrénées du marché, combinées à un puissant lobbying des banques et autres institutions financières.

Lorsque le choc de la première crise a frappé, le Groupement Global Unions a salué la volonté apparente des dirigeants mondiaux et des institutions, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), d’examiner les bases de l’économie mondiale et d’agir de façon à assurer que l’histoire ne se répète pas. Il semblait que l’idée que les marchés financiers devraient servir l’économie réelle et non l’inverse avait été redécouverte. Heureusement, l’impact de la crise n’a pas été le même dans tous les pays. Certaines économies émergentes qui ont suivi des trajectoires politiques différentes, telles que le Brésil et l’Argentine, s’en sont relativement mieux tirées que les pays européens et d’autres pays de l’OCDE. Mais, la crise est une préoccupation pour tous et son impact est loin d’être terminé.

S’il est peut-être vrai qu’un sauvetage des banques au bon moment ait évité une Dépression mondiale, il a eu un coût énorme. Et cette action n’a pas été combinée avec des mesures adéquates pour réguler les marchés financiers de façon à éviter une deuxième crise. De plus, trop peu de choses ont été faites pour lutter contre le chômage croissant.

La crise et la polarisation

Nous sommes désormais entrés dans une deuxième phase de la crise où les acteurs des marchés financiers, notamment les banques et les agences de notation telles que Standard and Poors et Moodys, sont de nouveau aux commandes. Ils imposent des limites strictes aux gouvernements, quelque chose qu’ils ont complètement échoué à s’appliquer à eux-mêmes. Cela revient à « punir » les gouvernements pour avoir dépensé de l’argent, notamment pour les énormes dépenses consacrées à sauver les banques. Leur conduite a aussi pour effet de forcer d’autres sauvetages.

La deuxième phase de la crise a débuté lorsque les gouvernements ont soudain décidé que les dépenses et les services publics, si récemment considérés comme faisant partie de la solution à la crise, doivent être brusquement réduits. Des dépenses essentielles visant à maintenir ou à améliorer les services publics, à créer des emplois, et à aider à maintenir des protections sociales à rude épreuve, ont été coupées. Un climat de panique avait « pris le dessus » sur une autorité politique responsable.

Sur le plan des revenus, le chômage croissant a réduit considérablement les rentrées fiscales, et les augmentations d’impôts ont été rares, même pour les citoyens et les sociétés les plus privilégiés. Les contributions ont été en déclin au cours des dernières décennies. Les études du FMI, de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de l’OCDE ont toutes montré qu’une inégalité croissante n’est pas seulement un problème social, mais aussi un problème économique. Elles montrent également que les services publics contribuent à l’égalité et soulignent le rôle de l’éducation comme facteur en faveur de l’égalité (cf. l’étude la plus récente de l’OCDE, « Toujours plus d’inégalité: Pourquoi les écarts de revenus se creusent », à consulter sur www.oecd.org/els/social/inequality).

L’union fait la force

L’IE, en collaboration avec d’autres syndicats mondiaux, a soutenu un certain nombre de mesures pour lutter contre la crise. Elle a oeuvré avec d’autres pour influencer le G20, le FMI et la Banque mondiale, l’OIT et l’OCDE, et d’autres encore. Parmi les propositions du Groupement Global Unions figurent:

  • La régulation mondiale des marchés financiers afin de réduire leur rôle dominant dans l’économie mondiale et de leur redonner le rôle de soutien vis-à-vis de l’économie réelle et de l’investissement productif;
  • Un vaste éventail d’actions urgentes en faveur des emplois et de la relance, mettant notamment l’accent sur le chômage des jeunes, afin de créer des conditions d’emploi correctes et sûres;
  • Des mesures pour l’emploi fondées notamment sur une amélioration de l’éducation et de la formation, qui assureront la création à long terme de bons emplois durables. Ceci est un élément central de la lutte contre l’inégalité et la pauvreté;
  • Répondre aux défis du changement climatique de façon à avoir un impact réel et démontrable sur les émissions de carbone, créer des emplois verts et renforcer la durabilité sociale;
  • Lever des impôts justes qui produiraient des revenus plus importants émanant des groupes à revenu élevé et des sociétés, et qui lutteraient contre la fraude et l’évasion fiscales, combleraient certains vides juridiques et combattraient les paradis fiscaux;
  • La taxe sur les transactions financières, une mesure qui ne produirait pas seulement des revenus, mais limiterait les transactions financières rapides, rendant les marchés financiers plus stables et moins dangereux;
  • Faire respecter pleinement les droits syndicaux et promouvoir de solides systèmes de négociation collective et de dialogue social, pour aider à construire l’équité et la démocratie; rendre la protection sociale plus complète, notamment par le biais de la création d’un socle de protection sociale soutenu par un financement adéquat;
  • S’opposer aux mesures d’austérité et maintenir la capacité du gouvernement, de façon à ce qu’il puisse gouverner efficacement, offrir de bons services efficaces, être pertinent et crédible, y compris en ce qui concerne les mesures visant à influencer la direction de l’économie; et
  • Soutenir des services publics de qualité, comme moyen important pour surmonter la crise, mais également comme moyen de soutenir la société, instaurer la démocratie et améliorer la qualité de vie.

Des services publics de qualité sont une priorité majeure du Groupement Global Unions. Ils ne résistent pas uniquement aux programmes d’austérité des gouvernements, mais se présentent également sous la forme de campagnes visant à obtenir le soutien du public à des services gouvernementaux qui améliorent et apportent une valeur ajoutée à la société, d’une façon que les entreprises privées ne peuvent le faire. Les valeurs des services publics sont le fondement de sociétés décentes, des sociétés qui reposent sur des valeurs et non uniquement sur des prix.

Une éducation gratuite de qualité et un syndicalisme libre sont actuellement, ainsi qu’historiquement, liés. Nous menons le combat de notre vie. Aux niveaux national et mondial, les syndicats sont confrontés à des forces puissantes déterminées à défendre leur contrôle et leurs privilèges. Néanmoins la solidarité fonctionne et son pouvoir ne devrait jamais être sous-estimé.

Notre travail aux niveaux national, régional et mondial est lié. Les progrès réalisés au niveau national dépendent de plus en plus des décisions et/ou des contraintes au niveau régional ou mondial. De même, le changement aux niveaux régional et mondial n’aura pas lieu sans une action nationale. Dans ce contexte, les syndicats d’enseignants jouent un rôle central. Ensemble, si nous renforçons notre coalition syndicale et coopérons efficacement avec d’autres pour mobiliser les citoyens et pour exercer des pressions, nous pouvons changer l’équilibre des pouvoirs et renforcer les valeurs humaines afin de changer la société dans laquelle nous vivons et travaillons.