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Internationale de l'Education
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Un appui psychosocial post-ouragan aide des enseignant(e)s haïtien(ne)s traumatis(é)s à se reconstruire

Publié 2 mars 2017 Mis à jour 16 mars 2017

Pour beaucoup d’enseignants(es), les cicatrices émotionnelles de l’ouragan Mathieu doivent encore se refermer, et c’est pourquoi un programme de solidarité internationale a aidé à soutenir leurs collègues en ayant le plus besoin.

Construction d’un réseau en appui psychosocial

A l’initiative de l’Union Nationale des Normalien(ne)s et des Educateurs/trices d’Haïti (UNNOEH) et de la Fédération Nationale des Travailleurs en Education et en Culture (FENATEC), affiliés à l’Internationale de l’Education (IE), 600 professionnel(le)s de l’éducation ont suivi un séminaire de formation en appui psychosocial, 150 dans chacune des quatre régions haïtiennes les plus touchés par la catastrophe naturelle en octobre 2016, à savoir les Nippes, le Sud, la Grande-Anse et le Nord-Ouest. Le séminaire s’est tenu dans le cadre d’un projet lancé par les syndicats, sous la coordination de l’IE, et grâce à l’appui financier de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE).

Ce projet a pour objectif de donner un appui psychosocial aux enseignant(e)s des départements touchés par le cyclone Matthieu, former une cellule d’intervention pour assister et/ou former à leur tour d’autres enseignantes et enseignants avant et après d’éventuelles catastrophes naturelles, et aider les enseignant(e)s de ces régions à reprendre confiance.

Les séances de formation sont planifiées et présentées par une équipe de six psychologues. Parmi les thèmes abordés figurent la définition de la notion de catastrophe, l’intervention psychosociale, la gestion du stress, les conseils pratiques pour surmonter le deuil, l’importance du développement de la résilience, la relation d’aide auprès des étudiant(e)s et le stress chez l’enfant.

Le psychologue et formateur syndical sur le soutien psychosocial Wesly François a indiqué que les demandes ainsi que les traumas sont multiples et diversifiés. Ils se rapportent surtout au deuil (perte en vies humaines, perte de bétail et endommagement ou destruction de maisons), aux pertes financières, à la consommation de substances psychoactives telles que l’alcool et le tabac. Il a aussi expliqué que les enseignant(e)s ont estimé avoir été traité(e)s en parents pauvres après l’ouragan, ce qui n’a fait que rajouter au stress post-traumatique.

FENATEC: permettre « que les enseignants reprennent leurs vies »

Pour le Président de la FENATEC René Prévil Joseph, de telles activités sont très importantes pour aider « les enseignants à trouver la motivation nécessaire pour accomplir leur mission qui est d’accompagner les élèves ». Pour lui, « les enseignants doivent être à point psychologiquement pour pouvoir mieux accompagner les étudiants.»

Il a insisté sur le fait que les psychologues donnent des éléments aux enseignant(e)s et les aident à exprimer leur trauma vécu pendant l’ouragan ainsi que leur douleur à se trouver devant des difficultés matérielles. Ils/Elles les aident à trouver des solutions et à mieux s’occuper de leurs étudiant(e)s, eux/elles aussi victimes de l’ouragan.

UNNOEH: appel au Ministre pour « emboîter le pas »

Déplorant que Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) n’ait pas pensé à aider les enseignants sur le plan émotionnel, le Coordonnateur Général de l’UNNOEH, Georges Wilbert Franck a parlé du « bien-fondé » de cette initiative.

Notant que les enseignant(e)s sont satisfait(e)s du niveau de la formation et convaincu(e)s de la nécessité d’intervenir dans ce domaine, Wilbert Franck a souligné qu’ils/elles sont les mieux placé(e)s pour apporter un appui psychosocial, ce qui devait « interpeller » le ministre de l’Education et faire en sorte « qu’il emboîte le pas ».

Bien que l’UNNOEH et la FENATEC travaillent ensemble depuis 2010 sur des initiatives conjointes, ils n’ont toutefois pas l’habitude de gérer un projet avec un enjeu aussi grand, et ont convenu du besoin de « renforcer nos structures et d’une mise en commun des capacités sur le terrain ».

Une formation qui doit être élargie et complétée

Pour la prochaine phase du projet les sessions de formation seront étendues. Il est prévu que 30 personnes des 4 régions ayant déjà reçu la formation psychosociale initiale seront sélectionnées sur base de leurs compétences et de leur leadership. « Il faudra identifier des leaders avec un esprit volontaire pour essayer de former une équipe dans chaque région », a insisté Prévil Joseph, et « après avoir formé les équipes, une autre rencontre sera organisée avec ces personnes », et, « avec ce petit noyau, nous essaierons de faire de la prévention avec les enfants et les autres enseignants non présents à la formation ».

Les personnes choisies feront partie d’un réseau chargé de former une équipe dans chaque région pouvant intervenir auprès des étudiant(e)s, des parents et des membres de la communauté éducative en situation post-traumatique.