Ei-iE

Résolution pour la région Europe

Publié 25 juillet 2011 Mis à jour 31 mars 2017

Le 6ème Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), réuni au Cap, en Afrique du Sud, du 22 au 26 juillet 2011 :

Contexte

  1. Considérant que de nombreux gouvernements nationaux d’Europe proposent ou mettent en œuvre des réductions drastiques des financements consacrés à l’éducation et présentent ces mesures d’austérité comme une conséquence de la crise économique et financière mondiale qui a débuté en 2007, alors que d’autres reconnaissent l’importance d’investir dans l’éducation en réponse à la crise ;

  1. Considérant que le déclenchement de la crise actuelle est le résultat d’une réglementation inadéquate des marchés financiers et du comportement irresponsable des institutions financières ;

  1. Considérant que les politiques d’austérité préconisées par les gouvernements européens vont entraver la croissance de l’emploi ;

  1. Considérant que le bien-être de nos sociétés est mis à mal, d’une part par une forte concentration d’argent se trouvant dans les mains de quelques acteurs privés et d’autre part par la pauvreté des budgets publics ;

  1. Considérant que la réduction des budgets alloués à l’éducation affectera la qualité et l’accessibilité des services d’éducation à tous les niveaux ;

  1. Considérant que, à court et moyen terme, les systèmes d’éducation de toute l’Europe connaîtront des pénuries considérables de personnels, essentiellement dues au grand nombre d’éducateurs atteignant l’âge de la retraite et à l’échec des gouvernements à mettre en place des programmes efficaces de recrutement ;

  1. Constatant que l’éducation est un droit fondamental et universel et un bien public dont les objectifs premiers sont le développement du potentiel de l’individu, la diffusion des connaissances, le renforcement de la cohésion sociale, la consolidation de la démocratie et l’épanouissement personnel ;

  1. Constatant que des investissements et un soutien massifs à l’ensemble de l’éducation – éducation de la petite enfance, enseignement primaire et secondaire, enseignement et formation professionnels, apprentissage tout au long de la vie, enseignement supérieur et recherche – sont largement reconnus comme une priorité essentielle pour la viabilité d’une société de la connaissance dans l’Europe postindustrielle ;

  1. Constatant que l’éducateur, l’enseignant, le formateur, le professeur et le chercheur jouent un rôle crucial dans le système éducatif ;

  1. Constatant que les conditions de travail de l’éducateur, comme un salaire attrayant, l’accès à un régime de retraite sûr et équitable, des possibilités de développement professionnel continu, un nombre raisonnable d’élèves par classe, des systèmes de protection de la santé et de la sécurité pour faire face au stress lié au travail et à la violence et au harcèlement sur le lieu de travail, sont des conditions préalables essentielles ;

  1. Constatant la pénurie latente de personnel enseignant et les propositions de formation « au rabais » (durée restreinte, exigences moins élevées pour l’obtention des titres) proposées en conséquence de la crise et de cette pénurie par ces mêmes gouvernements ;

  1. Constatant que l’égalité de traitement de tous les éducateurs, indépendamment de leur âge, leur sexe, leur origine ethnique, leur handicap, leur orientation sexuelle, leurs convictions et leurs engagements religieux et politiques, devrait être reconnue comme une norme non négociable ;

  1. Vu les caractéristiques uniques de la région Europe en termes d’institutions et de structures supranationales et leurs politiques, qu’il s’agisse du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, de l’Association européenne de libre-échange, de l’Espace économique européen, de la zone euro, de l’espace Schengen ou de l’Union douanière européenne, qui ont un impact considérable sur la vie quotidienne des citoyens européens et sur les systèmes éducatifs en Europe ;

  1. Vu, en particulier, le caractère unique de l’Union européenne, qui consacre dans son Traité la Charte des droits fondamentaux, la possibilité pour les partenaires sociaux de participer à l’élaboration de la législation et la compétence pour contribuer « au développement d’une éducation de qualité en encourageant la coopération entre États membres et, si nécessaire, en appuyant et en complétant leur action tout en respectant pleinement la responsabilité des États membres pour le contenu de l’enseignement et l’organisation du système éducatif ainsi que leur diversité culturelle et linguistique» ;

  1. Vu les politiques européennes et de l’UE actuelles en matière d’éducation, qu’il s’agisse du Processus de Bologne pour l’enseignement supérieur et la recherche, du Processus de Copenhague pour l’enseignement et la formation professionnels, du Programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, de la Méthode ouverte de coordination et de son processus européen connexe d’évaluation comparative, qui ont des répercussions majeures sur les systèmes éducatifs nationaux ;

  1. Vu la pression croissante pour trouver des sources alternatives de financement, en particulier dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, et la demande de modernisation et de changement d’approche de la gestion de l’éducation qui conduit à une commercialisation et à une marchandisation de ce secteur ;

Action

Le 6ème Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE) :

  1. invite instamment les gouvernements nationaux et régionaux à maintenir et à augmenter le niveau des investissements publics dans l’éducation, à tous les niveaux, et en particulier dans le domaine de la formation des enseignants, et à défendre l’éducation, qui doit être gratuite, et la recherche en tant que services publics, avec les statuts et les moyens propres correspondants, permettant de soutenir les libertés académiques dans l’enseignement supérieur et la recherche ;

  1. Appelle les gouvernements européens à proposer uniquement des formations de qualité c’est-à-dire au niveau master, afin de maintenir et d’améliorer la qualité de l’enseignement et de rendre la profession enseignante plus attractive ;

  1. appelle les gouvernements nationaux et les organisations d’employeurs d’Europe à recruter davantage d’enseignants hautement qualifiés à tous les niveaux de l’enseignement ;

  1. appelle les gouvernements nationaux et les organisations d’employeurs d’Europe à collaborer avec le mouvement des syndicats d’enseignants par le dialogue social et la négociation collective afin de parvenir à de meilleures conditions de travail et à l’égalité de traitement de tous les travailleurs de l’éducation dans les termes énoncés aux points 9 et 10 de la présente résolution ;

  1. appelle les décideurs européens et nationaux à adopter et à mettre en œuvre des politiques appropriées afin de développer des systèmes éducatifs efficaces, de qualité, équitables et durables à tous les niveaux de l’enseignement en Europe, en tenant compte de l’égalité et de l’équilibre entre les hommes et les femmes ;

  1. exige que les institutions européennes et les gouvernements nationaux prévoient, pour la mise en œuvre des politiques et processus européens décrits au point 13 de la présente résolution, des investissements publics adéquats pour la participation pleine et entière des parties prenantes de l’éducation et pour la responsabilité publique à toutes les étapes des processus ;

  1. appelle les gouvernements à changer les politiques économiques et fiscales en termes de distribution du PNB ;

  1. exige que les gouvernements européens appliquent des mesures fiscales justes et progressives pour trouver les recettes supplémentaires nécessaires à l’augmentation des investissements dans l’éducation afin d’offrir une éducation de qualité pour tous et d’éviter la privatisation et la commercialisation des services éducatifs ;

  1. donne mandat à l’IE et au CSEE-Région Europe pour promouvoir et défendre vigoureusement les principes énoncés dans la présente résolution, pour intervenir auprès des institutions européennes (Conseil, Parlement, Commission) et pour soutenir les actions des affiliés dans leurs efforts et leurs combats nationaux, ainsi qu’au niveau international dans toute l’Europe.