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Résolution sur la recherche publique et les libertés scientifique et académique

Publié 25 juillet 2015 Mis à jour 31 mars 2017

Le 7e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, réuni à Ottawa, au Canada, du 21 au 26 juillet 2015:

Reconnaît que:

1. Dans la plupart des pays du monde, les réformes de l’organisation et du financement de la recherche publique organisent le pilotage de la recherche essentiellement pour des intérêts à court terme économiques et, dans une certaine mesure, sociétaux.

2. En conséquence, les financements des laboratoires publics de recherche dépendent toujours plus d’orientations définies par les politiques n’ayant pas fait l’objet du moindre débat dans la communauté scientifique ni dans la société.

3. Les questions de recherche que se posent les scientifiques sont ainsi occultées au profit d’injonctions politiques leur imposant une obligation d’innovation et de transfert vers l’industrie, qui seraient des clefs pour résoudre la crise économique.

4. Ces politiques s’appuient sur les concepts du New Public Management (nouvelle gestion publique) pour organiser le pilotage des recherches et des chercheurs/euses. Le financement sur projets devient le mode très majoritaire du financement des recherches. Les réformes en cours conduisent ainsi à brider les libertés scientifiques, et à réduire significativement le temps des chercheurs/euses effectivement disponible pour des activités de recherche.

5. Une des conséquences majeures du financement sur projets est l’explosion de la précarité, tout particulièrement celle des jeunes scientifiques, au détriment d’emplois stables et permanents.

6. Face à ces attaques contre la recherche publique, l’Internationale de l’Éducation doit engager une campagne mondiale pour la liberté de la recherche et la liberté académique sur les bases suivantes.

7. La recherche doit être libre. Ce qui veut dire, liberté d’initiative et de réalisation de la recherche et indépendance des chercheurs/euses qui doivent être à l’abri des pressions de toutes sortes. La recherche doit contribuer à l’accroissement des connaissances dans quelque domaine que ce soit, seule garantie du bien-être intellectuel et culturel des humains. L’activité de recherche ne peut participer à la construction d’un avenir meilleur pour la planète et se développer dans l’intérêt des sociétés humaines que si sont garanties deux libertés fondamentales: la liberté de recherche et la liberté académique.

8. Pour assurer ces libertés et le développement de la recherche, les chercheurs/euses, les enseignant(e)s-chercheurs/euses ainsi que les personnels ingénieurs et techniciens doivent bénéficier de meilleures conditions de travail, et en particulier d’emplois stables et de salaires décents.

9. L’exigence démocratique fait des connaissances scientifiques des biens publics mondiaux. Tout en œuvrant à une démocratie scientifique qui favorise débats et co-élaborations de savoirs entre chercheurs/euses et acteurs/trices citoyen(ne)s, les États doivent garantir la liberté intellectuelle de la recherche et l’autonomie professionnelle du champ scientifique, garantes de la scientificité des savoirs, en amont des décisions visant à la construction de politiques publiques.