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Photo credit: Oscar Gonzalez/NurPhoto/Shutterstock
Photo credit: Oscar Gonzalez/NurPhoto/Shutterstock

Le réseau Climat de l’Internationale de l’Éducation propose des réponses syndicales puissantes au changement climatique

Publié 1 juin 2021 Mis à jour 23 janvier 2023

La deuxième réunion du réseau Climat de l’Internationale de l’Éducation a essentiellement porté sur la force collective et le soutien à une éducation au changement climatique pour tou·te·s.

La réunion du réseau s’est déroulée en ligne le 25 mai et a offert aux organisations membres un espace pour échanger des expériences, des informations et des stratégies afin de se soutenir et de développer une force collective pour atteindre une justice climatique et une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s. Le réseau est composé de responsables syndicaux et de membres du personnel chargés des activités en lien avec le climat.

Le réseau a été mis sur pied pour guider et soutenir la campagne de l’Internationale de l’Éducation Enseignez pour la planète. Menée par des éducateur·trice·s en partenariat avec EARTHDAY.ORG, cette campagne vise à rendre l’éducation au changement climatique, fondée sur la science et axée sur l’action citoyenne, aussi fondamentale que l’enseignement de la lecture et de l’écriture.

La campagne repose sur le Manifeste de l’Internationale de l’Éducation pour une éducation de qualité au changement climatique pour tou·te·s– un instrument stratégique qui expose la vision de la profession enseignante pour une éducation de qualité au changement climatique et le cadre politique nécessaire à sa mise en œuvre. « Enseignez pour la planète » stimulera la mobilisation mondiale en faveur d’une éducation de qualité au changement climatique jusqu’à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) en novembre 2021.

L’Internationale de l’Éducation vient de lancer un appel d’offres relatif à des services de consultance(en anglais), à fournir entre le 15 juin et le 15 septembre 2021, pour soutenir les volets « stratégie » et « plaidoyer » de la campagne.

Les organisations membres ont mis à jour la liste des participant·e·s aux activités de campagne ou les domaines d’action prioritaires recensés depuis le lancement de la campagne « Enseignez pour la planète ».

Nouvelle-Zélande : la politique en matière de changement climatique axée sur quatre domaines clés

En Nouvelle-Zélande, le New Zealand Educational Institute Te Riu Roa(NZEI) a adopté une politique en matière de changement climatique en septembre 2016 et a désigné un responsable de campagne pour le changement climatique en octobre 2020.

Conor Twyford du NZEI a expliqué que les activités du syndicat sur le climat s’articulent autour de quatre domaines principaux axés sur la réduction des émissions :

  1. Supprimer les émissions de carbone des effectifs syndicaux.
  2. Action pilote dans trois régions (Conseils régionaux) : le syndicat met en place des structures représentatives sur le climat et désigne un responsable du climat pour chaque conseil régional. Les problèmes locaux varient et les actions seront donc décidées à l’échelon local et dirigées par un membre de la communauté maorie (les Maoris sont le peuple polynésien autochtone de Nouvelle-Zélande).
  3. Conseil des syndicats – groupe sur une transition juste : un groupe intersyndical échange des informations et des stratégies sur des questions relatives à une transition juste, par exemple des contributions au projet de rapport de la Commission sur le changement climatique ou sur les travaux futurs.
  4. Création d’un mouvement/coalition national impliquant de renforcer les relations avec le mouvement indigène pour le climat.

Amérique latine : la pandémie n’arrête pas les actions d’information et de sensibilisation des éducateur·trice·s et des élèves

Au Panama, Juan Eduardo Blas du Magisterio Panameño Unido(MPU) a exposé le projet de son syndicat pour protéger des espèces animales, comme les tortues de mer, qui sont menacées partout dans le monde et sont victimes du changement climatique. Lancé par des universitaires, ce projet fait intervenir des écoles et des universités de tout le pays.

Dans le cadre de ce projet, des éducateur·trice·s et des élèves nettoient des plages, prennent soin des zones de mangrove et entretiennent des contacts étroits avec les communautés locales, étant donné que l’objectif est de les sensibiliser aux ressources marines et terrestres du Panama.

En raison de la pandémie, le nombre de visites sur les plages a été limité, parce qu’aucun rassemblement n’y était autorisé.

Les établissements scolaires sont toujours fermés et rouvrent progressivement, en commençant par les écoles primaires, mais il est toujours possible de travailler en ligne et de surveiller les plages, a déclaré Blas.

Cette année, les participant·e·s au projet ont déjà libéré des bébés tortues : « Nous voulons montrer aux communautés combien notre projet est important, combien les tortues sont importantes et combien elles sont affectées par de nombreuses activités humaines ».

En Amérique latine toujours, la Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina(CTERA) a organisé les 4 et 5 juin un Congrès international sur l’éducation à l’environnement. Ce congrès s’est inscrit dans le droit fil de la campagne « Enseignez pour la planète » de l’Internationale de l’Éducation et visait à inspirer les communautés du monde à agir et à se mobiliser pour faire en sorte que l’éducation au changement climatique, fondée sur des données scientifiques et axée sur l’action citoyenne, soit intégrée dans les processus d’enseignement et d’apprentissage.

Au Mexique, le Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación(SNTE) s’inquiète du changement climatique et de « l’héritage que nous allons laisser à nos enfants », a souligné Francisco Javier Carretero.

Le SNTE mène des campagnes permanentes et temporaires sur la manière d’aider la planète. « Nous avons mené une campagne sur la déforestation, qui permettait aux enfants d’adopter un arbre afin de créer un cercle vertueux d’empathie avec l’environnement. Nous avons également organisé une campagne pour sauver des espèces marines en danger en invitant des élèves à adopter des vaches de mer. »

Carretero a également indiqué que son syndicat insiste pour une éducation au changement climatique afin de protéger l’environnement. En particulier, il a déploré que « [son] pays possède beaucoup de ressources hydriques. Pourtant, nous avons constaté que nos eaux souterraines sont très polluées » et certaines terres sont devenues arides au Mexique récemment.

Japon : une « approche institutionnelle globale » de l’éducation au changement climatique

Tamaki Terazawa, directrice des affaires internationales au sein du Japan Teachers’ Union(JTU), a exposé les expériences et les enseignements que le JTU a tirés de la Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’éducation au développement durable (EDD), qui s’est tenue du 17 au 19 mai.

Au cours de la conférence de l’UNESCO, a-t-elle souligné, le JTU a transmis les messages clés de l’Internationale de l’Éducation en tant qu’organisation mondiale représentant les éducateur·trice·s, à savoir le droit des enfants à recevoir une éducation au climat de qualité et les responsabilités des gouvernements dans la mise en œuvre d’une éducation au climat de qualité.

Le JTU applique une « approche institutionnelle globale », par laquelle l’école offre un apprentissage complet, les enseignant·e·s et les élèves développent l’apprentissage sur l’éducation au développement durable (EDD) à tous les niveaux, y compris par l’enseignement entre pairs, et les enseignant·e·s suivent une formation en groupe restreint et élaborent également du matériel.

Terazawa a souligné que les éducateur·trice·s doivent être considéré·e·s comme des parties prenantes essentielles de l’éducation au changement climatique, comme c’est le cas dans la Déclaration de Berlin sur l’éducation au développement durable adoptée à l’issue de la conférence de l’UNESCO. Cette déclaration reconnaît « le rôle crucial des enseignants pour promouvoir l’EDD et investir dans le renforcement des capacités des enseignants et des autres personnels de l’éducation à tous les niveaux et pour garantir une approche sectorielle de la transformation nécessaire de l’éducation ».

Zimbabwe : soutenir le renforcement des capacités des enseignant·e·s en matière de gestion des risques de catastrophe

Le directeur général de la Zimbabwe Teachers' Association(ZIMTA), Sifiso Ndlovu, a indiqué que le syndicat s’efforce de promouvoir une éducation au changement climatique. Ainsi, la ZIMTA a réussi à obtenir l’inclusion de l’éducation au changement climatique dans le plan stratégique national sur l’éducation pour la période 2021-2025. Elle négocie également avec le ministre de l’Éducation pour modifier le programme scolaire et y inclure l’éducation au changement climatique. En outre, elle fait pression pour que l’éducation au changement climatique soit un sujet interdisciplinaire dans l’enseignement primaire et secondaire et le syndicat coopère étroitement avec le ministère de l’Environnement sur les questions liées à l’éducation au changement climatique.

Les effets dévastateurs provoqués par le cyclone Idai, qui a frappé le pays en mars 2019, ont clairement mis en évidence la nécessité d’élaborer un cadre conceptuel pour une politique de la ZIMTA en matière d’EDD, a souligné Ndlovu.

Cette politique s’articulera autour des « cinq doigts – outils – sur la nécessité d’une éducation de qualité au changement climatique », a-t-il indiqué. Ces outils sont les suivants :

  1. Outil « Courtier du savoir » : le syndicat offre éducation, recherche et leadership pour une société durable.
  2. Outil lié aux Objectifs de développement durable (ODD): des éléments des ODD 4, 13 et 16 mettent directement en évidence l’importance d’une éducation au changement climatique.
  3. Outil de diagnostic : la ZIMTA et d’autres syndicats doivent montrer aux gouvernements les effets négatifs inégaux du changement climatique, les régions/pays sous-développés étant souvent les plus affectés.
  4. Outil réactif : le syndicat aidera à reconstruire des établissements d’enseignement sûrs, sécurisés et résilients face au changement climatique.
  5. Outil adaptatif : l’éducation au changement climatique doit être intégrée dans les programmes scolaires et ne pas se limiter à la science, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques.

La ZIMTA veut également renforcer les capacités des enseignant·e·s dans le domaine de la gestion des risques de catastrophe, a conclu Ndlovu.

États-Unis : l’AFT prend des mesures pour soutenir une transition juste

En ce qui concerne l’Amérique du Nord et les Caraïbes, David Hughes, de l’ American Federation of Teachers(AFT), a indiqué que son syndicat a approuvé le « Green New Deal », qu’il décrit comme « le premier plan bien pensé pour une transition juste et une justice climatique aux États-Unis ».

Il a expliqué que l’AFT a suivi ce plan en repensant les trois rôles que jouent les éducateur·trice·s, à savoir enseigner, consommer des combustibles fossiles et investir dans les combustibles fossiles.

Les enseignant·e·s ont donc partagé des enseignements afin de prendre des mesures en faveur de l’éducation au changement climatique.

Hughes a toutefois souligné que l’AFT est allée plus loin et a conclu un partenariat avec la fédération syndicale mondiale qui regroupe des syndicats des secteurs de la construction, des matériaux de construction, du bois, de la sylviculture et des secteurs connexes (BWI). « Nous voulons transformer les établissements scolaires en lieux à faible émission de carbone, en sites de production d’énergie solaire pour la résilience des communautés locales, en changeant tous les systèmes énergétiques, c’est-à-dire les systèmes électriques, de chauffage, de refroidissement et de ventilation. »

À propos du rôle d’investisseur des éducateur·trice·s, il a indiqué que les enseignant·e·s, en tant que fiduciaires de caisses de retraite, peuvent décider d’investir cet argent dans des combustibles respectueux de l’environnement et envoyer un message politique disant que les éducateur·trice·s veulent prendre leurs distances avec les combustibles fossiles.