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Le groupement Global Unions réclame des mesures urgentes pour garantir l’équité vaccinale, à l’heure où un nouveau variant de la COVID-19 apparaît

Publié 29 novembre 2021 Mis à jour 2 décembre 2021

Le Conseil des Global Unions, représentant plus de 200 millions de travailleurs et travailleuses à travers le monde, vient de publier une déclaration demandant aux gouvernements, et notamment au Royaume-Uni, à la Suisse et à l’Allemagne, ainsi qu’à la Commission européenne, de privilégier les vies humaines plutôt que les profits, en levant temporairement les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et les produits médicaux destinés à lutter contre la COVID-19 auprès de l’Organisation mondiale du commerce.

Une dérogation temporaire à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour les vaccins contre la COVID-19 a été proposée pour la première fois en octobre 2020 par l’Inde et l’Afrique du Sud. Depuis, plus d’une centaine de pays se sont déclarés favorables à cette initiative. Seuls quelques pays riches restent opposés à cette dérogation et continuent de défendre activement les intérêts des sociétés pharmaceutiques, alors que la pandémie mortelle a déjà emporté plus de cinq millions de personnes dans le monde et continue de décimer les populations les plus vulnérables.

Le président des États-Unis Joe Biden et le Parlement européen ont récemment réaffirmé leur soutien à une dérogation temporaire aux droits de propriété intellectuelle. Parallèlement, la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce prévue cette semaine a dû être reportée en raison des risques liés au nouveau variant Omicron, apparu dans plusieurs pays où l’accès aux vaccins reste limité.

« Des millions de vies ont déjà été emportées, des vies qui auraient pu être sauvées. L’Union européenne, le Royaume-Uni et la Suisse ne peuvent permettre que des entreprises plongent le monde dans une pandémie sans fin au nom du profit. »

David Edwards, Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation.

David Edwards, Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, a déclaré : « En tant que travailleurs et travailleuses du secteur de l’éducation, nous avons été en première ligne de cette pandémie et avons été témoins de ses conséquences dramatiques parmi nos élèves, nos collègues et au sein de nos communautés. Une distribution équitable des vaccins est la seule issue possible. La solution passe par la solidarité, non par la cupidité. Des millions de vies ont déjà été emportées, des vies qui auraient pu être sauvées. L’Union européenne, le Royaume-Uni et la Suisse ne peuvent permettre que des entreprises plongent le monde dans une pandémie sans fin au nom du profit. »

La déclaration complète du Conseil des Global Unions est présentée ci-après.

Les travailleurs et travailleuses du monde entier réclament un accès universel aux vaccins, aux technologies et aux produits médicaux destinés à lutter contre la COVID-19. Les gouvernements doivent prendre des mesures de toute urgence.

Déclaration du Conseil des Global Unions (CGU), 24 novembre 2021

Cela fait deux ans maintenant que la pandémie de COVID-19 sévit à travers le monde. Les travailleur·euse·s se sont mobilisé·e·s et ont risqué leur vie pour protéger celle des autres, leurs moyens de subsistance et l’économie mondiale. Ils·elles ont permis à la science et à la médecine de faire des avancées remarquables, grâce au développement rapide des tests de dépistage, des traitements, des médicaments, des dispositifs médicaux, des équipements de protection individuelle et, le plus important, des vaccins contre la COVID-19.

Malgré le dévouement de ces travailleur·euse·s, une poignée de gouvernements sabotent la reprise mondiale en faisant obstacle au partage de ces avancées médicales, entraînant davantage de décès et continuant à mettre en danger les travailleur·euse·s et les communautés. Une action collective immédiate est nécessaire pour garantir un accès égalitaire et universel aux vaccins contre la COVID-19 et à l’ensemble des technologies et produits médicaux.

Le mouvement syndical international appelle tous les gouvernements, et en particulier le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse, ainsi que la Commission européenne, à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à toutes et tous d’accéder aux vaccins contre la COVID-19 et leur demande de soutenir la dérogation ciblée et temporaire à l’ADPIC, proposée par l’Afrique du Sud et l’Inde à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), visant à lever un obstacle majeur à la protection des travailleur·euse·s et des communautés dans le monde, à l’heure où le coronavirus continue de sévir. Le système de l’OMC prévoit la suspension des règles en matière de propriété intellectuelle dans des circonstances exceptionnelles. La pandémie est clairement une circonstance exceptionnelle.

Les travailleur·euse·s ont été les plus touché·e·s par l’accès inégalitaire aux vaccins, en particulier dans les pays en développement. Dans les pays où les approvisionnements sont rares, le personnel de santé et les travailleur·euse·s de première ligne attendent toujours leurs vaccins. Alors qu’ils restent déterminés à assurer la sécurité des sociétés et le bon fonctionnement des économies et des chaînes d’approvisionnement essentielles, une poignée de dirigeants et de sociétés pharmaceutiques leur font faux bond.

Le droit fondamental de travailler dans des environnements professionnels sécurisés ne peut être garanti sans un accès à la vaccination, quel que soit le lieu où l’on vit. Ne pas assurer un accès équitable aux vaccins et aux traitements dans le monde constitue une menace existentielle, qui met en péril la sécurité des travailleur·euse·s et les droits humains, notamment le droit à la vie, le droit de bénéficier des plus hautes normes en matière de soins de santé, le droit de bénéficier des avancées scientifiques et le droit au développement.

Ces manquements menacent également la relance du secteur industriel. Le FMI a averti que l’absence d’initiatives pour accélérer la vaccination risquait de freiner la reprise et de provoquer une perte de 5.300 milliards en termes de PIB au cours des cinq prochaines années. La production, la distribution et la consommation de biens et services, ainsi que les activités économiques connexes, connaissent des bouleversements sans précédent. Retarder une vaccination efficace au niveau mondial ne fera que prolonger la pandémie de COVID-19 et provoquer de futures crises économiques.

Les travailleurs et travailleuses du monde entier réclament des mesures urgentes. Les syndicats ont déjà pris des initiatives dans 127 pays pour soutenir la dérogation. Nos communautés, ainsi que la vie et les moyens de subsistance des travailleur·euse·s, en dépendent.

Chaque jour de retard occasionne de nouvelles pertes en vies humaines et crée de nouveaux obstacles à la reprise. La recherche de profit et de bénéfices est inacceptable en situation de pandémie. Il n’y a plus d’excuses.

Personne ne sera en sécurité tant que le monde entier ne sera en sécurité.

Par conséquent, le Conseil des Global Unions (CGU), représentant plus de 200 millions de travailleur·euse·s au sein de la Confédération syndicale internationale (CSI), des Fédérations syndicales internationales (FSI) et de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC) :

  • s’oppose aux disparités flagrantes entre les pays en développement et les pays industrialisés concernant l’accès et la distribution équitables des technologies et produits médicaux destinés à lutter contre la COVID-19, notamment les vaccins, les diagnostics, les dispositifs médicaux, les équipements de protection individuelle et les médicaments ;
  • soutient les campagnes des syndicats et des organisations de la société civile dans le monde en faveur de la dérogation temporaire aux règles en matière de propriété intellectuelle de l’OMC durant la pandémie de COVID-19, telle que proposée par l’Inde, l’Afrique du Sud et d’autres parties prenantes, et cela dans la mesure nécessaire pour répondre aux besoins engendrés par la pandémie dans le monde ;
  • salue le soutien apporté à la dérogation par plus d’une centaine de pays et demande à ces derniers, notamment aux États-Unis, à la Chine et à l’Australie, de faire pression de toute urgence sur ceux qui s’y opposent ;
  • se joint et apporte son soutien à l’appel à utiliser tous les moyens possibles, notamment la levée temporaire des barrières, pour le développement, la production et l’approbation des vaccins, des traitements, des diagnostics et des technologies médicales.
  • adhère à la campagne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en faveur de l’équité vaccinale (#VaccinEquity), qui vise à lutter contre les inégalités liées à la pandémie, en rappelant cependant que les initiatives existantes, telles que le groupement d’accès aux technologies contre la COVID-19, COVAX et l’accélérateur ACT, ne sont pas parvenues à atteindre leurs objectifs et à assurer l’approvisionnement rapide et équitable en vaccins contre la COVID-19 dont nous avons besoin ;
  • appelle les gouvernements et les fabricants de vaccins à accélérer et élargir dans les plus brefs délais la mise à disposition des technologies et produits médicaux pour lutter contre la COVID-19 dans les pays à faible revenu et à poursuivre leurs initiatives, notamment le partage des technologies, en particulier la technologie des vaccins à ARNm, afin de renforcer la capacité de production dans un grand nombre de pays ;
  • souligne l’importance de protéger l’intégrité et la qualité des vaccins, après l’assouplissement des restrictions ; et
  • appelle les pays à prendre l’engagement commun de ne pas accumuler ou stocker un grand nombre de doses de vaccin, notamment en limitant les exportations, et demande à tous les pays producteurs de vaccins et de matériel associé de ne prendre aucune mesure empêchant le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement.