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Les enseignant·e·s iranien·ne·s continuent d’être confronté·e·s à la répression, malgré la récente libération de responsables syndicaux

Publié 13 septembre 2022 Mis à jour 10 octobre 2023

Le mois dernier, l’Internationale de l’Éducation s’est félicitée de la libération sous caution de trois militants syndicaux enseignants iraniens. Ils faisaient partie des nombreux enseignants qui ont été arrêtés et détenus depuis le 1er mai en Iran. Malgré cette bonne nouvelle, la CCITTA et l’Internationale de l’Éducation appellent la communauté internationale des enseignant·e·s à maintenir la pression sur le gouvernement iranien.

Eskandar Lotfi, Shaban Mohammadi et Masoud Nikkhah sont tous trois membres du conseil d’administration de la Teachers' Trade Association de Mariwan, dans la province du Kurdistan, en Iran. Lofti est également le porte-parole du Coordinating Council of Iranian Teachers' Trade Associations (CCITTA), affilié à l’Internationale de l’Éducation.

Les trois militants des droits des enseignant·e·s ont été arrêtés lors de la vague de répression qui a visé les enseignant·e·s dans tout le pays autour du 1er mai 2022. Les autorités voulaient à tout prix mettre fin aux manifestations syndicales pacifiques contre les mauvais salaires des enseignant·e·s, l’insuffisance du budget de l’éducation et l’emprisonnement de syndicalistes enseignants. Depuis, les autorités ont arrêté, convoqué, enquêté et/ou interrogé plus de deux cents enseignant·e·s sur la base d’accusations de sécurité nationale sans fondement et fausses, violant ainsi leurs droits à la liberté d’association, d’organisation et d’expression.

Lofti a finalement été libéré sous caution le 17 août 2022, et Mohammadi et Nikkhah le 20 août. Tous trois se sont vu imposer des cautions disproportionnées pour leur libération et doivent encore être jugés.

Plusieurs des enseignant·e·s arrêté∙e∙s autour du 1er mai sont toujours emprisonné∙e∙s, parfois en isolement, comme Rasoul Bodaghi, Jafar Ebrahimi et Mohammad Habibi.

Pendant sa détention, Lofti, ainsi que d’autres enseignant·e·s détenu∙e∙s, a entamé une grève de la faim pour protester contre les actions illégales et répressives des forces de sécurité. Ses collègues l’ont exhorté à mettre fin à sa grève de la faim au bout de dix jours en raison de la grave détérioration de son état de santé. Les familles de nombreux∙euse militant∙e∙s syndicaux∙ales emprisonné∙e∙s ont également publié une lettre ouverte commune pour dénoncer leur maintien en détention illégale et leurs conditions de détention inacceptables.

La CCITTA a salué la libération de ses trois membres, mais a fermement condamné les lourdes cautions qui ont été émises pour leur libération : « Des cautions aussi lourdes sont absolument injustifiées et exercent une pression extrême sur ces militants syndicaux, leurs familles et leurs collègues qui doivent mettre leur maison et leurs biens en garantie en lieu et place d’argent ».

L’organisation des enseignant·e·s a exprimé sa gratitude envers l’Internationale de l’Éducation et ses affiliés dans le monde entier pour leur solidarité et a appelé à leur soutien continu : « La CCITTA apprécie de tout cœur le soutien permanent de notre fédération syndicale mondiale, l’Internationale de l’Éducation, et de toutes les organisations d’enseignants et de syndicats du monde entier pour leur soutien et leur solidarité. Nous comptons sur votre soutien continu pour faire en sorte que tous les enseignants et militants syndicaux emprisonnés en Iran soient libérés et que nos droits internationalement reconnus soient respectés. »

Les enseignant·e·s iranien·ne·s défendent depuis longtemps leur droit à l’auto-organisation, de meilleures conditions de travail et un enseignement public gratuit et de qualité pour toutes et tous. Il·elle·s ont également été à l’avant-garde de la lutte contre les assauts croissants de la privatisation du système éducatif.

Le Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, a salué le courage des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s iranien·ne·s : « Le niveau de bravoure face à une telle violence et injustice dépasse ce que beaucoup d’entre nous peuvent comprendre ou imaginer ». Appelant la communauté internationale des enseignant·e·s à maintenir la solidarité, il a réitéré l’appel de l’Internationale de l’Éducation à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les enseignant·e·s et travailleur·euse·s en Iran.

En décembre 2021, le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation a adopté une résolution exigeant le respect des « droits des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l’éducation à s’organiser et à la liberté d’association et d’expression, y compris le droit de réunion pacifique, sans crainte d’intervention des autorités. »

L’Internationale de l’Éducation réitère également son appel à la libération d’Esmail Abdi, ancien dirigeant de la Tehran Teacher Association. Il a été condamné jusqu’en 2031 sur la base d’accusations forgées de toutes pièces. La longue incarcération et les mauvais traitements en prison ont gravement affecté sa santé. La famille d’Esmail (sa femme, ses deux filles et son fils) est harcelée et victimisée par les forces de sécurité et encourt un risque sérieux.

La répression ciblée contre les enseignant·e·s qui défendent leurs élèves, leurs communautés et leurs droits en tant que syndicalistes doit cesser. Les enseignant·e·s syndicalistes en Iran ont plus que jamais besoin de solidarité.