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Programme John Thompson : un outil pour le développement et le renouvellement des syndicats

Publié 22 décembre 2022 Mis à jour 6 janvier 2023

Au cours de l’année écoulée, le programme John Thompson Fellowship (JTF) pour l’Asie du Nord a permis aux organisations membres de l’Internationale de l’Éducation de cette région d’échanger leurs expériences, leurs idées et leurs bonnes pratiques, de manière directe et utile. Il a également contribué à stimuler le renouvellement syndical et la participation des jeunes syndicalistes.

Dans le cadre de ce programme, une formation a été organisée du 3 au 10 août 2022 à Kuala Lumpur, en Malaisie, marquant ainsi l’aboutissement d’une formation en ligne de deux ans lancée en février 2021, à laquelle ont participé plusieurs représentant·e·s de la National Teachers Association (NTA/Taiwan), de la Federation of Mongolian Education and Science Unions (FMESU/Mongolie), du Japan Teachers’ Union (JTU/Japon), du Korean Teachers and Education Workers Union (KTU/Corée du Sud), ainsi que le coordinateur du projet innovant de l’AIPTF, Nitin Kumar.

Cette formation a été coordonnée par Anand Singh, directeur du bureau régional de l’Internationale de l’Éducation pour l’Asie-Pacifique (IEAP), Undarmaa Batsukh (IE) et trois personnes-ressources : Beverley Park (Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants – FCE), Nicole Calnan ( Australian Education Union – AEU) et Eva Elmstedt Frisk ( Lärarförbundet/Suède).

Des questions syndicales clés examinées

La formation du programme JTF s’est penchée sur des thématiques telles que le leadership ; les campagnes et l’efficacité des messages ; l’égalité des genres ; le recrutement ; l’engagement, la vision et la mission des syndicats ; ainsi que leurs finances. Comme l’a expliqué Anand Singh, les discussions organisées en présence ont donné lieu à des échanges d’expériences, d’idées et de bonnes pratiques à la fois plus directs et plus utiles entre les organisations, qui ont contribué à renforcer la solidarité entre les organisations de la sous-région.

Il a également souligné les difficultés auxquelles devront faire face les participant·e·s, une fois de retour dans leur pays après cette formation : « Un grand nombre de participantes et participants ont souligné la nécessité de faire preuve de plus de conviction pour actualiser les politiques et autres dispositions syndicales existantes et ont déploré l’insuffisance des budgets disponibles pour mener de tels programmes dans leurs pays, de même que la baisse continue du nombre d’affiliations, le manque d’engagement et de participation des jeunes syndicalistes et les faibles taux de recrutement parmi les jeunes ».

Renforcer le leadership des jeunes

Singh a toutefois souligné : « Le leadership des jeunes et la présence de jeunes participantes et participants ont apporté une dynamique unique à l’ensemble du programme. Il est intéressant de noter que les jeunes syndicalistes se sont sentis plus motivés et davantage liés à leurs syndicats et à leurs travaux menés après la formation. Cette formation a également servi de plateforme d’apprentissage, qui aura permis à un grand nombre de membres d’en apprendre davantage sur leurs syndicats et les raisons qui les poussent à faire ce qu’ils font. »

Singh a en outre reconnu que le volet en ligne du programme de formation avait été essentiel pour familiariser les participant·e·s avec les principales questions et problématiques examinées et faire en sorte qu’il·elle·s soient préparé·e·s et possèdent les informations de base nécessaires pour participer à cette formation en présence. « Lors des prochaines formations du programme JTF, nous utiliserons certainement des outils virtuels pour organiser efficacement le travail préparatoire avant la réunion en présence », a-t-il précisé.

Saluant la mise en œuvre efficace du programme John Thompson Fellowship pour l’Asie du Nord, il a ajouté : « Les participantes et participants se sont chargés de transmettre à leurs collègues syndicalistes les connaissances acquises dans le cadre du programme. Participantes et participants et syndicats se sont engagés, à titre individuel et collectif, à définir un plan d’action pour renforcer l’engagement, la présence et la participation des jeunes membres aux activités syndicales. »

En conclusion, Anand Singh a précisé que, dans le cadre du suivi du programme, l’IEAP avait pris l’engagement de continuer à aider les participant·e·s à travailler sur les priorités identifiées pour leurs syndicats, de leur offrir des possibilités de renforcer leurs compétences et de créer des canaux pour leurs communications régulières et leurs échanges d’idées et d’expériences.

Les participant·e·s exploitent les connaissances acquises au sein de leurs syndicats

« Le programme JTF était formidable », a souligné Tamaki Terazawa, directrice du département des affaires internationales du JTU, avant d’ajouter : « Les séances tenues en ligne en raison de la pandémie de COVID-19 ont été bien organisées, brassant beaucoup de connaissances et d’idées, et nous offrant des espaces pour échanger nos points de vue et expériences. Par ailleurs, chaque organisation a eu l’occasion de développer et modérer une séance basée sur un thème de son choix, une démarche très importante et particulièrement appréciée. »

À la question de savoir si elle avait tiré des enseignements des autres participant·e·s qui se sont ensuite révélés utiles à la fois pour elle et son syndicat, elle a répondu clairement : « J’ai beaucoup appris des trois autres organisations membres de l’Internationale de l’Éducation. Par exemple, j’ai appris que le KTU avait joué un rôle de premier plan dans la démocratisation de la Corée du Sud dès sa création. Je crois que cela a été très difficile pour les membres du KTU, mais ce fut une réussite. Par ailleurs, le KTU a récupéré son statut légal après avoir gagné un procès devant la Cour suprême du pays. Globalement, j’ai été très impressionnée par le syndicalisme authentique que cultive le KTU. »

Elle a également mentionné que les membres du JTU qui ont participé au programme JTF étaient membres du Comité des jeunes de leur syndicat et qu’il·elle·s avaient fait rapport au JTF et partagé les détails de la formation avec les autres membres. Le Comité des jeunes a utilisé les versions traduites des documents du programme et les messages des personnes-ressources.

Tamaki Terazawa a également souligné : « La chose la plus importante que nous avons apprise concerne le leadership. Les autres participants du JTU, le directeur du Comité des jeunes et le vice-président d’une antenne préfectorale du syndicat, prennent des initiatives en tant que dirigeants en se basant ce qu’ils ont appris pour tenter de renouveler leur syndicat. ».

Elle a également tenu à exprimer sa reconnaissance et sa gratitude aux personnes-ressources de la formation : « Beverley, Nicole et Eva ont créé une ambiance accueillante. Elles ont respecté les points de vue des participantes et participants et apporté d’importantes contributions. Grâce à elles, j’ai pu apprécier ce programme important. »

Le réussite de la formation en ligne a ouvert la voie à des discussions fructueuses en face à face

Beverley Park (Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants), personne-ressource pour le programme JTF, a reconnu que la version du programme organisée en ligne en raison de la pandémie avait évolué et s’était avérée plus efficace que prévu.

Avant même de commencer, a-t-elle indiqué, une évaluation des besoins a été effectuée via le bureau régional de l’IEAP : « Nous savions que le point de départ consisterait à présenter aux participantes et participants des quatre syndicats l’idée même du programme – les principes fondamentaux – et de replacer ce dernier dans le contexte de la recherche et du renouvellement syndical organisés dans la région, ce qui a principalement pu être réalisé avec le personnel de l’Internationale de l’Éducation et les personnes-ressources en charge des présentations. »

Ensuite, le groupe s’est vu assigner des « devoirs », demandant à chacun·e de préparer quelque chose de clair à présenter aux autres. Après les présentations, nous avons effectué une analyse, fait part de nos commentaires et demandé des précisions. 

Beverley Park a également indiqué que les séances en face à face avaient été différentes de la première phase en ligne, car les participant·e·s se connaissaient et étaient impatient·e·s de se rencontrer : « Les liens se sont consolidés dès le premier jour. C’est vraiment un point sur lequel nous devons travailler – faire tomber les barrières de la concurrence, de l’orgueil et de la méfiance et amener les participantes et participants à baisser la garde et à demander de l’aide aux autres. »

Elle a également fait remarquer que, grâce au fait que les participant·e·s avaient déjà abordé certains thèmes en ligne, il leur avait été possible d’analyser les contenus plus en profondeur : « Nous avons réduit certaines de nos activités habituelles pour nous plonger directement dans le vif du sujet dès le premier après-midi ».

Elle a ensuite souligné l’importance de disposer d’une connexion Internet et de services d’électricité d’excellente qualité pour pouvoir participer efficacement à une formation en ligne. Elle a en outre jugé crucial qu’une personne soit chargée de coordonner la réunion pour la planification, la communication, la résolution des problèmes, l’assistance technique et la prestation de services d’interprétation performants.

Après avoir félicité les participant·e·s au programme JTF pour avoir été d’excellent·e·s élèves, toujours présent·e·s, toujours engagé·e·s très activement et allant toujours jusqu’au bout de leurs tâches, Beverley Park a rappelé : « Les personnes présentes à la conférence régionale de l’IEAP convoquée à Siem Reap, au Cambodge, ont eu l’occasion de nouer des liens et d’entendre des rapports sur les points positifs observés dans le cadre du suivi à Taiwan et en Mongolie en particulier. Et ce n’est pas un hasard si des responsables politiques faisaient partie des délégations. La Corée du Sud et le Japon ont fait état de leurs activités, mais doivent convaincre leurs responsables politiques, qui ne participent pas au programme. »

Une séance de suivi en ligne est prévue en janvier 2023, a-t-elle également souligné, au cours de laquelle les participant·e·s devront présenter les progrès réalisés, ajoutant que, lorsqu’il·elle·s ont quitté Kuala Lumpur à la fin de la séance, il·elle·s se sont tou·te·s engagé·e·s à rester en contact et qu’il·elle·s espéraient un suivi officiel.

Elle a déclaré que le volume et le niveau de connaissances acquises au sein des groupes et entre eux étaient « phénoménaux » et que, si bon nombre d’activités avaient amené à avoir des échanges dans un domaine thématique particulier (comment recruter, comment faire participer les jeunes syndicalistes, comment organiser les campagnes, comment communiquer, comment renforcer le leadership, etc.), les participant·e·s ont souvent été au-delà, avec un souci constant de résoudre les problèmes et les questions de communication, tandis que les pauses se sont souvent déroulées devant des tableaux de conférence pour mieux comprendre une stratégie mise en œuvre par un syndicat.

Beverley Park a conclu en ces termes : « Nous pouvons affirmer à juste titre que si les participantes et participants ont effectivement pu tirer des enseignements mutuels, l’équipe organisatrice a également beaucoup appris. Ce fut une expérience extrêmement exigeante mais aussi extrêmement enrichissante pour tout le monde. »

À propos du programme JTF

Le programme JTF a pour but d’offrir aux participant·e·s les opportunités suivantes :

  • Examiner les caractéristiques d’un syndicat bénéficiant d’une bonne gestion.
  • Réfléchir à la mission de leur organisation.
  • Analyser leur « raison d’être » pour réaffirmer leur engagement en faveur de cette cause.
  • Mesurer le niveau actuel de leur efficacité et de leur capacité.
  • Renforcer le leadership pratique et les compétences en matière de gestion pour les rendre plus efficaces en tant qu’enseignant·e·s/dirigeant·e·s syndicaux·ales.
  • Renforcer la compréhension et acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour défendre leurs droits et examiner d’autres questions éducatives et sociales.
  • Promouvoir l’équité et la représentation au sein des syndicats.

En Asie-Pacifique, la formation JTF s’appuie sur le rapport de recherche « Renouvellement syndical dans le secteur de l’éducation : perspectives pour l’Asie-Pacifique », préparé par Pre Michele Ford et Dre Kristy Ward. Publié en juin 2021, ce rapport invite à réfléchir à la nécessité pour les syndicats de l’éducation de surmonter les défis, d’œuvrer en faveur du renouvellement et de saisir les opportunités offertes par la pandémie de COVID-19. Il a également permis de redynamiser, renforcer et enrichir le travail des syndicats de l’éducation.