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Les dirigeant·e·s mondiaux·ales de l’éducation se préparent aux prochains Congrès mondiaux en montrant leur solidarité et leur puissance collective

Publié 20 mars 2023 Mis à jour 23 mars 2023

À la 61e réunion du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation (IE), qui s’est tenue en ligne du 14 au 16 mars, les dirigeant·e·s des syndicats de l’éducation de toutes les régions du monde ont accéléré leurs préparatifs pour les prochains Congrès mondiaux de l’IE, cette année et en 2024, et ont réitéré leur soutien aux personnels de l’éducation, aux élèves et à leur communauté de l’Eswatini, en Turquie et en Syrie.

La campagne de l’IE « La force du public »

S’adressant aux éducateur·trice·s et aux syndicalistes du monde entier, le secrétaire général de l’IE, David Edwards a ouvert la réunion en insistant sur l’engagement et l’élan que déclenche la campagne de l’IE « La force du public : Ensemble, on fait école » dans toutes les régions.

La campagne lancée le 24 janvier, à l’occasion de la Journée internationale de l’Éducation, vise à mobiliser les organisations membres de l’IE en vue d’obtenir un financement complet des systèmes d’enseignement public pour parvenir à un enseignement public de qualité pour tou·te·s. Il s’agit d’un appel urgent pour que les gouvernements investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et qu’ils investissent davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.

Outre le lancement de la campagne, Edwards a souligné le travail réalisé par l’Internationale de l’Éducation pour répondre aux affiliés et aux défis qu’ils rencontrent dans les domaines des droits humains et de la force syndicale. Le Manuel pour les droits syndicaux – publié le 10 décembre pour célébrer la Journée des droits humains, a été élaboré afin de soutenir les organisations membres dans la défense de leurs droits en tant qu’éducateur·trice·s et syndicalistes. L’Internationale de l’Éducation a également rédigé un guide pour aider les membres à développer des syndicats plus forts, plus inclusifs, plus réactifs et plus dynamiques.

« L’Internationale de l’Éducation et ses membres ont continué de faire avancer notre agenda stratégique dans les différentes régions, secteurs et plateformes en faisant face à d’énormes défis. Loin d’être inévitables, des progrès sont possibles lorsque nous agissons en tant que mouvement unifié », a souligné Edwards à l’intention des collègues syndicalistes réunis.

Solidarité avec les syndicalistes de l’Eswatini

Les persécutions et les attaques contre les éducateur·trice·s et les syndicalistes de l’éducation dans l’Eswatini ont déclenché une réponse forte du Bureau exécutif. Par sa résolution sur l'Eswatini, l’IE a appelé le gouvernement de l’Eswatini à cesser de violer les droits syndicaux et, en particulier, à reconnaître et à respecter les droits et l’autonomie de la Swaziland National Association of Teachers (Association nationale des enseignant·e·s du Swaziland ; SNAT, acronyme anglophone). L’IE a réaffirmé son inébranlable solidarité et son soutien à la direction et aux membres de la SNAT.

La résolution exhorte le gouvernement de l’Eswatini à :

  • Respecter et protéger les droits fondamentaux des travailleur·euse·s et des syndicalistes, y compris le droit à la liberté d'association, à la négociation collective et au rassemblement pacifique, conformément aux normes internationales du travail ;
  • Cesser immédiatement toute forme de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des syndicalistes et des défenseurs des droits humains, et mener des enquêtes approfondies et impartiales sur tous les cas de violence et d’attaques à leur encontre ;
  • Engager un dialogue constructif et continu avec la SNAT.

L’IE organisera une mission de haut niveau en vue de rencontrer les autorités de l’Eswatini et de rétablir le dialogue et le respect des normes internationales du travail, en particulier les conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT) n° 87 sur la liberté d’association et n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective.

Solidarité avec la Turquie et la Syrie

Bouleversé par l’intervention en vidéo d’Osman Işçi, représentant de l’affilié turc de l’IE Eğitim Sen, et par les informations en provenance de membres dans la région, le Bureau exécutif de l’IE a également adopté une résolution sur les tremblements de terre en Turquie et en Syrie.

Exprimant ses plus sincères condoléances aux familles des victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie et sa solidarité avec les travailleur·euse·s et syndicalistes de l’éducation qui continuent à souffrir de ses conséquences, le Bureau exécutif de l’IE a appelé à la solidarité internationale avec les peuples de Turquie et de Syrie afin de contribuer aux efforts de redressement et appelé les organisations membres de l’IE à exprimer leur solidarité avec les organisations sœurs en Turquie et en Syrie et à continuer de les aider à surmonter la dévastation et à reconstruire.

Il a en outre exhorté le gouvernement de Turquie à :

  • Reconnaître et à appuyer le rôle des services publics en tant que premiers intervenants, et travailler avec les syndicats de l’éducation et les autres syndicats des services publics dans le cadre de leur réponse à la catastrophe ;
  • Garantir le droit à l’éducation de tous les élèves en rouvrant les écoles et les universités sans délai et donner la priorité à l’éducation dans les efforts de redressement et de reconstruction ;
  • S’engager dans un dialogue constructif avec les enseignant·e·s, les universitaires et tou·te·s les travailleur·euse·s de l’éducation par le biais de leurs organisations représentatives, et les consulter lors de la prise de décisions sur les questions relatives à l’éducation ;
  • S’abstenir d’utiliser les « pouvoirs d’urgence » pour suspendre les droits à la liberté d’association, à la négociation collective et au rassemblement pacifique ;
  • Assurer le paiement des salaires et des avantages sociaux des enseignant·e·s et des travailleur·euse·s de l’éducation ; et
  • Prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins psychosociaux des élèves et des enseignant·e·s touchés par la catastrophe.

Les représentant·e·s de l’IE ont également exhorté le gouvernement de Syrie à faciliter sans délai l’arrivée et la distribution de l’aide humanitaire dans les zones touchées et ont réitéré leur « appel à la paix dans la région, étant donné qu’une crise humanitaire ne peut être pleinement résolue sans un règlement du conflit ».

Solidarité avec les enseignant·e·s et les syndicalistes de l’éducation aux Philippines

Le Bureau exécutif de l’IE a également fermement condamné les violations des droits humains et les attaques contre des enseignant·e·s et des syndicalistes de l'éducation aux Philippines et a exhorté le gouvernement des Philippines à adopter une législation permettant d’assurer les droits effectifs des enseignant·e·s et travailleur·euse·s du secteur public à la négociation collective et aux activités syndicales, y compris le droit de grève.

L’IE a, par ailleurs, exigé la mise en place d’un organe unique mandaté par le président pour traiter de manière exhaustive tous les cas en suspens d’exécutions extrajudiciaires et d’enlèvements présumés liés au travail.

L’IE sera extrêmement attentive au suivi de la mission de l’OIT aux Philippines qui sera présenté lors de la Conférence internationale du travail en juin 2023.

Préparatifs des prochains Congrès mondiaux de l’IE

Le Bureau exécutif s’est ensuite prononcé sur les résolutions à présenter au 9e Congrès mondial qui se tiendra du 11 au 13 juillet 2023. Cet événement se déroulera en ligne, étant donné que la pandémie de COVID-19 a perturbé les systèmes d’éducation, le travail et les réunions dans le monde entier.

Le 10e Congrès de l’IE se déroulera en présentiel à Buenos Aires, Argentine, en juillet 2024, et sera placé sous le thème : « Développer nos syndicats, élever notre profession, défendre la démocratie ».

Rapport du groupe consultatif ad hoc sur la politique de recherche

Le Bureau exécutif a également entendu le rapport du groupe consultatif ad hoc sur la politique de recherche, dont le mandat est de fournir des conseils en vue de l’élaboration d’une politique de recherche pertinente, ciblée, flexible, prospective, clair et qui tienne compte des coûts. Le groupe consultatif a reconnu l’importance des considérations ethniques lorsque l’on envisage une recherche, l’importance de garantir une approche pluraliste lorsque l’on commande une recherche et la fonction importante du conseil de l’Institut de recherche de l’IE (IEIR), qui conseille le Bureau exécutif dans les domaines relevant de sa compétence.

Fidji : Un dirigeant syndical nommé ministre

Au cours de la réunion, le Bureau exécutif a reçu un message très spécial d’Agni Deo Singh, ancien secrétaire général du Fiji Teachers Union (FTU) – une organisation membre de l’IE – et devenu depuis décembre dernier, ministre de l’Emploi, de la Productivité et des Relations du travail de Fidji.

Singh a porté un message d’espoir et de détermination fondé sur son expérience de dirigeant syndical exigeant que le gouvernement réponde aux enseignant·e·s jusqu’à celle de ministre du gouvernement élaborant des politiques pour le pays.

« Je m’assurerai que, désormais, toutes les conventions et recommandations de l’OIT s’appliquent à tous les travailleurs et toutes les travailleuses de Fidji, y compris les éducateurs et éducatrices, de sorte qu’ils et elles bénéficient de la pleine protection de leurs droits du travail », a indiqué Singh à ses ancien·ne·s collègues de l’Internationale de l’Éducation.