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Au-delà de la pandémie, le personnel enseignant et ses syndicats continuent de faire la différence dans le monde

Publié 10 juillet 2023 Mis à jour 11 juillet 2023

David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE), a présenté son rapport d’activités à l’occasion du 9e Congrès mondial de l’IE, organisé pour la toute première fois en ligne du 11 au 13 juillet, au cours duquel les délégations syndicales représentant les organisations membres se sont réunies pour débattre du thème « Développer nos syndicats, valoriser nos professions, défendre la démocratie ».

« Presque tout dans ce 9e Congrès mondial est différent de ce que nous avons connu jusqu’à présent et ce rapport d’activités ne fait pas exception », a reconnu David Edwards.

Il a ensuite rappelé aux délégations : « La dernière fois que je me suis adressé à vous pour faire le bilan de nos progrès réalisés ensemble en 2019, il aurait été impossible d’imaginer le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Notre profession a changé, le monde a changé. La pandémie qui a infecté le monde et tué 20 millions de personnes a également infecté chaque aspect de notre travail. »

Rendant hommage aux proches et collègues emporté·e·s par la COVID-19, il a souligné : « Comme plusieurs millions de leurs collègues, toutes ces personnes ont pu assurer, sous certaines formes, la continuité de l’enseignement pour des millions d’élèves durant la pandémie. À ce titre, nous devons leur promettre de renouveler notre engagement et renforcer notre mission. »

Rappelant que, lors du 8e Congrès mondial de l’IE réuni à Bangkok, en Thaïlande, « les délégations ont promis que leurs organisations joueraient un rôle de premier plan pour faire progresser la profession enseignante, garantir une éducation de qualité gratuite universelle et promouvoir les droits humains et syndicaux », le secrétaire général a indiqué que, en raison de la pandémie de COVID-19, 1,6 milliard d’élèves n’étaient pas scolarisé·e·s. Il a déclaré : « Dès le début, l’IE était déterminée à rester aux côtés de ses membres dans tous les sens du terme. Nous avons veillé en particulier à consolider les liens entre l’IE et les différents groupes et secteurs professionnels représentés par nos organisations membres. »

Impact massif de la COVID-19 sur les systèmes éducatifs et les syndicats

« Au cours de ces quatre dernières années, nous avons organisé près de 200 réunions en ligne, que ce soit en tête-à-tête, en petits groupes ou à l’occasion de conférences mondiales. Ces échanges nous ont rapprochés dans le cadre de notre mission et de nos objectifs et nous ont remonté le moral », a déclaré le secrétaire général, avant de souligner : « Nulle autre organisation internationale en dehors du secteur de la santé primaire n’a été aussi fortement engagée que notre fédération pour répondre à la COVID-19. Dès les premiers mois, l’IE a été appelée à conseiller officiellement l’Organisation mondiale de la Santé. »

Il a ensuite mentionné : « En 2020, après près de deux ans de COVID-19, deux ans d’isolement passés devant nos écrans, nous avons décidé que l’IE et ses organisations membres devaient relancer la dynamique et réunir le plus grand nombre d’entre nous virtuellement pour faire rapidement le point sur les activités de l’IE. Rappelons, à cet égard, les célébrations de la Journée mondiale des enseignantes et enseignants pendant 24 heures. »

En 2022, 700 syndicalistes de l’éducation ont participé en ligne à la Conférence mondiale des femmes de l’IE, centrée sur la mobilisation et la valorisation du pouvoir des femmes pour le changement. L’IE compte également parmi les principaux∙ales participant∙e∙s à la campagne annuelle des Nations Unies « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre ». La présidente de l’IE Susan Hopgood s’est adressée à la Commission de la condition de la femme pour souligner le rôle crucial du dialogue social et de l’éducation au climat pour garantir une transition juste vers une économie verte, a expliqué David Edwards.

Il a également souligné que l’IE a organisé une consultation virtuelle juste avant la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur, mettant en avant la nécessité de se pencher sur diverses problématiques telles que la précarisation du travail universitaire et des personnels de soutien ou les libertés académiques et que l’organisation a également célébré la Journée mondiale des personnels de soutien à l’éducation, afin de reconnaître leurs contributions à l’éducation de qualité et réclamer des conditions de travail de qualité pour ces travailleur·euse·s professionnel·le·s.

La migration et les réfugié·e·s ont été au centre des débats durant cette période, depuis la frontière américaine jusqu’à la Turquie, en passant par le Liban et l’Ukraine, a également reconnu David Edwards.

Il a ajouté que, lors de la Conférence des Nations Unies sur le travail des enfants convoquée en Afrique du Sud, les représentant·e·s des gouvernements, les organisations patronales et les syndicats ont renouvelé leur engagement à prévenir et éliminer le travail des enfants et le travail forcé.

Faisant référence à la délégation de l’IE qui s’est rendue en Ukraine, David Edwards a déploré que « si nos syndicats s’unissent pour renforcer les droits et les opportunités, d’autres forces ont continué à se mobiliser non seulement pour s’opposer aux avancées des syndicats et à la cause de l’éducation de qualité, mais également pour mener une guerre contre la démocratie elle-même ». Il a cité les terribles exemples du Myanmar, de l’Afghanistan, du Bélarus, de l’Eswatini, de l’Ouganda, d’Israël, du Bahreïn, de la Tunisie, de l’Égypte, de la Jordanie et du Liban.

Solidarité sans faille au sein de la communauté syndicale mondiale de l’éducation

« J’ai également emmené une délégation en Turquie pour exprimer notre solidarité à nos membres qui apportent de l’espoir, des logements et des services aux victimes des terribles tremblements de terre qui ont causé la mort de plus de 50.000 personnes », a-t-il indiqué.

Et d’ajouter : « En Haïti, en collaboration avec les partenaires de la coopération au développement, nous avons créé un fonds de solidarité et mobilisé nos affiliés à travers le monde pour venir en aide aux organisations membres haïtiennes. »

Selon lui, « le progrès n’est parfois qu’une simple absence de guerre, comme dans le cas du cessez-le-feu âprement négocié dans la région du Tigré, en Éthiopie, grâce aux campagnes permanentes menées par le personnel enseignant sur place. Parfois, il s’agit simplement d’une victoire de l’État de droit, comme en témoignent la défaite de l’insurrection fasciste au Brésil en janvier ou l’établissement d’un gouvernement de coalition à Fidji, pays où les syndicalistes sont régulièrement emprisonnés ou agressés par les agents du gouvernement. »

David Edwards a souligné : « Nous savons que l’éducation n’est pas une question sectorielle qui tourne en vase clos. Elle est le fondement de toute entreprise humaine, ancrée dans les discours ambitieux entourant chaque priorité pour l’avenir. Lors du dernier Congrès mondial, les délégations nous ont demandé d’accorder la priorité à la durabilité dans tout ce que nous défendons. Nous avons lancé notre campagne ‘Enseignez pour la planète’ et présenté aux dirigeantes et dirigeants du monde notre Manifeste pour le climat. Depuis, nous avons organisé un nombre sans précédent d’ateliers de renforcement des capacités pour nos organisations membres. »

Il a poursuivi en saluant la campagne fructueuse menée par l’IE en 2014 et 2015, qui a permis d’inclure l’éducation dans les Objectifs de développement durable des Nations Unies, aux côtés de problématiques telles que l’élimination de la pauvreté et de la faim, la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes, le changement climatique, etc. « Pour chaque objectif, l’éducation joue un rôle de catalyseur », a-t-il réaffirmé.

La force du public : ensemble on fait école !

Condamnant fermement le fait que les systèmes éducatifs de nombreux pays disposent aujourd’hui de moins de ressources qu’à n’importe quel moment de leur histoire (les budgets ont chuté de 65 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire et de 33 % dans les pays à revenu intermédiaire supérieur et élevé depuis le déclenchement de la pandémie), David Edwards a expliqué : « Sous la bannière de l’IE, la campagne La force du public : ensemble on fait école !, lancée au début de cette année, jette un éclairage sur le financement de l’éducation, l’irresponsabilité des entreprises et les obligations des gouvernements ».

Notre campagne mondiale pour financer l’enseignement public et la profession enseignante, a-t-il observé, est un combat pour l’investissement dans le secteur public, un nouveau contrat social et le déploiement de l’argent du peuple pour le bien public.

« Comment faire réagir les gouvernements ? », a-t-il demandé. « En organisant l’action collective. En nous mobilisant. La voie vers un avenir durable et le respect de nos droits en tant que citoyennes et citoyens du monde passe aussi par le respect de nos droits syndicaux. Cette voie, c’est la démocratie. »

Groupe de haut niveau sur la profession enseignante

Edwards a également expliqué que, à la demande de l’Internationale de l’Éducation, les Nations Unies ont annoncé la création d’un Groupe de haut niveau sur la profession enseignante, chargé d’examiner le rôle des enseignant·e·s, ainsi que le soutien qui leur est nécessaire pour exercer leur profession, et d’étudier les moyens permettant de remédier à la pénurie mondiale d’enseignant·e·s, de renforcer leur professionnalisme et de financer les systèmes d’enseignement public. Pour la première fois, a-t-il souligné, un accord de haut niveau reconnaît que l’éducation est un investissement et que les personnels enseignants en sont la composante essentielle.

Ce groupe de haut niveau, a-t-il précisé, s’intéressera plus particulièrement à la technologie et nous savons par expérience que cela exigera de l’IE et de ses organisations membres de « porter toute leur attention sur la question de l’égalité, continuellement menacée par la privatisation et la commercialisation. Nous savons que le sous-financement chronique des systèmes d’enseignement public figure parmi les principaux facteurs qui favorisent la privatisation. »

Le secrétaire général de l’IE s’est montré catégorique : « Nous devons inverser cette tendance, partout dans le monde. Un système d’enseignement public performant ne se crée pas par hasard. Il faut se battre pour l’obtenir et le défendre. En 30 ans, nous avons construit ensemble la connaissance, la réputation, le pouvoir et les alliances au plus haut niveau, afin d’en faire une force non seulement pour l’éducation et le développement durable, mais aussi pour la démocratie. Grâce à vous, nous continuons à faire sentir notre influence et à renforcer notre leadership. »

En conclusion, David Edwards a fait la promesse suivante : « Je peux donc vous annoncer aujourd’hui, à l’occasion de ce 9e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation, que nous poursuivons sur la voie du progrès. Nous continuons à faire la différence partout dans le monde. Et nous ne nous arrêterons pas. »

L'intégralité du Rapport d'activités du secrétaire général de l'IE est disponible ici.

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