Des enseignant·e·s syndicalistes à la pointe de l’innovation éducative en Inde
Alors que les budgets de l’éducation publique sont amputés, les syndicats enseignants indiens se mobilisent pour apporter un changement dans les salles de classe du pays. Plus de 350 éducateur·trice·s et responsables syndicaux·ales venu·e·s de toute l’Inde se sont rassemblé·e·s le 31 mai 2025 au centre Keshav Dham, à Vrindavan, à l’occasion de l’atelier national sur l’innovation éducative, démontrant ainsi le rôle puissant des syndicats de l’enseignement dans la transformation de l’éducation. Organisé par la Shaikshik Navachar Association de l’Uttar Pradesh – affiliée à la All India Federation of Teachers’ Organizations (Fédération indienne des organisations d’enseignant·e·s – AIFTO), une organisation membre de l’Internationale de l’Éducation (IE) – cet atelier a offert aux éducateur·trice·s, dont beaucoup sont des syndicalistes actif·ive·s, une plateforme leur permettant de présenter des innovations qu’ils et elles ont développées et testées dans leur classe afin d’améliorer l’apprentissage des élèves.
Un mouvement de réappropriation du professionnalisme
C. L. Rose, secrétaire général de l’AIFTO, et Manoj Kumar Singh, président de la Shaikshik Navachar Association de l’Uttar Pradesh et président du comité national sur l’innovation éducative de l’AIFTO, ont tous deux ouvert l’événement. Dans son discours d’introduction, M. Rose a souligné que l’atelier illustre la manière dont les enseignant·e·s syndicalisé·e·s sont à l’origine d’initiatives visant à transformer l’éducation à partir du terrain. « À l’heure où les États réduisent les budgets de l’enseignement public et négligent le développement professionnel des enseignants et des enseignantes, a-t-il expliqué, ce sont les éducateurs et les éducatrices qui, bien souvent à l’aide de leurs propres ressources, conduisent l’innovation en classe. C’est la marque d’un engagement profond envers la profession et les élèves. »

Pour M. Manoj Kumar Singh, la Shaikshik Navachar Association continuera d’organiser chaque année cet atelier afin de favoriser l’échange d’idées et de consolider un réseau d’enseignant·e·s innovateur·trice·s. « Il ne s’agit pas seulement d’une plateforme mais d’un mouvement de réappropriation du professionnalisme et de la dignité dans l’enseignement », a t-il conclu.

Des innovations qui partent du terrain
Des enseignant·e·s de tout le pays ont présenté leurs innovations au moyen de supports multimédias, notamment :
- Sapan Kumar (Jharkhand), qui a mobilisé les communautés locales en vue de soutenir l’apprentissage des enfants défavorisé·e·s,
- Kamlesh Kumar Baluni (Uttarakhand), qui a adapté des outils à faible coût pour rendre ses cours stimulants en zone rurale,
- Sunita Yadav (Chhattisgarh), qui a mis au point, à partir de matériel courant, des supports pédagogiques visant à enseigner les sciences,
- Abdul Kaleem (Rajasthan), qui a lancé des méthodes multilingues d’apprentissage inclusif, et
- Manoj Barshney (DIET Agra), qui a associé l’innovation à la formation des enseignant·e·s et à la mise en œuvre des programmes scolaires.

Nombre de ces initiatives ont été conçues sans financement institutionnel formel ni aide extérieure, ce qui témoigne d’un sens aigu du devoir parmi les enseignant·e·s. Elles montrent en outre comment, malgré les investissements publics insuffisants et le désintérêt politique, les éducateur·trice·s réussissent à faire preuve de créativité, d’ingéniosité et de solidarité pour améliorer l’enseignement.
Appel aux gouvernements à soutenir l’éducation
Saluant les participant·e·s et les organisateur·trice·s, le directeur régional de l’IE pour l’Asie Pacifique, Anand Singh, a rappelé le message clé de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » : « Le dévouement de ces enseignants et enseignantes, qui investissent leur temps et leurs propres ressources dans l’amélioration des résultats d’apprentissage, suscite à la fois l’inspiration et l’humilité, a-t-il déclaré. Il est temps que les gouvernements écoutent, agissent et manifestent le même engagement en investissant dans les enseignants et les enseignantes, en soutenant le développement professionnel et en garantissant un financement public adéquat pour l’éducation. Le corps enseignant n’est pas le problème, il est la solution. »

Cet atelier a démontré le pouvoir des syndicats d’enseignement dans la promotion de l’innovation éducative. Alors que les gouvernements continuent de couper les budgets réservés à l'enseignement public, les éducateur·trice·s se mobilisent afin que les élèves bénéficient de l’enseignement de qualité qu’ils et elles méritent.