La campagne La force du public : ensemble on fait école ! se déploie avec succès dans les îles du Pacifique
Les dirigeant∙e∙s syndicaux∙ales de l'éducation des îles du Pacifique se sont réuni∙e∙s pour partager leurs expériences, leurs défis et les priorités de la campagne La force du public : ensemble on fait école ! dans leurs pays respectifs.
La réunion s’est tenue du 27 au 31 octobre, dans le cadre de la conférence triennale du Council of Pacific Education (COPE), qui rassemble des syndicalistes de l’éducation provenant de 11 pays.
L’Océanie souffre d’une grave pénurie d’enseignant∙e∙s.
Les pénuries d’enseignant∙e∙s, conséquence directe du sous-investissement dans l’éducation, frappent durement la région. L’UNESCO indique que 300.000 enseignant∙e∙s supplémentaires seront nécessaires en Océanie d’ici la fin de la décennie. Sans eux∙elles, il sera impossible de garantir une éducation en primaire et en secondaire de qualité pour tou∙te∙s. Bien qu’une pénurie de 300 000 enseignant∙e∙s puisse sembler modeste en comparaison avec d’autres régions du monde, son impact est dévastateur pour des nations insulaires dont les populations sont peu nombreuses.
Nécessité impérative de créer une commission sur la main-d’œuvre enseignante dans le Pacifique
Lors de l’ouverture de la conférence triennale du COPE, les délégué∙e∙s ont appelé les invités Aseri Radrodro, ministre fidjien de l’Éducation, ainsi qu’Agni Deo Singh, ministre fidjien de l’Emploi, de la Productivité et des Relations industrielles, à prendre l’initiative de créer une commission sur la main-d’œuvre enseignante pour la région du Pacifique. Fortement encouragée par les Recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante, la commission serait chargée « d’évaluer et de s’attaquer aux pénuries d’enseignant∙e∙s dûment formé∙e∙s ». De telles commissions ou mécanismes devraient se pencher sur l’analyse du marché du travail, le recrutement, la migration des enseignant∙e∙s, l’attrition et la rétention, la rémunération, le statut et les droits, la charge de travail et le bien-être, l’équité (y compris le ratio d’enseignant∙e∙s qualifié∙e∙s par rapport aux élèves), l’égalité ainsi que les infrastructures.

Les pressions exercées sur le marché du travail national, combinées à des salaires non compétitifs et à des charges de travail écrasantes, alimentent les pénuries d’enseignant∙e∙s dans le Pacifique. De nombreux enseignant∙e∙s originaires de nations insulaires migrent en Nouvelle-Zélande et en Australie, des pays qui offrent des salaires bien plus élevés et qui utilisent la migration comme moyen de pallier leurs propres pénuries d'enseignant∙e∙s. Il a été rapporté qu’aux Fidji seulement, 600 enseignant∙e∙s ont été perdu∙e∙s au profit de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie en une seule année.
Plans de campagne au niveau national
Avec le soutien d’APHEDA – Union Aid Abroad, l’Internationale de l’Éducation travaille avec ses organisations membres aux Fidji, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Samoa, aux Îles Salomon et au Vanuatu pour élaborer et mettre en œuvre des plans de campagne nationaux visant à garantir un investissement accru dans les enseignant∙e∙s ainsi que dans des systèmes d’enseignement public, inclusif et de qualité.
Le secrétaire général du Syndicat des enseignant∙e∙s du Vanuatu (VTU, acronyme anglophone), Jonathan Yonah, a souligné que « La campagne La force du public : ensemble on fait école ! est un mouvement visant à promouvoir et à soutenir l’enseignement public en défendant la profession enseignante, en garantissant le financement et en mobilisant les communautés grâce aux médias, au plaidoyer et à la collaboration, afin de s’assurer que tout le monde soit impliqué. »
Pour Roselyn Mayble, représentante de la jeunesse au sein de l’Association nationale des enseignant∙e∙s des Îles Solomon (SINTA, acronyme anglophone), « la campagne La force du public : ensemble on fait école ! crée un espace qui nous permet de mettre en avant nos préoccupations et d’obtenir le soutien de nos membres, des parents et des élèves. La priorité pour notre syndicat est de garantir un ratio enseignant-élèves de 1 pour 35 — cela signifie un environnement de travail favorable pour les enseignants et enseignantes et de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves. »
« La campagne La force du public : ensemble on fait école ! est importante en Papouasie-Nouvelle-Guinée, parce qu’elle vise à renforcer les systèmes d’enseignement public, à garantir un financement équitable et à protéger les droits des enseignants et enseignantes et des élèves. Nos priorités de campagne sont de plaider en faveur d’un enseignement public de qualité ainsi que pour les droits et le bien-être des enseignants et enseignantes », a expliqué Samuel Rop, secrétaire général adjoint de l’Association des enseignant∙e∙s de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Aukuso Uakesi, président de l'Association nationale des enseignant∙e∙s des Samoa (SNTA, acronyme angophone), a en outre reconnu : « Nous avons beaucoup appris de la campagne La force du public : ensemble on fait école ! Aux Samoa, nous menons campagne pour que notre voix soit entendue en faveur d’un investissement accru dans l’éducation. Sans un financement adéquat, les écoles peinent à fonctionner, les enseignants et enseignantes s’épuisent, et nos élèves en pâtissent. La SNTA élargit son nombre d’adhérents et adhérentes et porte notre message de campagne à travers tout le pays, directement dans les écoles, mais aussi via les médias et les services religieux. »
La campagne La force du public : ensemble on fait école ! unit les syndicats de l’éducation du Pacifique dans leur lutte pour remédier aux pénuries d’enseignant∙e∙s et pour revendiquer un investissement accru dans l’enseignement public. En travaillant ensemble et en plaidant pour un meilleur financement et davantage de soutien, ces syndicats franchissent des étapes essentielles pour améliorer la qualité de l’éducation et le bien-être de la profession enseignante dans toute la région.