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Myanmar : défendre la démocratie et les droits des syndicats de l'éducation:  L’IE réaffirme sa solidarité

Publié 21 novembre 2025 Mis à jour 27 novembre 2025

Au Myanmar, alors que les enseignant∙e∙s et les leaders syndicaux continuent de faire face à une oppression incessante, la junte militaire qui a pris le pouvoir en février 2021 cherche à légitimer son règne par le biais d’un simulacre d’élections. Dans ce contexte, l’Internationale de l’Éducation (IE) et ses organisations membres se sont engagées à renforcer leur soutien et leur solidarité envers la Fédération des enseignant∙e∙s du Myanmar (MTF), organisation membre de l’IE dans le pays.

L’Internationale de l’Éducation (IE) a organisé un webinaire international de solidarité avec le Myanmar le 17 novembre 2025, réunissant des syndicalistes de l’éducation du monde entier pour soutenir les enseignant∙e∙s du Myanmar dans leur lutte pour la démocratie, une éducation de qualité et les droits humains, sous le régime militaire. L’immense solidarité exprimée par les participant∙e∙s lors de l’événement a réaffirmé l’engagement de l’IE à renforcer ses actions de solidarité, notamment par l'envoi prochain d’un nouvel appel à l’action à toutes ses organisations membres.

La junte militaire organise un simulacre d'élections

Des participant∙e∙s de 22 pays – avec une forte représentation de la région Asie-Pacifique – ont entendu le témoignage direct du Dr Sai Khaing Myo Tun, dirigeant du MTF et vice-ministre de l’Éducation au sein du Gouvernement d’unité nationale (NUG) du Myanmar, qui a présenté une mise à jour politique et partagé des témoignages d’enseignant∙e∙s résistant au régime militaire.

Le Dr Sai a expliqué comment la junte militaire a planifié des élections factices dans le but de légitimer sa prise de pouvoir lors d’un coup d’État violent de février 2021. Ces élections, prévues pour décembre 2025 et janvier 2026, sont largement considérées comme une façade et ont été unanimement rejetées par toutes les forces démocratiques. Elles ne se tiendront que dans les zones contrôlées par l’armée et excluront de nombreuses régions ethniques.

Le Dr Sai a réaffirmé la légitimité du NUG et a appelé à maintenir la pression internationale pour rejeter le processus électoral de la junte.

Résilience et détermination des enseignant∙e∙s du Myanmar

Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la junte mène une campagne brutale contre les militant∙e∙s démocrates, les enseignant∙e∙s, les travailleur·euse·s, et en particulier contre les syndicalistes. Les efforts systématiques de la junte pour réduire au silence les voix en faveur de la démocratie incluent des attaques contre les écoles et les rassemblements culturels, des détentions arbitraires et des exécutions.

Les enseignant∙e∙s et les leaders syndicaux sont en première ligne de la résistance, ayant rejoint le Mouvement de désobéissance civile et refusé de travailler dans le système éducatif contrôlé par la junte. Ils ont rejoint la révolution de diverses manières – en continuant d’enseigner, en prenant les armes, en défendant les droits humains et en promouvant la démocratie. Ce courage a eu un coût immense : harcèlement, détentions arbitraires, torture et même assassinats, forçant beaucoup d’entre eux à se cacher ou à s’exiler dans des pays voisins tels que la Thaïlande ou l’Inde.

Malgré la répression violente, plus de 150 000 enseignant∙e∙s restent actifs au sein du Mouvement de désobéissance civile (CDM), refusant de légitimer le contrôle de la junte. « Beaucoup de ces enseignant∙e∙s se portent volontaires pour enseigner à environ 1 million d’élèves sans salaire ni revenu », a expliqué le Dr Sai.

Nicole Calnan, secrétaire fédérale de notre propre Australian Education Union et membre du conseil d’administration d’Australia Union Aid Abroad APHEDA, a rendu compte d’une récente mission sur le terrain à la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, où elle a été témoin de première main des réalités auxquelles font face les personnels de l’éducation et les militant∙e∙s syndicaux sous le régime militaire. Elle a décrit la résilience des enseignant∙e∙s travaillant dans des écoles de fortune dans les zones de résistance.

Saluant « la détermination et le courage de celles et ceux qui luttent pour la démocratie, les droits humains et la dignité dans des conditions inimaginables », Nicole Calnan a souligné la nécessité d’une solidarité internationale durable pour soutenir ces efforts. « En tant que syndicalistes au niveau mondial, nous avons la responsabilité de porter leurs voix, de plaider pour une action internationale significative et de veiller à ce que l’aide parvienne à celles et ceux qui en ont le plus besoin », a-t-elle conclu.

Solidarité mondiale

De nombreux messages de soutien ont afflué de syndicats du monde entier – Australie, Brésil, France, Indonésie, Italie, Japon, Kurdistan, Mongolie, Philippines ou Taïwan – soulignant l’engagement mondial en faveur de la défense de l’éducation et des droits syndicaux au Myanmar.

« Le Syndicat des enseignant∙e∙s du Malawi se tient fermement aux côtés de nos frères et sœurs du Myanmar en cette période difficile. Votre courage dans la défense de la démocratie, la protection des droits syndicaux des enseignant∙e∙s et le maintien de l’éducation malgré la répression est une véritable source d’inspiration. Nous participons à ce webinaire pour soutenir votre lutte, amplifier vos voix et réaffirmer notre engagement envers la solidarité mondiale pour les personnels de l’éducation partout dans le monde », ont écrit les collègues du Malawi.

MTF leader Sai Khaing Myo Tun and EI President Mugwena Maluleke at the 2025 ILO Conference

Depuis le coup d’État, l’Internationale de l’Éducation a mobilisé ses organisations affiliées pour condamner la junte, exiger la libération des enseignant∙e∙s détenu∙e∙s et exercer une influence sur les organisations intergouvernementales telles que l’ONU, l’OIT et l’UNESCO.

Mettant à profit la dynamique du webinaire, l’Internationale de l’Éducation s’est engagée à lancer un nouvel appel à l’action urgente invitant les organisations membres à :

  • demander à leurs ministères des Affaires étrangères de dénoncer les élections de la junte ;
  • réaffirmer que la démocratie et les droits humains doivent prévaloir au Myanmar ; et
  • amplifier les voix des enseignant·e·s victimes de la répression.

« Aujourd’hui, notre solidarité n’est pas symbolique ; c'est une bouée de sauvetage pour celles et ceux qui risquent tout pour défendre l’éducation et la liberté », a souligné David Edwards, secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation.

L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres s’unissent pour transformer les paroles en actions de soutien aux enseignant∙e∙s et aux élèves du Myanmar.

Pour suivre le travail de solidarité de l’Internationale de l’Éducation concernant le Myanmar et d’autres pays confrontés à des situations d’urgence, veuillez visiter La solidarité en situations d’urgence (ei-ie.org).