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3e Conférence mondiale des femmes de l’IE: Le soulèvement pour les droits des femmes dans le monde, une dynamique à exploiter

Publié 5 février 2018 Mis à jour 8 juin 2018

L’autonomisation économique et politique des femmes a été au cœur des exposés donnés par les principaux conférenciers à l’ouverture de la 3e Conférence mondiale des femmes de l’Internationale de l’Education.

Revendiquer un espace qui nous est propre

« Nous ne resterons plus silencieuses. » Tel est le cri de ralliement des femmes d’aujourd’hui, selon Ulrike Lunacek, ancienne Vice-présidente du Parlement européen, prononçant le discours liminaire de la première journée de la troisième édition de la Conférence mondiale des femmes de l’Internationale de l’Education, tenue à Marrakech, Maroc, du 5 au 7 février. Placé sous le thème « Trouver son chemin ‘dans le labyrinthe’: Femmes, education, syndicats et leadership », l’événement accueille 300 participant(e)s.

L’autonomisation économique est nécessaire pour les femmes, car la pauvreté les empêche de faire carrière, a-t-elle souligné.

Ajoutant que nous avons besoin de femmes dans les parlements et dans les hautes sphères politiques, ceci étant bénéfique pour la vie personnelle des hommes et des femmes, avant de préciser que, dans le monde, les femmes ne représentent que 20 pour cent des parlementaires et seulement 1 ministre sur 10. Fait intéressant, 47 pour cent des chefs d’Etats sont des femmes mais ce chiffre inclut les femmes monarques et ne reflète donc pas une situation d’égalité.

Le courage

Les femmes ont besoin des hommes en tant qu’alliés, a mis en évidence Ulrike Lunacek, mais elles ont également besoin d’un espace qui leur est propre pour se renforcer, élaborer des stratégies et aller de l’avant. Mais « pour revendiquer cet espace, il faut du courage », a-t-elle indiqué.

La société et les syndicats ont eux aussi besoin de structures pour soutenir les femmes, et des quotas doivent être instaurés. « A toutes les femmes qui ne veulent pas devoir leur place, ou leur présence au sein d’une instance, à une règle établissant des quotas, je dis ‘Combien d’hommes sont à leur poste juste parce qu’ils sont des hommes, et non pas parce qu’ils sont les meilleurs ?’ Nous avons besoin de quotas pour amener les femmes à des postes de direction et les y garder ; les filles peuvent ainsi y voir des modèles et nous pouvons changer les choses. »

Les femmes peuvent tout à fait assumer un rôle de direction, a-t-elle maintenu : « vous pouvez faire des choses avec le pouvoir dont vous disposez, même s’il existe un risque d’échec ; mais si vous n’essayez pas, vous ne saurez jamais ce que vous auriez pu accomplir. »

Avant de conclure: « Les femmes doivent briguer un espace qui leur est propre, le revendiquer, et se l’approprier. De cette façon, nous, les femmes, sommes en mesure de rendre le monde meilleur pour tout un chacun. »

Trouver son chemin « dans le labyrinthe »

La Présidente de l’Internationale de l’Education (IE) Susan Hopgood s’est elle aussi exprimée. « Nous tenons aujourd’hui notre troisième Conférence mondiale des femmes de l’IE, alors que se referme tout juste une année que beaucoup qualifient « d’année de soulèvement pour les droits des femmes à travers le monde », a-t-elle déclaré. « 2017 nous a montré qu’aux quatre coins du globe, les femmes veulent briser le silence ! »

La concrétisation de l’égalité des sexes dans le monde du travail, a-t-elle fait observer, implique l’égalité des chances entre femmes et hommes en matière d’avancement professionnel, mais aussi afin de jouir pleinement de leurs droits humains et de contribuer au développement économique, social, culturel et politique, tout en bénéficiant de celui-ci.

La conférence mettra l’accent sur la question controversée de savoir pourquoi, en 2018, les postes de direction et de prise de décision les plus élevés concernent encore si peu de femmes, tous secteurs confondus.

Le plafond de verre

Le « plafond de verre » est une métaphore utilisée couramment pour désigner les obstacles empêchant les femmes de franchir un certain seuil dans leur carrière, a-t-elle déclaré. « En fait, pour beaucoup de femmes, ce n’est pas ce soi-disant plafond de verre qui entrave leur progression mais l’effet cumulatif des problèmes mineurs qu’elles rencontrent au quotidien, qui mettent un frein à leur évolution professionnelle, ou les empêchent simplement d’atteindre les postes de direction et de prise de décision les plus élevés. »

Les difficultés

C’est la raison pour laquelle le thème de la conférence renvoie à la notion de « labyrinthe »: « Nous considérons en effet le chemin qui mène à ces postes comme un labyrinthe dont doivent s’extraire les femmes, plutôt que comme un plafond de verre à traverser; cette conception permet de voir plus clairement les difficultés et les défis auxquels elles doivent faire face lorsqu’elles cherchent à faire évoluer leur carrière. »

Le fait que des femmes occupent bel et bien des postes de direction montre qu’il n’existe pas de barrière absolue empêchant leur avancement professionnel, a-t-elle souligné. On relève cependant un certain nombre d’obstacles sociaux et institutionnels formant le labyrinthe auquel se heurtent les femmes tout au long de leur carrière et elles doivent donc composer avec pour pouvoir progresser.

Toutefois, « le moment est venu de s’assurer que le vent du changement continue de souffler avec la même intensité sur le monde, et que les femmes sont pleinement représentées aux niveaux de direction et de prise de décision les plus élevés au sein des syndicats, de l’éducation et de la société ».

Le Maroc connaît quelque succès

Cadi Ayyad, représentant du ministère de l’Education du Maroc, a insisté sur la nécessité d’organisations systémiques pour permettre aux femmes d’accéder au pouvoir.

Il a fait remarquer que le Maroc comptait 54 pour cent de filles inscrites à l’université, enregistrant un taux de réussite de 60 pour cent.

Il a toutefois mentionné trois facteurs empêchant la réussite des femmes: l’accès aux langues; l’alphabétisation numérique; et leur situation économique.

Des dirigeantes en plus grand nombre

« Nous devons réussir à transcender les situations sociales et financières des filles », a-t-il déclaré. Du point de vue de leur nature, 60 pour cent des emplois sont appelés à évoluer d’ici 2030, offrant ainsi une bonne occasion d’améliorer la position des femmes dans la société ; cependant, moins de 20 pour cent des postes de direction à l’université sont occupés par des femmes.  Sur les 12 universités publiques implantées au Maroc, aucune n’est dirigée par une femme, a-t-il indiqué.

Et d’ajouter: « Nous pouvons imposer la parité, ou trouver les moyens permettant aux femmes d’accéder à ces postes de direction, et ainsi permettre à notre pays d’aller de l’avant ».

La nécessité de mettre en œuvre des lois positives

Fatima Echaabi, représentant les affiliés de l’IE au Maroc, a mis en relief le fait que les droits des femmes relèvent des droits humains. L’égalité entre hommes et femmes est un projet qui concerne l’ensemble de la société, dans l’éducation ou dans d’autres domaines tels que la politique, a-t-elle ajouté. « Combien de filles réalisent leurs rêves? Combien de femmes occupent des postes de direction? »

Le Maroc, a-t-elle reconnu, a pris des mesures pour que les filles puissent s’inscrire à l’école, même dans les régions reculées. Mais les obstacles à l’égalité des genres sont multiples, et c’est un véritable « mur en béton » qui se dresse, une mentalité machiste, ancrée dans les comportements culturels et religieux au Maroc.

Le pays dispose d’une législation libérale moderne en matière d’égalité entre hommes et femmes, permettant de lutter contre la discrimination envers les femmes, a déclaré Fatima Echaabi aux participant(e)s, mais ce dispositif législatif doit être mis en œuvre.

Et d’ajouter: « Seul un projet de société fondé sur l’égalité des genres, concernant la visibilité des compétences des hommes et des femmes, mènera cette société vers le développement et la justice sociale. »

La Conférence

La 3e édition de la Conférence mondiale des femmes de l’IE, « Trouver son chemin ‘dans le labyrinthe’: Femmes, Education, Syndicats et Leadership », est organisée à Marrakech, Maroc, du 5 au 7 février.