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Internationale de l'Education
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Étude du syndicat du Rwanda sur l’amélioration du soutien à l’égard des enseignants vivant avec le VIH

Publié 29 mars 2010 Mis à jour 29 mars 2010

Selon une étude réalisée en 2000 au Rwanda par l’Office national de la population, un tiers des sondés était d’avis que les personnes vivant avec le VIH devraient continuer à travailler. Près d’une décennie plus tard, le SYPERWA, Syndicat des personnels d’éducation du Rwanda, a entrepris d’analyser les attitudes actuelles à l’égard des enseignants qui vivent avec le VIH, en vue de définir les moyens les plus adéquats pour soutenir ces personnes et leur permettre de travailler et de vivre positivement.

Le Président du SYPERWA, Sylvestre Vuguziga, a insisté sur l’importance d’un tel soutien «Les dommages causés par la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes qui vivent avec le VIH, peuvent être bien plus considérables que les répercussions physiques de la maladie elle-même »

Les enseignants qui vivent avec le VIH ne sont pas uniquement confrontés aux difficultés ordinaires inhérentes à leur profession, telles que les horaires à rallonge et les classes surchargées. Sur leurs maigres salaires, ils doivent également prendre des engagements d’ordre financier et en termes de temps, afin de soutenir leur traitement.

Un enseignant vivant avec le VIH a souligné que : «la profession enseignante est difficile par nature. Lorsqu’on est enseignant et séropositif, il est encore plus difficile de mener à bien les tâches qui nous incombent. Le traitement médical nécessite de l’énergie et une alimentation que nos salaires ne nous permettent pas d’assumer. Ajoutez à cela l’absence de vraies pauses et la situation tourne au tragique »

La situation est également entravée par le fait que la stigmatisation à l’égard des personnes vivant avec le VIH est souvent telle, que ces dernières gardent le silence et n’osent pas accéder aux services de santé. Le commissaire du district de Ribavu a fait preuve d’empathie à l’égard de la position des enseignants qui vivent avec le VIH. Il a plaidé en faveur de mesures telles que la réduction des heures d’enseignement et l’affectation des enseignants à proximité de leur domicile. Il les a également exhortés à examiner et à insister sur les formes de soutien dont ils ont besoin afin de pouvoir continuer à enseigner efficacement.

L’étude s’est penchée sur la question de la discrimination verbale ainsi que sur d’autres formes plus insidieuses de discrimination professionnelle. Un enseignant a fait observer que ses collègues avaient été invités à une formation organisée pendant les vacances scolaires, alors que les enseignants vivant avec les VIH n’y avaient pas été conviés. Avec émotion, l’enseignant a laissé entendre qu’« il est possible que notre participation ne les intéressait pas car ils sont convaincus que nous ne serons pas là assez longtemps pour pouvoir mettre à profit les compétences acquises ».

L’étude n’a pas uniquement analysé les attitudes et la discrimination. Elle a également fait ressortir le type d’aide pratique mise à disposition des personnes qui vivent avec le VIH. Au cours des interviews, les directeurs d’établissements et les commissaires de districts ont exprimé leur frustration concernant le fait que les personnes vivant avec le VIH préfèrent ignorer leur statut ou prendre des congés sans solde pour rencontrer des marabouts, plutôt que de faire valoir leur droit aux congés payés pour raisons médicales afin de rendre visite à un docteur traditionnel.

L’attitude des enseignants vivant avec le VIH à l’égard de leur statut, constituait aussi un facteur déterminant vis-à-vis de leur isolement. Les enseignants ont donc été exhortés à prendre l’initiative afin de changer le regard que la société porte sur le SIDA. Il leur a notamment été recommandé d’être proactifs en s’impliquant au sein d’associations de personnes qui vivent avec le VIH ou en créant de tels groupes, afin de mieux défendre leurs droits. Les autres collègues devraient aussi jouer un rôle en les impliquant dans des groupes de soutien et dans diverses activités, en vue de les aider à vivre avec le VIH.

Un historique attestant de l’accroissement du nombre d’enseignants qui recourent à des services de conseil et de dépistage volontaires et de leur disposition à aborder les questions en lien avec le statut sérologique a poussé le SYPERWA à engager des travaux de recherche dans la capitale Kigali et dans quatre autres districts du pays. Sensible à la nécessité de tenir compte de la perspective des personnes qui vivent avec le VIH comme de celle des personnes qui vivent et travaillent à leurs cotés, le SYPERWA a interrogé 100 personnes, dont 40 enseignants, 25 enseignants vivant avec le VIH, 10 directeurs d’établissements, 5 commissaires à l’éducation dans les districts et 20 membres de la communauté.