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Internationale de l'Education
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Le syndicat d’enseignants burundais enquête sur le soutien aux enseignants atteints du VIH

Publié 8 juin 2010 Mis à jour 8 juin 2010

Le syndicat burundais STEB souhaite vivement voir une campagne nationale en réponse au VIH et au SIDA mise en place. Plus spécifiquement, en rapport avec le secteur de l’éducation, le syndicat pense que des stratégies coordonnées pourraient permettre aux enseignants vivant avec le VIH de contribuer, via « leur expertise professionnelle et leur expérience personnelle », à amortir l’impact sur la qualité de l’éducation. Le syndicat, qui soutient le Ministère de l’Education dans l’apport d’une éducation de qualité, a lancé une étude recensant les enseignants atteints par le VIH et enquêtant sur leur rôle en matière d’éducation.

Des conclusions utiles ont été tirées de l’enquête du STEB « Quel soutien pour les enseignants vivant avec le VIH ? », menée auprès de 416 enseignants et administrateurs du secteur éducatif. Plus des trois-quarts des personnes interrogées ont affirmé connaître sur leur lieu de travail des enseignants atteints par le VIH. Moins d’une personne sur cinq pense qu’aucun de ses collègues n’est affecté par le virus. Les individus sondés ont à plusieurs reprises fait part de leur inquiétude quant à la manière dont le droit à la confidentialité est géré sur le lieu de travail. Dix-sept d’entre eux ont tout de même découvert la séropositivité de leurs collègues de façon ouverte et volontaire. Le plus souvent, celle-ci a été révélée de manière non officielle par l’intermédiaire d’un tiers, entraînant stigmatisation et désinformation.

Promouvoir le dépistage volontaire semble être un besoin urgent, dès lors que plus de 50 % des répondants ont indiqué n’avoir jamais subi de test. Nombre de dépistages ont été menés consécutivement à une longue maladie ou parce que certains religieux l’exigeaient dans le cadre des démarches de mariage. Très peu d’enseignants ont choisi de se soumettre au test de leur propre initiative.

Tous les participants pensent qu’il est « très important » de connaître sa séropositivité, précisant que les obstacles peuvent être de nature pratique plutôt que psychologique. Nombre d’entre eux se montrent favorables à l’introduction de tests volontaires sur le campus dans une perspective de démystification et déstigmatisation du dépistage, et estiment que des efforts plus intenses sont requis afin que des traitements et soins abordables soient proposés au niveau local.

Si, en théorie, les participants ont estimé qu’il valait mieux se montrer ouvert quant à son statut de séropositif , ils ont néanmoins fait état des difficultés rencontrées par les enseignants qui avaient révélé leur séropositivité. Celles-ci incluaient notamment une perte de crédibilité auprès des étudiants, collègues et parents, les amenant parfois à changer de métier.

Fournir un meilleur soutien aux enseignants atteints par le VIH constitue également un besoin urgent afin de leur permettre de bien travailler, puisque les trois-quarts d’entre eux ne connaissent aucun des systèmes d’assistance mis en place par l’administration scolaire. Beaucoup pensent que cela est imputable soit à l’ignorance des besoins des individus atteints par le virus, soit à l’ignorance de la présence de collègues infectés.

Les participants ont convenu de l’urgence d’instaurer un soutien moral, matériel et financier en établissant un service national de soutien à l’attention des enseignants atteints par le VIH.

Via l’enquête menée, le STEB arrive à la conclusion que « l’absence de toute politique ou organisation veillant aux besoins des enseignants infectés par le VIH prive ces derniers et met en question les efforts du gouvernement visant la réalisation des objectifs de l’Education pour Tous ». Le syndicat soutient que l’absence de statistiques due au phénomène d’ignorance des enseignants atteints par le VIH pourrait exercer un impact énorme sur le système éducatif. Seul le fait d’en savoir plus au sujet de ces derniers peut permettre de répondre réellement à leurs besoins.