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Internationale de l'Education
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Les enseignant(e)s réfugié(e)s menacé(e)s de perdre leurs droits fondamentaux

Publié 9 février 2016 Mis à jour 12 février 2016

Alors que les migrant(e)s continuent de pâtir – au péril de leur vie – des conséquences dramatiques de la crise des réfugié(e)s, la mise en place de mesures ne leur donnant pas accès aux conditions de travail nationales, telles qu'une rémunération inférieure au salaire minimum, les repousse toujours plus dans l'ostracisation.

L'Internationale de l'Education (IE) se joint à la Confédération syndicale internationale (CSI) afin d'exhorter les dirigeant(e)s internationaux/ales à cesser de promouvoir des politiques d’exclusion qui portent atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs/euses réfugié(e)s, mais au contraire, à créer des opportunités leur permettant de s'insérer de façon équitable sur le marché du travail.

L’exclusion au nom de l'intégration

La Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a présenté la recommandation intitulée « The Refugee Surge in Europe, Economic Challenges» (L’afflux des réfugiés, un défi économique pour l’Europe) lors du Forum économique mondial (FEM) de Davos, en Suisse. Le texte recommande la mise en œuvre de « dérogations temporaires et limitées au salaire minimum pour les réfugié(e)s » – une proposition vivement rejetée par la Confédération syndicale internationale ainsi que par d’autres fédérations syndicales internationales, telles que l’IE.

« Axé sur la dimension économique du défi que représentent les réfugié(e)s pour l’Europe », ce rapport de 50 pages précise tout d’abord que « le potentiel des réfugiés peut être mis à profit pour le bénéfice de tous », tout en suggérant par la suite qu’il est nécessaire d'intégrer rapidement les migrant(e)s au sein de l’économie, par le biais du marché du travail et d’un système à deux niveaux reposant sur des conditions de travail différentes.

Dans une communication, la Confédération syndicale internationale met en garde le FMI en rappelant que l’instauration d’un traitement salarial différencié « basé uniquement sur le statut migratoire des travailleurs/euses est discriminatoire, va à l’encontre du droit international et n'est pas saine sur le plan économique ». Le Secrétaire général de l’Internationale de l'Education, Fred van Leeuwen, partage les préoccupations exprimées par la CSI selon lesquelles toute recommandation suggérant une inégalité de traitement à l’égard des réfugié(e)s « viendrait légitimer la conception selon laquelle les populations réfugiées ne sont pas dignes de faire partie des communautés qui les accueillent, et accroître l’inquiétude des travailleurs à faibles revenus (...), qui craignent que la concurrence accrue pour les emplois déjà rares mette en péril leur avenir et celui de leur famille.  Pourtant, aucune de ces hypothèses ne corrobore les recommandations constructives que le FMI prétend vouloir promouvoir. »

L’Organisation internationale du Travail tire la sonnette d’alarme au regard des conséquences dramatiques sur les plans social et politique

Sur son site Web dédié à la crise des réfugié(e)s syrien(ne)s, l’Organisation internationale du Travail (OIT) la décrit comme « l'une des plus importantes et des plus longues catastrophes humanitaires de notre époque ». Elle accentue la pression exercée sur les communautés d’accueil, notamment parce qu’elle:

-       entraîne une augmentation de la main-d'œuvre qui génère une concurrence accrue sur le marché du travail et pousse à la baisse des salaires;

-       réduit l’accès aux soins de santé publics et à l’éducation, tout en diminuant leur qualité;

-       entraîne une hausse du travail des enfants parmi les réfugié(e)s et les communautés d’accueil, notamment des pires formes de travail des enfants.

Dans le cadre de la réponse globale apportée par l’ONU à cette crise, l’OIT a adopté une stratégie orientée sur le développement et sur l’emploi, destinée à venir en aide aux communautés d’accueil et aux réfugié(e)s. Cette approche vise à garantir et à renforcer la stabilité économique et sociale dans les pays voisins touchés par cette crise (la Jordanie, le Liban, la Turquie et l'Égypte) en menant à bien des projets pour un montant total de près de 22 millions de dollars. Cliquez ici pourconsulter ce document dans son intégralité.

Dans un entretien, Guy Ryder, le Directeur général de l’OIT, est revenu sur la situation des travailleurs/euses réfugié(e)s syrien(ne)s en insistant sur le fait qu’il est possible de concilier les intérêts des travailleurs/euses locaux/ales avec ceux des réfugié(e)s. Il rappelle que 90 pour cent des personnes qui ont fui vers la Jordanie vivent dans la pauvreté et qu’il est désormais urgent de trouver des voies légales pour les faire entrer sur les marchés locaux du travail.