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Internationale de l'Education
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Travailler sous le feu : les enseignant(e)s en Somalie

Publié 7 juin 2006 Mis à jour 7 juin 2006

Le document suivant est un article envoyé l’IE par M. Abdurahman Hassan Warsame, vice-président du Somalia National Union of Teachers (SNUT), un syndicat ayant effecué une demande d’affiliation auprès de l’IE. L’IE ne dispose à l’heure actuelle d’aucun affilié dans ce pays meurtri par la guerre.

L’éducation a toujours fait partie intégrante de la vie en Somalie. Au cours de la période pré-coloniale, les enfants recevaient une éducation religieuse qui consistait en un apprentissage par cœur du Coran, le livre saint de l’Islam, ainsi qu’à étudier les principes de base de la religion islamique. L’éducation se déroulait dans un « dugsi », c’est-à-dire un « abris », en Somalie.

Après l’indépendance en 1960, de nombreuses écoles modernes ont ouvert leurs portes à travers tout le pays. Les élèves pouvaient étudier diverses matières académiques. Malheureusement, l’expansion de l’éducation dans le pays ne fut pas accompagnée d’une progression en regard des droits des enseignants ou de la création de syndicats d’enseignants, puisque le gouvernement post-colonial considérait la liberté d’association comme une menace à son existence même. Pendant la période d’oppression, personne n’osa plaider en faveur des droits des enseignants. Les enseignants furent arrêtés et parfois même torturés pour avoir tenu des propos politiques ou académiques qui ne s’inscrivaient pas dans la lignée des pensées du régime autoritaire. En 1991, avec la chute du gouvernement central de Somalie, toute l’activité éducative fut interrompue. Certaines écoles furent détruites lors de la bataille entre factions qui suivit la chute du régime militaire. D’autres devinrent la résidence de squatteurs ou de sans domicile. Les enseignants et leurs familles souffrirent alors de l’étendue du chômage.

Alors que la guerre civile se poursuivait, l’éducation devint une priorité moindre pour les personnes vivant à la merci de cruels seigneurs de la guerre, de la famine croissante et de la sécheresse chronique. De nos jours, être enseignant constitue un réel défi dans un pays déchiré par la guerre tel que la Somalie. Dangereux serait un mot plus adéquat, car les enseignants travaillent littéralement sous les feux. Les violences font chaque jour des victimes parmi les rangs des enseignants. A l’heure où j’écris cet article, les conflits ont repris à Mogadishu, la capitale. Six enseignants et onze élèves ont soit péri ou été grièvement blessés au cours de la dernière vague de violence. Les écoles ont été fermées pendant des semaines et ce, en plein milieu des examens de fin d’année.

C’est en réponse à cette situation que le Somalia National Union of Teachers (SNUT) fut créé en tant qu’organisation non gouvernementale, à but non lucratif et non politique, afin d’aider les enseignants en cette période difficile. Le SNUT s’efforce de promouvoir les droits des enseignants, ainsi que la qualité de l’éducation en Somalie, et est préparé à travailler avec toutes les parties concernée, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale.

Le SNUT œuvre dans les domaines suivants :

  • La promotion des droits des enseignants, particulièrement dans les circonstances difficiles que l’on connaît aujourd’hui, et dans lesquelles ces droits sont constamment violés par les employeurs qui peuvent licencier des enseignants à tout moment, sans justification et sans indemnité.
  • La promotion de l’égalité des chances pour les femmes-enseignantes, qui ne représentent à présent que 1% de l’ensemble des enseignants, en dépit du fait que 56% de la population du pays soient des femmes. Elles ne sont pas encouragées par la société au sens large du terme, et encore moins par les associations de propriétaires d’écoles.
  • L’assistance aux enseignants ayant des besoins spécifiques. Les enseignants handicapés ne sont pas engagés dans les écoles en dépit de leur talent et de leur savoir.
  • Mise en place d’une stratégie nationale d’éducation. Le SNUT travaillera avec toutes les parties concernées dans le développement d’une stratégie nationale pour l’éducation.

Afin de réaliser tout cela, de même que les autres perspectives et ambitions visant à promouvoir les enseignants et l’éducation dans le pays, le SNUT souhaiterait collaborer avec l’IE et ses organisations membres. Le SNUT considère que l’affiliation à l’IE viendra non seulement remonter le moral des enseignants somaliens, et leur conférera également la crédibilité et l’autorité leur permettant de défendre les droits des enseignants dans toute la Somalie. Le SNUT souhaite échanger les opinions et les expériences avec les autres organisations sœurs.