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Internationale de l'Education
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Commentaires de l’Internationale de l’Education concernant le Rapport 2006 de l’OIT sur le travail des enfants : « La fin du travail des enfants : un objectif à notre portée »

Publié 16 mai 2006 Mis à jour 16 mai 2006

« La fin du travail des enfants : un objectif à notre portée » est le second rapport publié par l’OIT depuis 2002, dans le cadre des Principes et droits fondamentaux au travail. L’objectif de ce rapport est d’analyser les progrès réalisés sur la question du travail des enfants au cours des quatre dernières années et de souligner le plan d’action futur de l’OIT, pour mettre un terme à cette problématique. Ce rapport est favorablement accueilli par l’IE, qui le considère comme une contribution notable à l’ensemble des efforts consentis pour lutter contre le travail des enfants dans le monde.

Commentaires généraux:

Comparé au rapport intitulé: « Un avenir sans travail des enfants », publié en 2002 par l’OIT, ce nouveau rapport est davantage axé sur les solutions envisageables pour combattre le travail des enfants que sur la seule description de ce fléau. Il compare des données dans le temps et fournit une analyse sur l’ampleur et la portée de la question du travail des enfants, à l’échelle internationale.

Le rapport propose un cadre d’orientation, des stratégies et des mesures concrètes en faveur de l’éradication du travail des enfants et considère l’éducation et les partenariats mondiaux comme deux pivots déterminants de ce combat. L’Internationale de l’Education souhaite être impliquée dans ces deux axes et apporter ses compétences et son expertise en la matière.

L’importance de l’éducation pour combattre le travail des enfants est à maintes fois évoquée dans le rapport. Pour l’IE, ce point est capital car il rejoint sa propre Vmapproche en matière de lutte contre le travail des enfants. En outre, une telle mise en relief de l’éducation encourage une coopération entre personnes impliquées dans ce combat et travailleurs de l’éducation ainsi qu’en termes d’actions à entreprendre dans ces deux domaines. Les stratégies de réduction de la pauvreté, les Objectifs du millénaire pour le développement et l’initiative en faveur de l’Education pour tous (EPT) représentent des cadres d’actions essentiels au sein desquels des stratégies intégrant l’éducation, doivent être élaborées en vue d’éradiquer le travail des enfants.

Le lien entre le travail des enfants, l’Education pour tous et le VIH/SIDA est mis en exergue comme une question émergente pour l’avenir. L’IE soutient la décision de l’OIT d’accorder une place prioritaire à cette question dans les prochaines années.

D’un point de vue géographique, l’accent se porte essentiellement sur le continent africain où sont concentrés les taux les plus élevés d’enfants au travail. Ce point est particulièrement pertinent pour l’Internationale de l’Education car plus de 25 de ses organisations affiliées mettent actuellement en œuvre un programme EPT/SIDA dans près de 20 pays.

Le rapport pose l’ambitieux objectif d’éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici 2016 et il exhorte à mettre en place à l’échelle internationale, des mesures appropriées assorties de délais d’ici 2008. Ceci représente une ouverture en vue d’une plus étroite collaboration entre l’OIT et les acteurs clés dans ce domaine, dont l’IE fait partie. Toutefois, l’IE insiste sur le fait qu’il ne serait pas approprié de se concentrer uniquement sur les pires formes de travail des enfants. Il est nécessaire d’avoir recours à une approche plus globale qui mettrait l’accent sur la prévention du travail des enfants et sur leur maintient dans le système scolaire.

Le rôle central des organisations de travailleurs

Le rapport reconnaît le rôle décisif des syndicats dans la lutte contre le travail des enfants. “Les syndicats sont un des moteurs de la lutte contre le travail des enfants. Ils mobilisent et organisent les travailleurs autour de ce thème. » Les organisations syndicales «ont fait œuvre de pionnières pour promouvoir les normes internationales du travail y compris l’interdiction du travail des enfants »

Toutefois, les activités concrètes engagées par l’OIT en collaboration avec les organisations syndicales restent moindres comparées à celles mises en œuvre en partenariat avec des organisations d’employeurs, comme le Programme pour le secteur de l’agriculture commerciale. Il reste donc bien une marge de manœuvre à explorer, en vue de consolider les relations de travail avec le mouvement syndical, y compris le secteur de l’éducation. . Le rapport met en lumière le rôle significatif de l’IE au sein du mouvement mondial de lutte contre le travail des enfants. Pourtant, l’IE y est essentiellement citée pour son implication dans la promotion de l’Education pour tous. Le travail de l’IE en matière de défense et de promotion des droits des enseignants mériterait aussi d’être souligné. L’IE représente plus de 33 millions d’enseignants qui occupent des postes clés dans un environnement propice pour lutter contre le travail des enfants. Le rôle des enseignants s’étend de la prévention à la surveillance du travail des enfants. Ils sont aussi présents pour pousser les réformes gouvernementales en faveur de ce combat ou engager des actions de plaidoyer à l’échelle nationale et internationale.

Education et travail des enfants

L’importance de l’éducation Le rapport souligne à maintes reprises le rôle déterminant de l’éducation pour mettre un terme au travail des enfants. Cet aspect est analysé sous différents angles et appuyé par des exemples spécifiques. L’éducation est généralement considérée comme un outil fondamental dans l’éradication du travail des enfants.

L’éducation intégrée dans les OMD L’élimination du travail des enfants et la réduction de la pauvreté par le biais du développement social et économique, sont indissociables. Les liens entre le travail des enfants et les OMD sont divers et parfois directs, notamment concernant la réduction de la pauvreté (OMD1) et l’Education pour tous (OMD 2).

Education pour tous Il existe une reconnaissance avérée du lien entre l’élimination du travail des enfants et l’EPT. Le rapport souligne que «c’est peut-être dans la reconnaissance du lien qui existe entre l’élimination du travail des enfants et l’Education pour tous (EPT) que les plus grands progrès ont été accomplis»

Une équipe spéciale sur le travail des enfants et l’éducation a été créée (impliquant l’OIT, l’UNESCO, l’UNICEF, la Banque mondiale et la Marche mondiale contre le travail des enfants). Le PNUD et l’IE en feront bientôt partie.

Le rapport fait ressortir que les progrès pour atteindre les objectifs de l’EPT sont moindres et qu’aucune action spécifique dans ce domaine n’a été engagée par l’OIT. L’IE souhaite souligner les multiples efforts consentis pour atteindre l’Education pour tous. Les syndicats d’enseignants ont indiqué que l’EPT constitue pour eux un défi majeur pour les années à venir et qu’ils sont prêts à inclure la lutte contre le travail des enfants, dans leur cadre d’action. Il s’agit là d’une parfaite opportunité pour l’IE de coopérer à l’échelle internationale avec l’OIT-IPEC et d’impliquer ses affiliés à la tête de cette problématique.

L’EPT comme outil pour prévenir le travail des enfants et les maintenir scolarisés

Le rapport souligne qu’une éducation gratuite, obligatoire et de qualité joue un rôle décisif dans la prévention du travail des enfants, que le travail des enfants est l’un des principaux obstacles à leur scolarisation à plein temps et que même lorsqu’ils travaillent à temps partiel, les enfants ne peuvent tirer pleinement parti du temps passé à l’école.

Dans ce contexte, il devrait exister une cohésion entre l’EPT et les efforts consentis dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants. Intégrer la question du travail des enfants dans les activités EPT de l’IE, est selon nous une stratégie qu’il convient éminemment de poursuivre.

Education et intégration des sexospécifités Ce rapport intègre également la perspective de genre dans son analyse des questions en lien avec l’éducation et le travail des enfants. Il fournit des données différenciées par sexe et prend en considération des éléments clés pour promouvoir la scolarisation des filles. Le rapport souligne toutefois que les progrès réalisés en ce sens sont moindres. L’IE pourrait donc apporter son soutien dans ce domaine.

Qualité et éducation non formelle (ENF) comme outil contre le travail des enfants Le rapport formule un certain nombre d’observations pertinentes – et positives selon l’IE – sur le rôle de l’éducation non formelle (ENF). Il stipule que « trop souvent l’ENF a été un enseignement de deuxième ordre destiné à des enfants relégués au second plan ou au pire un système parallèle au système officiel ou en concurrence avec ce dernier. Il est temps de procéder à une évaluation systématique afin de déterminer si l’on n’a pas trop misé sur l’éducation non formelle pour lutter contre le travail des enfants ». L’IE partage cette opinion. En outre, trop d’ONG se sont penchées sur cette question, pleines de bonnes intentions mais sans réellement y apporter de solutions viables. Toutefois, le secteur formel pourrait tirer quelques leçons de certains des points évoqués.

L’initiative Bolsa Escola Le rapport indique que l’initiative « Bolsa Escola » a été adaptée aux spécificités de chaque pays, essentiellement en Amérique Latine et qu’elle a permis de mettre en place des mécanismes (MISA) visant à garantir un revenu minimum aux ménages qui acceptent de scolariser leurs enfants. En dépit du succès initial remporté par cette initiative et des multiples évaluations positives collectées, il semble que les mécanismes de MISA soient « inefficaces lorsque le nombre d’établissements scolaires est insuffisant pour faire face à la demande croissante de scolarisation », du fait qu’ils ne prennent en compte que l’angle de la demande. En outre, la viabilité financière de ces mécanismes ne s’appliquant pas à tous les pays, ils doivent être considérés comme un outil pertinent, uniquement dans un contexte d’éradication de la pauvreté.

Exemples de pays où l’éducation a joué un rôle déterminant dans la diminution du travail des enfants

Le rapport cite quelques exemples de pays où l’accent mis sur l’éducation a eu une influence directe et positive sur la diminution du travail des enfants. Selon l’IE, d’autres pays devraient suivre l’exemple des pays tels que la Malaisie, la Thaïlande, la Turquie et la Chine mentionnés dans le rapport.

VIH/SIDA Le rapport aborde l’EPT et le SIDA comme des obstacles majeurs à l’éradication du travail des enfants et au développement, à l’échelle internationale. Il s’agit là pour l’IE d’une opportunité évidente d’apporter son soutien et d’intervenir sur ces questions. Il serait particulièrement pertinent de créer une synergie entre le programme EPT-VIH/SIDA actuellement mis en œuvre par l’IE et les questions à l’ordre du jour concernant le travail des enfants. Le développement d’actions en ce sens devrait être approfondi.

Recherche Le rapport évoque les résultats de l’étude menée au Brésil, au Kenya, au Liban, au Sri-Lanka et en Turquie qui analyse les différences existant sur divers points d’ordre éducatif, entre les enfants au travail et ceux qui ne travaillent pas. Ce genre d’études est extrêmement pertinent car il favorise l’analyse détaillée des données. Il permet également d’identifier les besoins réels et les actions à mettre en œuvre en faveur des enfants qui travaillent. Les études sur l’éducation comme celle-ci constituent des ressources particulièrement utiles pour l’IE et ses affiliés. Ainsi, grâce au soutien de l’IE et de ses réseaux, le recours à ce mode de recherche ciblée, pourrait être plus largement étendu.

Partenariats mondiaux La nécessité de créer des partenariats mondiaux pour éradiquer le travail des enfants apparaît comme une évidence sans appel. L’équipe spéciale sur le travail des enfants et l’éducation en est un exemple. L’IE doit être un partenaire incontournable tant pour les actions de plaidoyer qu’au niveau opérationnel. L’IE est prête à s’impliquer pleinement dans ces partenariats.

Le rôle des enseignants Le statut des enseignants en tant que travailleurs, est également évoqué dans le rapport. « Il convient de ne pas oublier que les enseignants ont aussi des droits professionnels et jouent un rôle décisif dans l’amélioration du système éducatif. Il convient donc de tenir compte de leur point de vue et du rôle important que leurs organisations peuvent jouer pour l’instauration de l’Education pour tous et l’élimination du travail des enfants ».

Le rapport souligne l’importance de promouvoir la participation des enfants dans ce combat. « Les enseignants organisent désormais des débats en classe sur le travail des enfants et aident à identifier les enfants dont la performance scolaire souffre du nombre d’heures passées à travailler en hors de l’école ». Le rôle des enseignants dans ce domaine est déterminant et présente de grandes perspectives de développement. D’une manière générale, la possible collaboration entre l’lE et l’OIT, ne devrait pas être uniquement perçue comme une simple participation de l’IE aux efforts engagés pour éradiquer le travail des enfants. Cette démarche peut aussi être considérée comme une étroite collaboration avec l’ILO en vue de promouvoir le statut des enseignants en tant qu’acteurs incontournables dans la lutte contre la pauvreté.

Dispositifs de surveillance du travail des enfants et enseignants Il s’agit là d’une opportunité supplémentaire et particulièrement appropriée pour l’IE de travailler en collaboration avec l’OIT-IPEC. Comme le souligne le rapport, il existe des exemples concrets illustrant le rôle décisif des enseignants dans le cadre de la surveillance du travail des enfants (comme les projets concernant les secteur agricole et celui du café). Les enseignants sont des acteurs incontournables en matière de surveillance du travail des enfants, en particulier dans un contexte de « suivi à l’échelle locale ». Ce domaine d’action devrait faire l’objet d’un développement plus approfondi.

Conclusions:

  • Selon l’IE, ce rapport représente une avancée importante. Il évoque l’espoir d’un avenir sans le poids du fléau du travail des enfants.
  • Le rapport sert de plateforme pour la mise en œuvre d’une action coopérative.
  • L’IE souhaite être impliquée et accueille chaleureusement l’approche positive de l’OIT
  • L’éducation est un outil fondamental dans la prévention du travail des enfants. L’IE et ses affiliés mettent l’accent sur les points suivants:
  • Une éducation de qualité ne peut être réalisée que par des enseignants soutenus et ayant reçu une formation initiale adéquate ;
  • L’éducation doit être gratuite de façon à être accessible à tous les enfants ;
  • L’éducation est un service public et ne doit par conséquent pas être livrée à des entreprises privées ou servir des intérêts privés.