Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

France : Main basse sur l’école publique

Publié 19 janvier 2009 Mis à jour 19 janvier 2009

Le titre de l’ouvrage récent écrit Eddy Khali et Muriel Fitoussi est inquiétant pour l’enseignement public de qualité, libre et gratuit en France.

Cette enquête éclaire sous un jour nouveau la déclaration du Ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, qui a suscité une levée de bouclier dans les rangs des éducateurs de la petite enfance. Le ministre s’est publiquement demandé « s'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l'Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? ».

Il a montré par là même sa méconnaissance et son dédain pour les fonctionnaires dont il a la charge. Or le livre indique le Ministre est lié au Créateurs d’écoles, qui lui servent de boîte à idées. Ce groupe était composé de hauts fonctionnaires du service public de l’Education nationale, « déterminés à lancer leurs idées à l’assaut de la citadelle Education ».

Le livre démontre également l’agenda poursuivi par une coalition d’intérêts entre les tenants de la privatisation de l’éducation, et les milieux religieux, catholiques principalement. A savoir : plus de financement public apporté aux écoles privées par la mise en place de chèques-éducation ; promotion du choix de l’établissement scolaire, principalement des internats catholiques ; remise en question de la mixité et de la laïcité à l’école, suppression de la carte scolaire et des Instituts de formation des maîtres, révision des contenus du primaire, entre autres.

Et ce, avec le soutien de recteurs et du gouvernement.

Selon les auteurs, « les intentions dissimulées et les actes du gouvernement visent à la remise en question du service public d’éducation et, à terme, à sa privatisation. Ce livre a pour objet d’alimenter un débat essentiel pour la société et son devenir, d’engager tous les citoyens à s’en saisir et particulièrement les parents d’élèves, les enseignants et les éducateurs, pour préserver et enrichir le vivre ensemble, ‘caractère propre’ d’une école publique laïque, réellement ouverte à toutes et à tous ».

Les auteurs partagent clairement les mêmes préoccupations que les délégués au 5ème Congrès mondial de l’IE qui a adopté une résolution notant que « les attaques sur la qualité de l'éducation publique sont utilisées par ceux qui cherchent à promouvoir la privatisation de l'éducation publique afin de diminuer la confiance du public en l'éducation publique et de justifier les diminutions des investissements publics ». Les délégués ont également voté le soutien aux « syndicats affiliés dans leur lutte contre l'influence croissante du rôle des religions à l'école ».

Cet article a été publié dans Mondes de l'Éducation, No. 28, décembre 2008.