Ei-iE

Swaziland: décision anticonstitutionnelle de supprimer l’enseignement primaire gratuit

Publié 26 septembre 2017 Mis à jour 27 septembre 2017

La Swaziland National Association of Teachers a condamné la décision du gouvernement d’introduire des frais de scolarité, une tendance totalement contraire à la Constitution du pays, qui affirme que l’enseignement primaire est un droit.

Le gouvernement du Swaziland a approuvé une circulaire autorisant le ministère de l’Education et de la Formation à imposer des frais de scolarité supplémentaires, mettant ainsi effectivement fin à l’enseignement primaire gratuit dans le pays.

Selon le syndicat, cette décision est contraire à la Constitution du pays, qui affirme que « chaque enfant swazi a le droit, dans les trois années qui suivent l’entrée en vigueur de la présente Constitution [2005], à une éducation gratuite dans des écoles publiques au moins jusqu’à la fin de l’école primaire, en commençant par la première année ».

Soutien financier

Le gouvernement du Swaziland contribue chaque année à hauteur de 580 euros à l’éducation de chaque enfant, une subvention soutenue par l’Union européenne (UE). Les chefs d’établissement ont toutefois déjà commencé à se plaindre que le financement qu’ils recevaient était inadéquat.

L’UE a commencé à financer l’enseignement primaire gratuit pour les enfants de première année en 2011 et a dépensé 110 millions d’euros entre cette date et décembre 2016. En 2015, elle aurait parrainé 34 012 étudiant(e)s dans 591 écoles. Elle envisage de continuer à payer ces frais de scolarité jusqu’à fin 2018.

En février 2017, toutefois, alors que le budget national n’allouait à l’éducation qu’une enveloppe de 3,5 milliards d’euros, les forces de sécurité du pays ont, quant à elles, reçu une dotation de 2,7 milliards d’euros, soit 12,4 pour cent du budget total du Swaziland (21,7 milliards d’euros).

Des droits de scolarité complémentaires inutiles

Le Secrétaire général de la Swaziland National Association of Teachers(SNAT), Zwelithini Mndzebele, a fermement critiqué la décision du gouvernement de mettre effectivement un terme à l’enseignement primaire gratuit. Il a déclaré que les droits de scolarité complémentaires au niveau du primaire n’étaient pas nécessaires, étant donné que l'enseignement élémentaire est un droit de la personne consacré par la Constitution du Swaziland.

« Le gouvernement est tenu d’offrir un enseignement primaire gratuit, sans possibilité d’imposer des frais supplémentaires, parce que cela affecte les parents », a-t-il souligné.

Il a ensuite pressé le gouvernement d’augmenter la subvention à l’enseignement primaire gratuit plutôt que de chercher une « solution facile ».

Recommandations

Il a également appelé le gouvernement à tenir compte des recommandations de la commission mise en place pour examiner la question des droits de scolarité complémentaires. Dans ses recommandations, la commission indiquait que les droits de scolarité complémentaires expliquent pourquoi de nombreux enfants swazis sont scolarisés en Afrique du Sud.  Mndzebele a souligné que les chefs d’établissement et les comités scolaires avaient déjà fait part de leur inquiétude concernant le fait que le financement insuffisant des écoles avait porté atteinte à la qualité de l’enseignement.

Il a également déclaré qu’il était regrettable que le gouvernement ait déjà abrogé l’offre d’un enseignement primaire gratuit pour tous garanti par la Constitution nationale en limitant d’abord l’éducation gratuite aux orphelins et en réintroduisant maintenant des frais de scolarité.