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Brésil: résistance syndicale face aux attaques sur l’éducation

Publié 13 juillet 2018 Mis à jour 31 juillet 2018

La Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação est parvenue à retarder le vote d’un projet de loi au Parlement Brésilien dont l’objectif est d’interdire l’expression de toute idée politique, idéologique ou partisane dans les salles de classe.

Grâce à une mobilisation massive, la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação(CNTE) a pu empêcher le vote suite à l’opinion du rapporteur Flavinho sur les propositions du projet de loi PL 7.180/2014, visant à créer « l’école sans un parti », également connue sous le nom de « la Loi bâillon.»

Le 11 juillet, une session du Comité spécial de la Commission sur l’Education de la Chambre brésilienne des députés où protestaient des député(e)s de l’opposition, des enseignant(e)s et des universitaires a été reportée mais aucune date n’a été fixée pour reprendre le débat.

Le projet de loi prévoit que des salles de classe et des endroits spécifiques dans les établissements éducatifs soient réservés à des affiches énonçant les six tâches des enseignant(e)s, parmi lesquelles figure l'interdiction qui leur est faite de coopter des étudiant(e)s pour des organisations politiques, idéologiques ou militantes.

CNTE: replonger l’éducation dans l’âge des ténèbres

« Les mobilisations vont se poursuivre pour combattre cette proposition. La proposition de « l'école sans un  parti » est anticonstitutionnelle et ramène l’éducation à l’âge des ténèbres, » a critiqué  Fatima Silva, Secrétaire Générale de la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação(CNTE) lors d’une manifestation.

Dans une note publique diffusée le 3 mars(en portugais), la CNTE s’oppose fermement à ce projet de loi, car elle considère qu’il est basé sur des concepts, des critères politiques, sociaux et pédagogiques diamétralement opposés à ceux inscrits dans la Constitution fédérale du Brésil et dans la loi sur les directives et les fondements de l’Education Nationale (Loi 9.394/1996) qui reconnaît la gestion démocratique ainsi que le pluralisme des idées pédagogiques et des conceptions comme étant les piliers de l’éducation formelle au Brésil.

Antécédents

En outre, la « Loi bâillon », préconise d’abandonner des matières liées au « genre » ou à l’ « orientation sexuelle » et entraine des conséquences directes sur la pédagogie et les manuels pédagogiques, sur les évaluations et les examens d’entrée aux universités et aux établissements d’enseignement supérieur. Cela comprend également la supervision des stages de formation des enseignant(e)s avec un système de gestion des plaintes ainsi que la notion que les valeurs familiales doivent prévaloir sur l’éducation scolaire morale, sexuelle et religieuse.

Les premiers projets de loi concernaient l’« école sans un parti » ont été présentés à la chambre des député(e)s en 2014-2015. En octobre 2016, une commission spéciale a été créée pour analyser le projet de loi, directement ou indirectement en considérant cette question. C’est cette commission spéciale qui a vu son action retardée.